Metro-Goldwyn-Mayer
« LE SOLEIL VERT, C’EST spoiler: DE LA CHAIR HUMAINE. »
– DÉTECTIVE THORN, SOLEIL VERT
spoiler: “it’s people. soylent green is made out of people.”
On pourrait considérer cette révélation du moment clé de Soleil vert comme un spoiler, mais il se trouve qu’elle a déjà été gravée de manière indélébile dans la conscience collective par une parodie hilarante de Phil Hartman dans le Saturday Night Live, à la fin des années quatre-vingts. Lorsque le détective Thorn, incarné par Charlton Heston, fait cette terrible déclaration à la fin du film Soleil vert (1973), les implications de ce qu’il a découvert apparaissent alors clairement. Dans un monde doublement frappé par une raréfaction croissante des ressources et une augmentation constante de sa population, les corps des personnes récemment décédées sont utilisés comme matière première pour produire l’aliment de synthèse servi aux citoyens. Cette réalité est un mal nécessaire pour que le monde continue sur sa trajectoire comme si de rien n’était, sans se soucier des conséquences de ses modes de consommation. Expression ultime de la dystopie paranoïaque, ce film est proprement terrifiant dans la mesure où ce qu’il dépeint n’est pas très éloigné des temps que nous vivons actuellement. Inutile pour autant de scruter avec méfiance les chips que vous vous apprêtiez à enfourner, au cas où elles se révéleraient être les restes de votre meilleur pote. Pour autant, cela vaut peut-être la peine de s’interroger : informés comme nous le sommes de l’exploitation d’enfants dans des ateliers ou de migrants soumis à d’épouvantables conditions, les niveaux de vie et de confort qui nous paraissent naturels ne sont-ils pas fondés sur une déshumanisation du système ? Tout ça, c’est de la "chair humaine".
