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    Deauville 2017 : avec A Ghost Story, David Lowery poursuit sa route dans les pas de Terrence Malick
    Corentin Palanchini
    Passionné par le cinéma hollywoodien des années 10 à 70, il suit avec intérêt l’évolution actuelle de l’industrie du 7e Art, et regarde tout ce qui lui passe devant les yeux : comédie française, polar des années 90, Palme d’or oubliée ou films du moment. Et avec le temps qu’il lui reste, des séries.

    Projeté en compétition au 43ème festival du film américain de Deauville, le film "A Ghost Story" de David Lowery a beaucoup fait parler de lui sur les planches, et à juste titre.

    La présentation d'A Ghost Story marquera longtemps le festival de Deauville ! Mélange des genres, surprenant, audacieux, il commence comme un film d'horreur, puis devient rapidement autre chose, quelque chose de différent, d'inédit. Pour ce film, le réalisateur David Lowery a de nouveau fait appel aux acteurs Casey Affleck et Rooney Mara, qu'il avait déjà réunis dans Les Amants du Texas.

    L'histoire est celle d'un couple qui voit l'un des deux amants mourir. Et se réincarner en fantôme avec un drap sur la tête. Ce n'est que le point de départ d'une histoire beaucoup plus vaste.

    Très vite, Lowery cherche à "tester" la patience du spectateur à travers une scène de plusieurs minutes en plan fixe avec Rooney Mara, dont nous tairons les détails. Comme une épreuve envoyée par le réalisateur avec pour sous-entendu que "si vous restez après cette scène, c'est que vous êtes assez ouvert pour voir la suite". Certains spectateurs de Deauville n'y ont d'ailleurs pas survécu et ont quitté la salle. Ils ont ainsi raté le basculement du film dans  spoiler: une géniale réflexion sur le temps qui passe et ce qu'il restera de chaque être humain après sa mort.

    2016 Sundance Institute | photo by Andrew Droz Palermo

    Cette ambitieuse partie n'a rien à envier à The Tree of Life de Terrence Malick, dans le sens où elle mixe l'intime et l'universel, agrémenté de questionnements que tout être humain a vécu une fois dans sa vie.

    Comme Malick, Lowery a aussi la volonté d'innover dans la mise en scène. De son aveu même, les scènes du fantôme ont été tournées à 33 images par seconde afin de le faire bouger lentement, tandis que les autres personnages, bien vivants, sont filmés à 24 images par seconde (la vitesse normale). Puis, en post-production, les deux plans à des vitesses différentes, ont été mis ensemble. Une technique que le metteur en scène avait déjà employé dans Peter et Elliott le dragon et qui démontre sa maîtrise de la mise en scène.

    2016 Sundance Institute | photo by Andrew Droz Palermo

    Là où Lowery se distingue de Malick et trouve son propre ton, c'est qu'il ne va pas vers la lumière. Au contraire, l'image est sombre et le cadre resserré (par l'utilisation d'un format 1:33) comme si le fantôme en était prisonnier, comme si la caméra était sa cage. Trouvera-t-il un moyen de se libérer de sa condition ? Les sentiments sont-ils à l'épreuve du temps ? Autant de questions que A Ghost Story aborde de superbe façon, avec un regard neuf.

    Rempli de trouvailles stylistiques et narratives, A Ghost Story restera important pour cette 43ème édition du festival, et nul doute qu'on le retrouvera au palmarès dévoilé samedi prochain. Et cela sera mérité.

    Découvrez la bande-annonce d'"A Ghost Story", avec Rooney Mara et Casey Affleck :

     

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