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    CANNESERIES : la créatrice de Sex Education a nommé son chien d'après son personnage préféré de la saison 3
    Mégane Choquet
    Mégane Choquet
    -Journaliste
    Journaliste spécialisée dans l'offre ciné et séries sur les plateformes quel que soit le genre. Ce qui ne l'empêche pas de rester fidèle à la petite lucarne et au grand écran.

    Lauréate du prix de l'Engagement au festival CANNESERIES, Laurie Nunn est la créatrice de Sex Education. AlloCiné a rencontré cette femme inspirante qui a renouvelé le genre des séries pour ados avec ce show Netflix, devenu rapidement populaire.

    AlloCiné : Félicitations pour votre Prix Konbini de l’Engagement largement mérité pour la série Sex Education. Est-ce que vous vous rendez compte, après déjà 3 saisons, de l’impact que ce show a sur toute une génération ?

    Laurie Nunn : Ca me semble toujours aussi irréel pour moi. Quand j'écris, je suis dans une sorte de bulle. Vous savez, les scénaristes sont un peu solitaires parfois. Quand les saisons sont mises en ligne, c'est toujours incroyable de lire les retours du public. Je pense qu'on a quasiment eu que des retours positifs et c'est génial.

    Sex Education
    Sex Education
    Sortie : 2019-01-11 | 50 min
    Série : Sex Education
    Avec Asa Butterfield, Gillian Anderson, Ncuti Gatwa
    Presse
    4,1
    Spectateurs
    4,1
    Voir sur Netflix

    Recevez-vous parfois des messages de fans, qui se seraient reconnus dans certaines intrigues et certains personnages ?

    Absolument. J'ai un compte Instagram et je reçois pas mal de messages. C'est très intéressant de voir quelles intrigues résonnent particulièrement chez certains des spectateurs. Je reçois souvent des messages de jeunes femmes qui me disent qu'elles ne réalisaient pas qu'elles souffraient de vaginisme et qu'elles avaient enfin trouvé un diagnostic sur ce qu'elles vivaient et ressentaient grâce à la storyline de Lily (Tanya Reynolds) dans les saisons 1 et 2. C'est très spécifique mais c'est ce genre de messages que je reçois très souvent. Beaucoup de vaginisme ! (rires)

    Quel est votre processus d'écriture pour Sex Education avec votre équipe de scénaristes ?

    On travaille avec des agendas très serrés. Nous avons subi un retard à cause du Covid pour la saison 3 mais généralement on essaie d'écrire et de sortir une saison chaque année. A cause de ça, je ne peux pas être trop exigeante sur ma routine de travail et j'ai des deadlines à respecter. On écrit beaucoup de brouillons des scripts et je travaille étroitement avec ma productrice et mon éditrice, que j'ai au téléphone tous les jours.

    Je pense que mon processus d'écriture est parfois chaotique mais la marche m'aide à mettre de l'ordre dans mes idées. J'ai appris à ne pas me forcer à travailler si je ne suis pas en bonne condition et si les idées ne sont pas organiques. Si je bloque à un moment, je sors, j'écoute de la musique ou autre pour ne pas forcer les choses et revenir naturellement à l'écriture ensuite.

    Netflix

    Les séries pour ados sont un genre qui ne connaît pas la crise. Quels étaient vos critères pour vous distinguer des autres teen dramas et pour être aussi pertinente ? Est-ce que vous aviez des inspirations en tête vers lesquelles tendre ou au contraire d'autres à fuir absolument ?

    Je savais que je voulais écrire sur ce qui m'avait fait défaut à l'adolescence, notamment les très mauvais cours d'éducation sexuelle que j'ai eu à l'école. Je voulais que ce soit au coeur de la série. Mais j'ai toujours adoré les films et séries pour ados.

    Je suis une très grande fan du genre et je voulais lui rendre hommage tout en l'actualisant et en insistant sur les évolutions et les problématiques qui intéressent et forgent la nouvelle génération. Je pense que la série a trouvé son équilibre en perpétuant les questionnements et discussions sur les ados tout en restant fidèle au genre.

    Je pense aussi que c'est très important de ne pas balancer des sujets au hasard, juste pour en parler. Il faut penser en amont aux sujets qu'on veut aborder, faire des recherches et voir comment ils peuvent être intégrés de manière organique aux intrigues des personnages.

    La série traite de sujets tellement importants. Dans la saison 3, vous parlez des conséquences d'une agression sexuelle, de grossesse tardive, de non-binarité, de la sexualité des personnes avec un handicap,... Comment est-ce que vous choisissez ces sujets dans l'écriture ?

    Il y a tellement de sujets quand on s'intéresse vraiment aux relations et à la sexualité. On pourrait vraiment écrire dessus indéfiniment. Et cette série m'a permis de grandir aussi parce qu'au début, il y avait des sujets que je ne maîtrisais pas du tout. Et je suis à la recherche constante d'informations pour nourrir mon propos et offrir des histoires authentiques et pertinentes.

    Je pense aussi que c'est très important de ne pas balancer des sujets au hasard, juste pour en parler. Il faut penser en amont aux sujets qu'on veut aborder, faire des recherches et voir comment ils peuvent être intégrés de manière organique aux intrigues des personnages.

    Sex Education est déjà renouvelée pour une saison 4. Est-ce que vous étiez surprise ? L'annonce est arrivée très peu de temps après la sortie de la saison 3. Est-ce que vous êtes déjà en train de plancher sur ces nouveaux épisodes ?

