Dans Voyagers, Lily-Rose Depp, Colin Farrell, Tye Sheridan, Fionn Whitehead et Isaac Hempstead Wright (Game of Thrones) sont envoyés dans l'espace dans le cadre d'une mission visant à peupler une planète récemment découverte.
Mais le capitaine adulte de l'équipage meurt dans des conditions mystérieuses. Les enfants, devenus adolescents, sont alors livrés à eux-mêmes. Petit à petit, le chaos s'installe.
Le long-métrage est mis en scène par Neil Burger à qui l'on doit notamment L'Illusionniste, Limitless et Divergente. AlloCiné a rencontré le réalisateur.
AlloCiné : Comment avez-vous eu l’idée de ce film ?
Neil Burger : J’ai eu l’idée de ce film il y a plus de 10 ans. J’ai eu une vision de jeunes gens confinés dans un espace restreint. Je me suis dit que ce serait intéressant d’étudier la nature humaine dans ces conditions sous pression.
C’est également fascinant de se demander ce qui peut se passer quand on ne se trouve plus en contact avec toute la culture et les influences de la société. Au cœur de ce film se posent les questions "Qui sommes-nous vraiment ?", "Sommes-nous bons?", "Sommes-nous des animaux?"...
Est-ce que nos vies ne sont motivées que par notre soif de consommation ? Avons-nous au fond de nous-même un sens moral ? Toutes ces questions me passionnent.
"Ce film a un écho parfait vis-à-vis de ce que nous traversons."
C'est complétement d'actualité. Voyagers a une résonance encore plus forte en ces temps de pandémie.
Absolument. Et c’est amusant car j’ai écrit ce film bien avant la pandémie et les confinements. Je pense que ce film est un avertissement sur ce qui peut nous attendre dans le futur.
Est-ce vraiment la voie que nous voulons prendre pour l’Humanité ? Dans tous les cas, en ces temps de confinement et d’isolement, ce film a un écho parfait vis-à-vis de ce que nous traversons. C’est l’éternelle question de savoir quand et comment nous allons “craquer” dans de telles conditions de déconnexion.
Lionsgate
Quelles ont été vos influences pour ce film de science-fiction ?
2001, l’Odyssée de l’espace de Stanley Kubrick est mon film favori. Il a donc eu une forte influence sur la création de Voyagers.
Et puis, j’ai tenté de voir un maximum de films de science-fiction afin de déterminer la direction à suivre et celles à éviter. Une autre influence cinématographique fut le chef d’oeuvre de Wolfgang Petersen, Le Bateau.
C’est le film parfait pour étudier le comportement d’un groupe de personnes dans un confinement ultra restreint et tentant de survivre dans des conditions extrêmes.
Comment avez-vous sélectionné les jeunes acteurs ?
Je voulais de jeunes acteurs sans trop de notoriété afin de révéler leur soif de vie, leur spontanéité, leur animosité. Avec des acteurs trop connus cela aurait été délicat. J’aime découvrir de nouveaux visages quand je tourne un film.
Lily-Rose Depp m’a beaucoup intrigué, elle a une beauté unique et différente. Elle a presque une apparence extra-terrestre qui était parfaite pour mon film.
Lionsgate
Quel a été votre plus gros challenge pour ce film ?
Au-delà du défi de créer l’environnement dans lequel se déroule le film, il m’a fallu gérer une trentaine de jeunes acteurs qui sont pleins de vie en temps normal.
Au début du film, les personnages sont dépourvus de toute émotion à cause de leur conditionnement. Ce ne fut donc pas simple de leur apprendre à s’exprimer d’une manière quasi robotique.
Pas facile pour des jeunes de ne faire preuve d’aucune vitalité et d'aucune énergie ! Au fur et à mesure il m’a fallu les laisser s’exprimer puisqu’un sens de libération émotionnelle s’opère tout au long du film.
Quels sont les messages principaux du film ?
Ce film explore la véritable nature de la condition humaine. Si nous découvrons que nous sommes “mauvais”, pouvons-nous changer ?
Il y a aussi une question de moralité dans le film. Au final, on se pose la question de la nécessité d’être bon, d’agir en bonne conscience quand on sait que l’on va finir pas mourir. Pourquoi, au contraire, ne pas faire preuve d’égoïsme et d’auto-satisfaction en permanence ? C’est un peu comme si vous vous demandiez pourquoi il faut planter des arbres dont vous ne pourrez jamais récolter les fruits.
Lionsgate
C'est presque un voyage initiatique. Vous sentez-vous changé par cette aventure ?
Quelque part, toute mise en scène cinématographique vous “détruit” et vous “reconstruit”. Disons que ce film me fait encore plus réfléchir sur les origines de l'humanité et sur notre destination. Les réponses ne sont pas simples ! Nous sommes tous sur un vaisseau spatial en dérive dans l’univers et c’est fascinant de ne pas toujours savoir d’où nous venons et où nous allons...
Cela m’amuse de voir comment nous tentons de donner un sens à nos vies sans vraiment en saisir le vrai sens. Je reste optimiste quant au sort de l’humanité. Malgré toutes les horreurs auxquelles nous faisons face tous les jours, je crois qu’il y a des choses fantastiques qui se préparent et il y a tellement de personnes qui travaillent pour l’amélioration de notre existence.
Donc, j’essaye de rester positif et je me focalise sur la lumière au bout du tunnel.
Quels sont vos projets ?
Je commence bientôt le tournage de mon prochain film, The Marsh King’s Daughter avec Daisy Ridley. Le film suit la traque du kidnappeur de la mère d’une jeune femme et comment celle-ci va se venger de l’horreur qu’elle a vécu.
