Hôtel Desire est un moyen métrage qui ma foi est une très belle réussite, exploitant parfaitement son format, et offrant un excellent résultat visuel.
Coté acteur ca tient très bien la route, même si clairement, étant donné la durée du film et le minimalisme de l’intrigue tout le métrage tourne autour de Saralisa Volm, personnage essentiel du film. Elle joue avec une grande justesse un personnage assez simple mais traité avec une rare finesse. En une demi-heure Moya pose un archétype de femme aux limites de plusieurs confluences : le conte, le film sentimental, le film érotique, le film réaliste. C’est très bien maitrisé et le mot réellement qui ressort de la prestation de Volm c’est celui de précision, tant dans ses attitudes, ses gestes, ses émotions.
Le scénario est simple, mais comme dans la plupart des métrages courts. Il ne se contente pas pourtant de survoler son sujet. Moya en effet donne une grande consistance à son film. Il y a une histoire, des choses graves qui sont dites, et de l’émotion, belle qui affleure dans la deuxième partie dans un érotisme évident. Moya utilise fort bien ses trente minutes, évitant par ce choix de format, difficile pourtant, les longueurs intempestives et les inutilités, et c’est vrai que bien des films érotiques pourraient privilégier ce genre de format pour gagner en force. Belle fin par ailleurs.
Visuellement c’est là le meilleur d’Hôtel Desire. La mise en scène est brillantissime. Le réalisateur est surprenant, offrant une maitrise impressionnante, notamment dans la séquence érotique à la fin. Il y a une force artistique indéniable, et il fait passer à la fois la sensualité charnelle et la puissance des sentiments. Remarquable travail de réalisation qui me laisse espérer de la part du réalisateur de bonnes choses pour la suite. La photographie, pleine de fraicheur, de couleurs pastels, alternant par moments avec des scènes grisâtres (volontairement) témoigne elle aussi d’une totale recherche esthétique et symbolique, et le choix du lieu de l’action, un grand hôtel de luxe était tout à fait judicieux. Je ne reviens pas sur l’érotisme du film, une sommité en la matière, et je passe directement sur la bande son. Elle est un pivot d’Hotel Desire. Elle est omniprésente et elle transcende complètement l’ensemble, montrant à quel point c’est important pour un film d’être porté par une musique soignée et totalement en adéquation. Elle achève de parfaire là un petit chef-d’œuvre.
Car oui, j’ose, je donne la note maximale à ce moyen-métrage. Tenant compte évidemment de sa durée, qui ne permet pas d’envisager le même travail narratif que pour un long métrage, Hotel Desire atteint une perfection formelle rare. Parfaitement conduit par des acteurs concernés, il développe aussi une réelle profondeur de sentiment et d’émotion. C’est une excellente découverte que j’ai fait là, un grand moment de poésie qui vaut le coup d’être vu.