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    Glacé : le thriller dépaysant de M6 qui ne laisse pas de trace

    M6 se relance dans les séries de prime-time avec le thriller "Glacé", adapté du roman de Bernard Minier, qui promet sang et dépaysement... Découvrez notre avis sur les premiers épisodes et notre rencontre avec Charles Berling.

    Roger ARPAJOU/GAUMONT TELEVISION/M6

    De quoi ça parle ?

    A flanc de montagne, dans les Pyrénées, est découvert le cadavre d’un cheval sans tête accroché à 2000 mètres d’altitude, au sommet d’un téléphérique. Les capitaines Servaz et Ziegler se voient confier cette enquête. A quelques kilomètres de là, dans un centre pénitentiaire de haute sécurité, la jeune psychiatre Diane Berg entame des séances de psychothérapie auprès de Julian Hirtmann un dangereux tueur en série arrêté des années auparavant par le capitaine Servaz... Les destins de ces quatre personnages vont se percuter dans une enquête des plus terrifiantes.

    Avec Charles Berling, Julia Piaton, Pascal Greggory, Nina Meurisse...

    Tous les mardis soirs sur M6

    Une enquête dépaysante à défaut d'être marquante

    Une série française sur M6 qui n'est pas une suite de sketchs ? Non, vous ne revez pas ! Forte du succès durable de ses Scènes de Ménage, la petite chaîne qui a arrêté de monter pour se stabiliser se relance dans l'univers impitoyable des fictions dramatiques de prime-time après les échecs audimatiques et créatifs, il y a quelques années, de ses séries construites autour de stars maison comme Victoire Bonnot, incarnée par Valérie Damidot, ou L'Homme de la Situation avec Stephane Plaza. Récompensée du prix de la "Meilleure Série" lors du dernier Festival de la fiction TV de la Rochelle, Glacé est indéniablement un pas dans la bonne direction, mais probablement pas au point de laisser une trace.

    Dans cette mini-série, adaptée du best-seller de Bernard Minier, les acteurs confirmés Charles Berling et Pascal Greggory sont associés aux jeunes actrices prometteuses Julia Piaton (Qu'est-ce qu'on a fait au bon Dieu, Le secret d'Elise) et Nina Meurisse (Une Vie, Virage Nord) pour une enquête en pleine montagne dépaysante et palpitante, à défaut d'être vraiment percutante et marquante. Qui a déjà vu un polar nordique bien ficelé tel que The Killing ou Bron risque de rester sur sa faim. La série s'inscrit indéniablement dans cette tendance, sans parvenir à lui apporter quoi que ce soit de rafraîchissant. 

    La force de ce thriller en six parties ? Ses paysages brumeux et enneigés magnifiques, son atmosphère pesante, presque suffocante, faisant des Pyrénées un personnage à part-entière, peut-être LE personnage que l'on retiendra de Glacé, celui qui fait dans le fond toute la différence. Le tournage s'est étalé durant trois mois d'hiver, entre Luchon et Comminges, dans la neige et le froid, un véritable défi pour la production et les acteurs, palpable à l'écran.

    Si la série parvient globalement à tenir en haleine et faire froid dans le dos, ce n'est pas vraiment grâce à ses héros caricaturaux, aux contours mal dessinés, qui avaient bien plus d'intérêt dans le roman grâce à des portraits plus approfondis et plus subtils. Non, elle fonctionne, quand elle fonctionne, grâce à son scénario efficace, son sens du suspense et sa bande-originale de qualité. Grâce à sa distribution aussi, qui se démène, parfois en vain, pour apporter du naturel à des dialogues qui en manquent cruellement.

    Si Glacé vous laisse froid, sachez que M6 ne va pas s'arrêter là puisqu'elle proposera d'autres séries en 2017 : le thriller L'Origine du Mal, avec Marie Gillain et Sami Bouajila, ainsi que les comédies de 52 minutes Qu'est-ce qu'on attend pour être heureux et Quadras.

    Roger ARPAJOU/GAUMONT TELEVISION/M6

    L'INTERVIEW DE CHARLES BERLING

    A propos du thriller...

    "Quand j'ai lu le scénario, je dois dire que j'étais très heureux de retrouver quelque chose que j'avais déjà exploré avec le film Scènes de crimes il y a 15 ans. Retrouver une fiction qui travaille aussi bien l'envers du décor que l'intimité du flic, ça me plaisait beaucoup. C'était retrouver un genre. Grâce à la série, on peut le faire sur six heures (...) C'est palpitant et haletant, je me suis laissé embarqué par l'histoire alors que je ne suis pas fou de thriller. La qualité des personnages, la densité humaine, comment ils sont bourrés de contradictions... On n'est pas dans une caricature ou un cliché du genre du thriller. Les gens vont le voir, je l'espère, comme une description du monde de la police et de la province française qui est presque Balzacienne."

    A propos de son personnage...

    "Servaz c'est un flic qui paye l'addition de toute sa vie de flic. Il est sain, merveilleux de raconter qui sont ces gens qui nous protégent, et on sait par les temps qui courent à quel point ils sont importants (...) Ils sont des hommes comme vous et moi. On montre qu'il a une vie amoureuse totalement foutraque. Qu'il fume, qu'il boit. Qu'il est visiblement atteint par ce qu'il a vécu. En plus, ici il se trouve confronté à son meilleur cauchemar. Et la série raconte justement comment au fur et à mesure tous ces personnages vont être aspirés par ce cauchemar."

    A propos des Pyrénées...

    "J'ai découvert très tard ce que donnaient les paysages à l'écran. Je n'aime pas me regarder, ça me coupe l'envie de jouer. Donc je ne regardais rien pendant le tournage. Et je trouve le résultat impressionnant. Le poids de ces montagnes bourrées de mystères ressort vraiment. Quand on tourne là-bas, on rentre en monastère d'art dramatique. On se lève tôt, on va tourner dans ces paysages magnifiques et on est imprégné de ça. Comme les habitants des Pyrénées et comme les personnages."

    A propos de sa partenaire Julia Piaton...

    "Je ne la connaissais pas bien et j'ai découvert une actrice passionnée, bourrée de doutes, de fragilité, qui fait qu'à mon avis on va la voir de plus en plus. Elle a beaucoup de talent et beaucoup de facettes à son talent. On forme un duo vraiment intéressant, d'autant que Servaz, qui est plutôt dragueur, doit agir autrement avec elle vu qu'elle n'est pas intéressée : elle est lesbienne. Et c'est beau de montrer ça. Elle est gendarme et elle assume sa vie. C'est une femme libre, d'aujourd'hui, pas le cliché d'une petite bourgeoise étriquée. Julia l'interprète très bien."

    A propos de l'adaptation...

    "J'ai lu le roman pendant qu'on tournait. Je voulais voir les différences. Beaucoup de choses ont été transformées (...) J'ai conscience que beaucoup de gens se sont projetés dans le roman, où il n'y a pas cet enfoiré d'acteur qui délimite les formes du personnage, mais j'étais heureux de voir que Bernard Minier était heureux de ce qu'il voyait pendant le tournage et qu'il m'adoubait. Il a eu l'intelligence de dissocier les fantasmes qu'il a dû avoir et l'écart avec son roman. Mais il y a retrouvé l'essentiel : les Pyrénées, l'aprêté et la violence de ces histoires... Après, les lecteurs, ma foi, il y en a 800 000... J'ai l'habitude d'avoir quelques ennemis."

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