Young-Goon (Lim Soo-Jung) “est persuadée d’être un cyborg. Elle refuse de s’alimenter préférant sucer des piles et parler aux distributeurs automatiques” : elle aime les machines car ces dernières ont un sens, elle a peur de l’oralité (angoisse de perte), elle est traumatisée par sa grand-mère alzheimerisée (cette dernière ne mangeait que des rat-dits et se pensait comme mère de… souris). Il-Soon (Jung Ji-Hoon alias ‘Rain’) est un schizophrène, anti-social, cleptomane et narcissique, il a peur de disparaître (angoisse de mort-scèlement), c’est pourquoi il vole les qualités des gens… Mais l’avoir ne remplace pas l’être. Il a surtout le pouvoir du transfert car il connaît la puissance des signifiants. Ce pouvoir restera stérile jusqu’au jour où il ‘tombe amoureux’ de Young-Goon. Là, il croit en elle, et, la faisant dépasser ses peurs, grâce à l’imaginaire intensifié qu’ils ont bientôt en commun, parvient à se défaire de sa mère. Le transfert devient d’amour et… le sens de la vie montre enfin son échec. Psychanalytiquement parlant (car PCW, en plus de sa formation philosophique et de son génie artistique, semble y comprendre l’essentiel), le psychotique Il-Soon se sauve de son enfermement en sublimant ses représentations pour sauver la bordotique Young-Goon de la forclusion du réel. En effet, la rencontre, dans l’Amour, d’une traversée par la parole fantasmatisante(métempsychose) et d’une traversée par la métonymie du manque-à-être (désir débordotisant) dépasse la fin d’un monde incompris pour se jeter dans l’incompréhension d’un monde renaissant. Ces travers sont des trajets transhumanistes, secret du film, magnifiquement incarné par l’évolution de Young-Goon : “I’m not a psycho, I’m a Psyborg !”. Ce n’est pas une question de sens, c’est une question de jouis-sens… Ajoutez-y un massacre à la John Woo, de la féérie à la Tim Burton, une palette humoristique interminable et une fin aussi savoureuse que pleine de promesse, et vous avez un trésor de scènes anthologiques do