Mon compte
    Twin Peaks, l'heure du bilan est arrivée : ce que la rédac' en a pensé !

    Les 18 épisodes de la saison 3 de Twin Peaks ont rythmé notre été et l'heure du bilan est arrivée ! La série culte de David Lynch a-t-elle réussi son retour selon nous ? [ATTENTION SPOILERS]

    Marc Hom Wardrobe

    Si la nouvelle saison de Twin Peaks n'a pas déchaîné les passions comme à la grande époque, ne s'adressant finalement qu'à une poignée de fans et de curieux (comme le prouvent les audiences désastreuses aux Etats-Unis comme chez nous sur Canal +), elle n'en reste pas moins une oeuvre à part, qui fait débat, qui a ses adorateurs et ses détracteurs, et qui méritait bien qu'on lui consacre à un bilan. 

    L'avis de Vincent Formica

    Avec cette fascinante saison 3 de Twin Peaks, David Lynch prouve une fois de plus qu'il reste un artiste à part, le seul capable de nous offrir une telle série, aussi émouvante qu'ésotérique. Le cinéaste s'est amusé avec nous tout au long de ces 18 épisodes, nous laissant élaborer moult théories et exégèses, tentant de comprendre les messages cachés derrière ces incroyables images.

    On se souvient notamment de cet épisode 8 complètement dingue, brisant toutes les règles établies de la narration et de la télévision, allant jusqu'à transcender ce médium pour en faire une vraie œuvre d'art, sujette à de nombreuses interprétations. On a aussi esquissé un sourire béat quand le vrai Dale Cooper s'est enfin éveillé à l'épisode 16, laissant le sympathique mais un peu agaçant Dougie Jones dans les limbes.

    "I am The FBI", scandera notre agent préféré juste après voir revêtu son impeccable costume… sûrement LA phrase à retenir de cette saison 3 qui nous aura captivé de bout en bout et qui nous aura donné envie d'une bonne tarte à la cerise accompagné d'un café bien chaud de chez Double R ! Mention spéciale aux regrettés Miguel Ferrer (Albert Rosenfield) et Catherine Coulson (la femme à la bûche), très poignants lors de cette saison et qui ont définitivement rejoint la black lodge...

    L'avis de Raphaëlle Raux-Moreau 

    Après avoir vu l'épisode 18, on a comme l'étrange impression d'être perdus dans les bois avec Laura Palmer. Mais, sans l'agent Dale Cooper pour venir nous sauver. Car, c'est sûr, personne ne vous a entendu crier et personne n'a prévu de venir éclairer votre lanterne sur cette fin, énigmatique au possible et sujette à de multiples interprétations. A cet égard, ce n'est même plus de la frustration mais une sorte de chamboulement ou d'explosion électrique intellectuelle (on reste dans le thème). On ne comprend pas tout mais on VEUT comprendre. Il va donc falloir chercher, lire, relire et recouper des théories dans les jours à venir. Et finalement à quoi d'autre pouvait-on s'attendre de la part de Lynch et Frost ? C'est tout autant leur "défaut" que leur génie. Ils nous ont offert une fin avec l'épisode 17 puis, pour le 18, ils ont totalement réécrit l'histoire. C'est cadeau ! Un cadeau pour aller passer une bonne nuit de prises de tête.

    J'attendais beaucoup de cette saison 3 et je n'ai pas été déçue. Du moins, je crois (souvenez-vous, je suis toujours dans les bois ! Et Audrey y est peut-être aussi ?). Contrairement à certains, je n'ai à aucun moment été gênée par l'absurde, la modernité et le fantastique délivrés par The Return. Ni par l'épisode 8 ni par Dougie, qui m'a fait beaucoup rire ("Hellooooooo !") et dont la figure de l'innocent m'a touchée. Dougie a, sans le vouloir, fait évoluer le monde autour de lui, et c'est une idée que j'ai aimée. Cette saison contient de beaux moments d'émotion, sur le retour bien sûr, mais aussi sur le temps qui passe, la perte, la vieillesse, l'absence. C'est une saison qui m'a fascinée, bouleversée, passionnée. Pour moi, la magie de Twin Peaks opère toujours. Mais j'ai, aujourd'hui, besoin de plus. De réponses, d'une nouvelle saison, de revoir toute la saison ? Franchement, je pense qu'il va falloir encore un peu de temps pour que j'obtienne la réponse à ma propre question (on reste là aussi dans le thème)...

