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    Une Belle Histoire sur France 2 : une série "sur l'intime et l'humain"
    Julia Fernandez
    Julia Fernandez
    -Journaliste Séries TV
    Elevée à « La Trilogie du samedi », accro aux séries HBO, aux sitcoms et aux dramas britanniques, elle suit avec curiosité et enthousiasme l’évolution des séries françaises. Peu importe le genre et le format, tant que les fictions sortent des sentiers battus et aident la société à se raconter.

    Alors que la série débute ce soir à 21h sur France 2, rencontre avec ses créateurs, Frédéric Krivine et Emmanuel Daucé ("Un Village Français").

    Tetra Media

    Un sujet universel

    Cela faisait longtemps qu'Emmanuel Daucé, producteur chez Tetra Media, voulait creuser le fillon de la comédie romantique en format 52'. Une idée qui a germé suite à la création d'Irresponsable pour OCS - la sitcom qui a révélé Sébastien Chassagne, l'un des héros d'Une Belle Histoire - et d'un désir de traiter des enjeux de la comédie mais aussi du drame. En collaborant avec Frédéric Krivine pendant plus de douze ans sur Un Village Français ils découvrent au fur et à mesure que la série, entre les grandes lignes de l'Histoire, traite aussi du couple et des liens affectifs. De là est née leur envie commune de proposer une série sur les couples pour France 2.

    En parallèle, le groupe britannique ITV rachète Tetra Media, et Emmanuel Daucé découvre Cold Feet dans leur catalogue, une série très populaire en Angleterre créée en 1998 retraçant l'histoire de trois couples à Manchester. Il en achète les droits et Krivine et lui proposent non pas un remake, mais une libre adaptation de la série à France 2. Seul le concept en a été gardé : trois couples amis dans la vie. "Faire une série sur les couples en 2019 nous semblait idéal pour traiter des rapports hommes/femmes en 2020" explique le producteur. Frédéric Krivine met alors en place un atelier d'écriture pour développer les arches pendant deux mois, puis écrit les deux premiers épisodes, avant de confier l'écriture des quatre derniers épisodes à deux scénaristes, Séverine Jacquet et Isabelle Siac.

    Un sujet "universel" à traiter pour le scénariste, mais peu évident à mettre en place sur une chaîne traditionnelle. Or, assure-t-il, "les chaînes ne veulent pas faire que du polar !" France 2 a tenté à de nombreuses reprises de faire de la fiction "low concept" pour le grand public, mais ces codes narratifs étant moins clairs, elle s'avère plus difficile à concrétiser. Toute la difficulté réside dans le fait de réussir à accrocher le spectateur par le biais "de l'identification aux personnages et de leur l'humanité, en partant de situations ordinaires et conflictuelles; d'enjeux qui ont l'air petits, mais très forts sur le plan émotionnel." Pour le showrunner français, "les séries "high concept" se vendent très bien au début, mais c'est très compliqué à décliner. Les low-concepts, comme pour Une Belle histoire, à savoir le quotidien de trois couples, c'est très difficile à pitcher à une chaîne au départ. Mais si le public s'attache aux personnages, il a plus de chances de rester sur le long terme", affirme-t-il.

    Travailler l'intime

    Ce qui a séduit Sébastien Chassagne dans l'écriture de son personnage était la fluidité des dialogues, toute la part de non-dits, "sur le deuil, sur son passif", toutes ces choses "invisibles" autour de lui. Contrairement au héros adulescent et gaffeur d'Irresponsable, David est "un personnage qui se laisse plus porter par les événements. J'étais beaucoup plus en introspection, c'était plus méditatif comme façon de travailler."

    Pour Louise Monot, le fait de sortir du registre purement dramatique était libérateur. "On s'attache aux personnages, et on voit leur évolution. Au départ, Caroline a une vie bien rangée..." Le couple qu'elle forme avec Philippe (Ben), vu comme un modèle pour leurs amis, va petit à petit se fissurer. "C'était très intéressant à jouer car on travaille sur l'intime, sur l'humain" renchérit Juliette Navis, qui tient le rôle de Malika. La longueur des scènes leur permet de prendre le temps de construire l'émotion. "J'adore la comédie romantique en tant que spectatrice, et j'avais très envie d'en faire depuis longtemps, or on en fait pas des masses en France", constate Tiphaine Daviot. "J'étais ravie d'avoir la chance de pouvoir jouer le coup de foudre, d'incarner un personnage avec du caractère."

    "Il y a toujours des choses qui ne nous appartiennent pas en amour", rebondit Sébastien Chassagne. "Le coup de foudre n'arrive pas au même moment pour deux personnes, c'est toujours agréable de se rendre compte à quel point il n'est pas partagé en face" relève-t-il avec ironie. "J'aime travailler là-dessus. Ce qui m'a plu en particulier dans cette série est d'explorer ce moment très beau où on a rien à dire à quelqu'un, mais on a envie de rester à ses côtés. C'est fascinant à explorer en termes de glissement." 

    Une Belle Histoire, tous les mercredis à 21h sur France 2 :

     Propos recueillis le 13 septembre 2019

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