Je pense que les salauds est un film important. Important pour une raison toute simple, tout comme par exemple Holy Motors, ça change de ce que l'on est habitué de voir, ça change de ce que l'on veut voir, ça change de ce que l'on nous force à aimer par paresse intellectuelle. Le film est difficilement classable, on ne peut pas forcément mettre de mots dessus. On n'est pas encore dans le trip total à la Lynch ou Grandrieux, mais on s'en rapproche avec ces scènes qui n'ont pas de lien narratif explicite entre elles (au spectateur d'être assez malin pour faire le lien), rien n'est jamais trop expliqué, (tant mieux d'ailleurs) et surtout avec ces scènes d'errances, une musique sourde, lancinante, d'une douce violence qui vient accompagner des scènes caméra à l'épaule, tremblotantes, magnifique.
J'aurai d'ailleurs aimé que tout le film soit comme cela, le reste étant un peu plus conventionnel. Et encore.
J'aime beaucoup au début ces scènes de drague entre Lindon et Chiara Mastroiani... Lindon qui débarque pour dire que sa chemise n'est pas repassée. Classe. Et puis on voit le corps nu de Mastroiani, dur de la qualifier de laideron, elle n'a peut-être pas la beauté pure de ses parents, mais elle a un charme énorme.
Mais tout ceci n'est rien comparé à cette ambiance désespérée, malsaine, très sombre, sans aucun espoir. Cette scène où le médecin (la première) explique l'état de sa nièce à Lindon... Violent. On a un pur film sensoriel où il ne faut pas forcément chercher à tout comprendre, à tout saisir, tout ceci n'a pas forcément de logique, de morale, toutes les intrigues ne sont pas résolues... Tant pis, tant mieux.
Le film se termine sur une des fins les plus fascinantes qui puissent être, ces images, cette musique, ce générique. Je peux comprendre qu'elle puisse choquer, qu'on puisse la trouver "trop". Mais c'est la conclusion parfaite du film, du ton du film. Sans parler de l'ambiance qui se dégage de cette fin. Conclusion logique absolument "magnifique", vraiment marquante et il fallait oser.
Les salauds est un film imparfait tout ce que l'on veut, on peut ne pas adhérer, mais si on se laisse emporter, quel univers... quelle puissance.