    Suzanne Tenner/SHOWTIME

    L'avis de Gauthier Jurgensen

    David Lynch a la malice de ne pas nous servir immédiatement une part de tarte à la cerise et une tasse de café noir. Sa saison 3 de Twin Peaks se déguste en douceur. Il faut du temps pour retrouver le goût des premiers épisodes, un quart de siècle plus tard. Mais à mesure que l’agent Dale Cooper reprend possession de ses moyens à travers ce labyrinthe envoûtant, la saveur originale s’impose à nouveau. Au terme de la dix-huitième partie de ces retrouvailles que plus personne n’attendait, le spectateur peut enfin donner leur sens aux mots écrits sur le panneau dressé à l’entrée de la ville : "Welcome to Twin Peaks", la plus belle série du monde.

    Il faut tout de même prévenir les impatients : les premiers épisodes peuvent sembler hermétiques aux plus novices. Lynch prend son temps pour mieux convier tout son cinéma à la fête : Laura Dern, Naomi Watts et Harry Dean Stanton (déjà aperçu dans le prequel Fire Walk With Me) trouvent de superbes rôles aux côtés de l’ancienne équipe. Une fois le vertige du huitième épisode franchi, ça ne fait plus un doute : le glamour, le mystère, l’humour et la magie sont là. Et une nouvelle phrase s’inscrit au Panthéon des répliques cultes de Twin Peaks : "Got a light?", inévitablement !

    L'avis de Léa Bodin

    Twin Peaks saison 3 est écrasante de réalité. Tour à tour, on étouffe, on s'émerveille, on est saisi par l'émotion. Lynch – qui prouve aussi une fois de plus qu'il est un acteur incroyable – n'a rien perdu non plus de son talent burlesque, ni bien sûr de sa grande maîtrise de la durée, de son génie de la mise en scène, ni de sa liberté. De moment de grâce en moment de grâce, Twin Peaks – The Return est une œuvre à part entière.

    D'aucuns dirons que ce qui faisait le sel de Twin Peaks s'est effacé. C'est tout le contraire. Si la dimension soap est pour partie atténuée (même si l'on peut considérer qu'elle est simplement déplacée, décalée), tout est exacerbé avec une violence aussi brutale que profonde, et que c'est beau ! Le ravage du temps et la mort sont à l'ouvrage avec une efficacité implacable et les personnages sont magnifiques, incarnés à la perfection. Lynch et Frost ouvrent une nouvelle page de l'histoire de la télévision, repoussent les limites sans presque faire aucune erreur. C'est merveilleux, et c'est unique. 

    Suzanne Tenner/SHOWTIME

    L'avis de Clément Cusseau

    C'est peu dire que j'attendais avec une grande impatience la saison 3 de Twin Peaks et je pense que ma plus grande satisfaction est que le résultat m'a complètement déstabilisé. Entièrement réalisée par David Lynch, cette résurrection de la série mythique n'est pas une « vraie » suite dans le sens où elle situe souvent son action hors de la petite ville qui a donné son nom au programme, mais aussi parce qu'elle introduit de nombreux nouveaux personnages. On ne retrouve pas réellement ce qui a fait le sel des deux premières saisons, mais le résultat n'est pas pour autant décevant : il propose une synthèse du cinéma de Lynch à travers un rendu visuel et expérimental qui n'avait encore jamais été vu à la télévision.

    L'avis de Jean-Maxime Renault

    On a souvent tendance à oublier que Twin Peaks doit son succès au moins autant si ce n'est plus à Mark Frost, le co-créateur de la série, qu'à David Lynch qui, lui, s'en est rapidement détourné et n'a réalisé qu'une poignée d'épisodes lors deux deux premières saisons. Pour la saison 3, Twin Peaks semble être devenue la série de David Lynch et la marque de Frost s'est un peu effacée. C'est peut-être la raison pour laquelle, au-delà de se ses qualités évidentes dans la mise en scène, cette nouvelle salve d'épisodes ressemble seulement vaguement à une série. Le réalisateur culte se fait plaisir, à chacun ensuite d'y trouver ou pas le sien.

    Un Twin Peaks qui se déroule en majeure partie dans la première partie de la saison partout aux Etats-Unis sauf dans la ville qui a donné son nom et son ambiance si particulière à la série, ce qui est un peu dommage, pour ne pas dire une petite trahison, surtout quand la moitié des "anciens" qui sont de retour font plus de la figuration qu'autre chose (que dire de la géniallissime Audrey, dont l'arrivée ne se fait qu'à l'épisode 12 ?!). Comme un goût amer donc, derrière cette suite moderne, souvent amusante, trop rarement émouvante, trop souvent hermétique, qui ne révolutionne pas la télévision comme l'originale en son temps, mais qui reste une expérience singulière, que j'aurais souhaitée plus généreuse.

    FBwhatsapp facebook Tweet
    Sur le même sujet
    Commentaires
    Back to Top