    J'ai déjà commencé à écrire. Je retrouve mes scénaristes chaque année et on a déjà commencé à plancher assez sérieusement sur la saison 4. Mais on l'a fait chaque année sans vraiment savoir si on obtiendrait le feu vert pour une nouvelle saison. Je prends les choses au jour le jour parce qu'on ne sait jamais ce qui peut arriver et comment les nouvelles saisons peuvent être reçues. Je suis juste tellement heureuse que les nouvelles intrigues proposées puissent continuer sur Netflix.

    Netflix

    L'une des intrigues qui a fait chavirer les fans dans la saison 3 est la relation entre Ruby (Mimi Keene) et Otis (Asa Butterfield). Est-ce que vous vous attendiez à ce que ce couple plaise autant et que Ruby soit aussi appréciée ?

    Je sais, c'est trop drôle. Il y a une sorte de petite guéguerre entre les pro Motis [nom donné au couple Maeve-Otis, ndlr] et les pro Rotis [nom donné au couple Ruby-Otis, ndlr], de ce que j'ai compris sur les réseaux sociaux. J'adore cette storyline avec Ruby et j'ai toujours su qu'il était important d'aller au-delà de l'image de la "mean girl", de peste, et de comprendre pourquoi elle avait cette carapace pour se protéger.

    Ce qui est marrant, c'est que j'ai adopté un petit chiot pendant le confinement et je l'ai appelé Ruby. Mon copain m'a dit que je devais absolument nommer ce chien d'après mon personnage préféré de la saison 3 et j'ai pensé directement à Ruby.

    Et puis la saison 3 est sortie et le public a vraiment adoré Ruby et s'est attaché à elle. Je trouve que c'est formidable, surtout pour son interprète Mimi, qui est une actrice incroyable et qui a réussi à montrer un côté plus vulnérable de son personnage.

    Même s'il y a des personnages "principaux", la série est très chorale et vous mettez un point d'honneur à mettre en lumière aussi les personnages secondaires.

    Oui, c'est ce que j'aime le plus faire. C'est toujours intéressant de choisir quel personnage on va voir un peu plus souvent ou quel personnage va être un peu plus sur le devant de la scène. Dans la saison 3, on voit aussi beaucoup plus Mr Groff et on creuse un peu plus sa trajectoire. Pourquoi est-ce qu'il est aussi méchant ? Comment son comportement affecte Adam ? Ca permet de parler d'un cercle vicieux de masculinité toxique. Il y a tellement de personnages riches que c'est parfois difficile de choisir qui va être un peu plus développé.

    Je pense qu'avoir l'appui d'une coordinatrice d'intimité permet de se poser des bonnes questions sur l'intérêt et le sens d'une scène de sexe. Je suis très surprise que cela ait pris autant de temps parce qu'il y a toujours eu des coordinateurs de combat par exemple mais pas pour les scènes de sexe alors que c'est une question de bon sens.

    Est-ce que vous écoutez les avis des fans pour l’écriture de la série ou est-ce que vous restez concentrée sur la trajectoire que vous voulez offrir à vos personnages ?

    Ce qui est bien, c'est que j'écris toujours la saison suivante avant que l'actuelle ne soit diffusée. Je peux suivre mon instinct. Mais évidemment quand la saison sort et qu'elle suscite beaucoup de réactions, ça peut être dur de ne pas y prêter attention mais jusqu'à un certain point. Je dois me faire confiance et ne pas être influencée par l'avis ou les exigences du public.

    Netflix

    Sex Education était l’une des premières séries à faire appel à une coordinatrice d’intimité. C’était une exigence dès le départ de faire appel elle ?

    C'est une des productrices de la saison 1 qui a suggéré cette idée et ce n'était vraiment pas commun sur les tournages à cette époque-là. Et c'était effectivement très important, surtout sur cette série qui s'appelle quand même Sex Education, qu'une coordinatrice d'intimité nous aide sur les scènes de sexe qui, je l'espère, nous apprennent des choses et qui sont utiles dans l'évolution de l'intrigue des personnages.

    Je savais qu'on allait en plus travailler avec des acteurs qui n'avaient pas forcément beaucoup d'expérience donc il fallait les mettre à l'aise et créer un espace sain et sécurisant sur le plateau. J'ai entendu des histoires horribles sur des réalisateurs qui étaient trop bizarres ou qui n'étaient pas à l'aise à l'idée de filmer ce genre de scènes et qui laissaient les acteurs se préparer et répéter seuls pour ces scènes intimes et qui arrivaient ensuite comme un cheveu sur la soupe pour filmer.

    Des réalisateurs qui ne voulaient pas avoir à gérer, qui ne voulaient pas en parler et ces comportements créent des situations qui ne sont pas saines et sécurisantes. Je pense qu'avoir l'appui d'une coordinatrice d'intimité permet de se poser des bonnes questions sur l'intérêt et le sens d'une scène de sexe. Je suis très surprise que cela ait pris autant de temps parce qu'il y a toujours eu des coordinateurs de combat par exemple mais pas pour les scènes de sexe alors que c'est une question de bon sens. Et notre coordinatrice est fantastique.

    Pour terminer, une question un peu chauvine, mais est-ce qu’il y a des séries françaises qui vous ont marquée ?

    Je ne vais pas être très originale mais j’adore Dix pour cent, évidemment. C'est une excellente série. Et je suis aussi très fan d'Engrenages [renommée Spiral au Royaume-Uni, ndlr]. Les Français font de très bonnes séries ! Les gens disent toujours que les Britanniques sont très forts pour les séries mais ils ne voient pas toutes les séries britanniques qui sont diffusées, et heureusement. (rires)

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