La place des femmes aux César ?

OLIVIER BORDE / BESTIMAGE

Marc Zinga, nommé au César du Meilleur Espoir Masculin pour "Qu'Allah bénisse La France" d'Abd Al Malik

C’est la question de l’exclusion, c’est très particulier. Je pense que les personnes qui font partie d’une corporation qui est considérée comme exclue par le plus grand nombre, peu importe le domaine, gagnent à se détacher de l’émotivité que peut représenter ce combat. Oublier le côté revanchard et travailler dans un rapport d’excellence, je crois que cela paie car on est obligé de juger sur pièce. La qualité se détache. Et quand bien même dans un premier temps on est brimé ou censuré ou qu’on n’obtient pas la visibilité qu’on devrait obtenir, je pense qu’on devrait tirer sa force de cela. S’en plaindre malheureusement ne résoudra pas le problème. Dire au méchant qu’il est méchant ne l’empêchera pas de l’être. Il faut dépasser cette problématique-là.

Pierre Niney, nommé au César du Meilleur acteur pour "Yves Saint Laurent"

J’entends complètement ce débat, j’ai l’espoir que cela évolue naturellement comme on le vit avec la comédie. Il faut qu’il y ait une progression dans ce sens-là.

Adèle Haenel, nommée au César de la Meilleure actrice pour "Les Combattants"

Ce n’est pas aux femmes de gueuler mais aux hommes de dire quelque chose. Moi j’ai une catégorie créée spécialement pour moi, heureusement. Il faut juste qu’on arrête de croire que tout va bien. Quand on me dit "Attends, il y a quand même une réalisatrice nommée sur cinq !" : oui donc cela veut dire que les quatre autres sont des gars. Ça me gave. Mais il faut arrêter de penser que le féminisme est un problème de femmes. C’est un problème de société. Comme celui des salaires. Si on ne le regarde pas, c’est qu’on ne veut pas le voir.

Adèle Haenel lauréate du César du Meilleur second rôle en 2014