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    Amanda Knox : "On voulait savoir pourquoi cette affaire a eu une telle résonance dans les médias"
    Chaïma Tounsi-Chaïbdraa
    Chaïma Tounsi-Chaïbdraa
    -Journaliste streaming
    Experte en binge-watching et plateformes de streaming, Chaïma Tounsi s’amuse tous les soirs à zapper sa télécommande sur Netflix, Disney+, Canal+...

    "Amanda Knox", documentaire choc qui revient sur cette passionnante affaire criminelle, est disponible sur Netflix depuis le 30 septembre. Rencontre avec ses deux réalisateurs, Brian McGinn et Rod Blackhurst.

    Vous avez pu avoir accès à Amanda Knox, son petit ami, le procureur… Comment ?

    Brian McGinn : Tout le monde connaît l’affaire Amanda Knox mais pas intimement, toujours à travers un prisme extérieur. Les médias, les gens, ont porté un jugement en se basant sur leur perception de l’affaire. Dès le début nous voulions aller voir les principaux protagonistes pour leur demander de nous raconter LEUR version des faits. C’était la chose la plus importante à nos yeux. Vous savez, tout est une question de confiance. C’était un vrai processus, une véritable relation à construire pour qu’à la fin, ils comprennent que notre souhait était de raconter la vérité dans le documentaire.

    Rod Blackhurst : La plupart des personnes qui ont suivi cette affaire voulait juste savoir si elle était coupable ou innocente, s’il y avait des preuves contre elle etc. Notre but était d’aborder le côté humain de l’affaire. Et c’est un aspect qui a beaucoup plu aux participants de notre documentaire.

    AlloCiné

    Comment s’est passé votre rencontre avec elle ?

    Rod Blackhurst : Après tout ce que l’on a vu et entendu, le piège était de se faire déjà une idée de la personne. Pareil pour le petit ami Raffaele Sollecito ou le procureur Giuliano Mignini. Mais on se rend rapidement compte que ce sont des gens comme vous et moi. C’est quelque chose qui s’est perdu dans le traitement médiatique de l’affaire. Ils en ont fait un show à grand spectacle, du sensationnalisme. A la fin de la journée, ce sont des humains comme vous et moi, qui ont vécu des évènements particuliers. Notre but, c’est qu’à travers le documentaire, les spectateurs ressentent leurs émotions.

    Brian McGinn : Je dirais que ce sont des "stars par accident". Vous savez, la famille de Meredith Kercher [l’étudiante décédée ndlr] n’a jamais voulu de ce battage médiatique, pareil pour le procureur ou Amanda. Toutes les personnes impliquées ont connu un regain de "célébrité" qu’ils n’avaient jamais demandé. C’était intéressant pour nous d’écorcher cette image et de découvrir qui ils étaient vraiment.

    Dans le cas de Making a Murderer, toujours sur Netflix, les spectateurs ont lancé une pétition car ils étaient persuadés que Steven Avery était innocent. Pensez-vous que votre documentaire suscitera les mêmes réactions ?

    Rod Blackhurst : Nous sommes dans une situation où le procès est terminé. Le jury l’a déclarée non coupable en 2015. Nous avons suivi le procès et l’avons utilisé pour offrir un cadre à notre histoire. Nous avons voulu apporter des preuves aux deux conclusions : elle est coupable/elle est innocente. Dans le cas de Making a Murderer, il s’agissait d’une affaire criminelle peu connue. Tout le monde connaît Amanda Knox ou du moins, une partie de l’histoire. Nous ne souhaitions pas faire un documentaire sur la justice, on voulait rester proche de l’humain.

    Netflix

    Vous abordez l’affaire à travers le prisme des médias et la manière dont ils ont relaté le procès. Pourquoi ce choix ?

    Brian McGinn : Quand on voit que tout le monde a son petit avis sur Amanda Knox, on veut savoir comment on en est arrivé là. Nick Pisa, le journaliste que nous avons interviewé, nous a expliqué qu’il y avait eu plusieurs facteurs. Si cette affaire a fait couler autant d’encre, c’est parce que c’était un crime probablement sexuel et passionnel qui concernait deux jeunes femmes. Il y a eu un effet boule de neige. On voulait vraiment savoir pourquoi cette affaire a eu une telle résonnance dans les médias et comment ces derniers ont participé à notre vision de l’affaire. Ce qui est drôle, c’est qu’aucun de ces journalistes ne connaissaient vraiment l’histoire.

    Ce documentaire est un travail de longue haleine, non ?

    Rod Blackhurst : Il nous a demandé cinq années de travail. Nous avons commencé nos recherches en 2011, à l’ouverture du premier procès de Knox et Sollecito. Si ça a pris autant de temps, c’est parce que nous voulions leur donner l’opportunité de s’exprimer sans peur, avec leurs propres mots. Quant à nous, on voulait faire un documentaire de 90 minutes abordable alors même que l’histoire d’origine est complexe. Notre objectif est vraiment de pousser les gens à penser par eux-mêmes, à s’affranchir de leurs préjugés.

    Découvrir Amanda Knox sur Netflix.

    Propos recueillis à Londres le 6 juillet 2016.

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