A réalisateur cinglé, film cinglé. Il est permis d'en dire temps sur Park Chan-Wook au vu de ses précédents films qui, s'ils ne l'annoncent pas comme un fou furieux, nous ont donné l'impression qu'il était tout de même un brin déglingué. Ces histoires poisseuses de vengeance (l'inoubliable "Sympathy for Mr. Vengeance", le tenace "Old boy" et le ratage "Lady Vengeance"), mettaient donc en avant une évidente obsession personnelle. Ici, le réalisateur sud-coréen s'offre un film novateur, autant pour lui que pour l'histoire de la romance, dans lequel un fou tombe amoureux d'une folle se prenant pour un cyborg. Il s'agit donc d'une comédie romantique et forcément, rien qu'à la vue des images, le film se veut décalé et ludique. Mais en réalité, tout cela vire rapidement au grotesque. Après 5 minutes d'originalité, "Je suis un cyborg" s'embourbe dans la thérapie de groupe, avec fantasmes dégénérés et humour graveleux, esthétique de chambre d'enfants et surréalisme poussé. Il en résulte une oeuvre certes originale, mais d'un ennui et d'un gaminerie considérable. Rien n'est drôle ni touchant, et passée la surprise du début, difficile de faire autre chose que de fermer les yeux et se boucher les oreilles devant ce vomi de couleurs pastels, ce magma de grand n'importe quoi ou acteurs et musique nous assourdissent d'un bout à l'autre. A vouloir faire inventif, Park Chan-Wook signe donc un bloc de délire solitaire, hystérique et incompréhensible, matraqué de symboles enfantins dont le sens nous échappent à plusieurs reprises. Et à cause de son overdose d'idées mal exploitées, le film nous plonge dans l'ennui le plus insupportable qui soit.