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    Charmed : Le charme ne prend plus, bilan après neuf épisodes

    Le reboot de la série des années 90 faisait entrer les sorcières dans un féminisme inclusif très contemporain. Qu’en reste-t-il après quelques épisodes ?

    Robert Falconer/The CW

    Si refaire a toujours été une tendance artistique, la télévision avait été le plus souvent épargnée. Jusqu’à ce que la production devienne incontrôlable et que, dans le but de fournir toujours plus de contenus, on s’est mis à regarder dans le rétro pour trouver de nouvelles idées. A chaque nouvelle année, son lot de remakes, reboots ou suites (la distinction est parfois floue), avec une tendance pour la réactualisation, histoire de coller avec des considérations contemporaines.

    De l’activisme féministe

    Il y avait donc de saines intentions dans le choix de prendre Charmed, à une époque où le féminisme s’infuse de plus en plus à Hollywood et dans la pop culture. Les sorcières, le « pouvoir des trois » comme symbole d’un empowerment au féminin, ça a du sens. Et choisir trois actrices latina, c’est aussi un geste politique. Le pilote est même amusant dans sa façon de coller ses idées, en mode « activisme féministe pour les nuls », un côté un peu naïf et premier degré qui le rendait attachant à défaut d’être subtil. Après presque dix épisodes, c’est déjà moins amusant et parfois problématique.

    Bien sûr, Charmed n’a pas vocation à bousculer les consciences comme The Handmaid’s Tale le fait depuis deux saisons. C’est un objet pop, léger, destiné à un jeune public (ou des nostalgiques plus âgés). Le fantastique possède un charme désuet (les effets spéciaux semblent d’époque et ils font mal aux yeux), le rythme des épisodes y est généralement soutenu, même si on peut déplorer que les intrigues « magiques » et celles plus « réalistes » des personnages manquent de liant.

    Diyah Pera/The CW

    Une version trop light

    Il est tout à fait possible d’être à la fois solide dans ses positions et édulcorée dans la façon de les exprimer. The Bold Type depuis deux saisons le fait très bien. Seulement Charmed tombe parfois à côté, sur des sujets très sérieux comme le harcèlement lycéen ou la violence dont souffrent les femmes. Elle entretient même des stéréotypes très contestables. Dans Kappa Spirit (1x06), la présidente d’une sororité est hantée par un fantôme vengeur qui cherche à la pousser au suicide. Dans Bug A Boo (1x08), une application de rencontre est la couverture à une sorte de démon-insecte, qui implante ses oeufs dans le corps de ses victimes. Dans ces deux épisodes, les questions des conséquences sont oubliées, comme si la caution légère induisait de ne pas traiter les choses trop profondément, spécialement si elle débouchent sur des moments beaucoup plus sombres et complexes.

    Charmed est agaçant. Son féminisme militant est important à la télévision, spécialement sur une chaîne grand public regardée par une audience jeune (CW aux Etats-Unis). Si l’enthousiasme affichée par les premiers épisodes se justifiaient, aujourd’hui, il s'effiloche un peu. Car finalement, changer l’origine des personnages, leur sexualité et souligner « l’air du temps » à coup de punchlines féministes, ne suffisent pas à rendre la série pertinente, ouverte au monde et favorisant l’identification de minorités, si derrière, elle perpétue des schémas archétypaux et se défile quand il s’agit d’aborder les problèmes de front. Charmed peut sembler contemporaine par bien des angles, mais un peu comme ses effets spéciaux, elle a trop souvent les deux pieds dans les années 90.

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