Tout l'histoire juive étant une histoire de quête et de préservation d'identité exclusive, la meilleure manière (et la seule choisie par plusieurs films depuis 4 ans) est de confronter le "fait" juif lorsqu'il est revendiqué par d'autres.
Ce n'est pas le moindre signe d'intelligence du scénario.
C'est un film fleuve comme on en voyait dans les années 70/80, preuve qu'ils ont réussi à débloquer de vrais budgets. On voit la vie d'un jeune éthiopien catholique qui, pour survivre, est propulsé juif malgré lui sur une vingtaine d'année (comme ce qui s'est passé en URSS avec le canal juif). Donc le casting a son importance et il est plutôt réussi, même si l'acteur du dernier âge est plus … passif.
C'est beau, mélodramatique en diable, bourré d'astuces qui font rire, pleurer ou penser. Bref au niveau sens, c'est quand même une sacrée réussite, même si on ne dépasse pas le raisonnement scolaire.
L'autre qualité, c'est de montrer la complexité des comportements d'un Israël "blanc". Sans parler des clivages politiques et intellectuels. Le plus fort étant sans doute les scènes de doute de Rodschy, en activiste de gauche ultra "nationaliste". Le personnage le plus contemporain du film en quelque sorte, et le moins manichéen. Le plus sympa étant le papy des Kibboutz, emblématique de l'humour Yiddish, bien qu'égyptien. La plus émouvante étant évidemment la mère d'adoption, sacrément bien jouée.
L'acteur est beau, ses femmes et ses (nombreuses) mères le sont encore plus. Pour une fois que le propos militant est en plus esthétique, on ne va pas s'en plaindre.
Tous les sujets sont abordés, et c'est sûrement le film le plus complet et le moins partial sur l'Israël d'aujourd'hui, ce qui n'est pas la dernière de ses qualités.
C'est long, mais tellement diversifié que l'on ne s'en aperçoit pas. Il y a quelques invraisemblances, mais dans le rapide mouvement, rien de cassant.
Un beau projet en tout cas, européen par ailleurs, ce qui permet de montrer encore une fois qu'on est plus fort à plusieurs que tout seul (ce que la qualité des premières productions européennes n'avait pas réussit à démontrer !).
Dommage que la "coïncidence" de la fin soit aussi bâclée, même si la fin véritable 30 secondes plus tard est extrêmement forte, symbole de toutes les diasporas et séparations du monde chaotique actuel.