Pour une fois le changement de titre (qui plus est pour un autre en anglais) paraitra salutaire : c’est bien aux états de Grace, maîtresse à bord d’une arche pour enfants défavorisés – même si le mot est banni – qu’on assiste durant la courte heure et demie de cette petite perle indépendante. Un bijou d’authenticité simple, de vérité pure, où chacun tente de se construire à sa manière, avec son histoire, ses moyens, ses besoins, ses handicaps. Enfants trouvés, martyrisés, frappés, violés, ils ont tous eu une jeunesse très dure, mais ensemble, malgré les disparités, ils parviennent à s’appuyer et se guider l’un l’autre. On les observe, sortes de Detachment de Poètes disparus Entre les murs de l’institut Short term 12, comme le poisson rouge dans son aquarium. A l’image de son héroïne, le film apporte un regard franc et honnête, fragile, profond, d’une infinie délicatesse, qui ne baisse pas les yeux ni se vautre dans les larmes. Inspiré de la propre expérience du jeune réalisateur, qui en a d’abord tiré un court dont il fera sa thèse, ce petit joyau mérite amplement les olas dans les festivals indépendants et les critiques dithyrambiques qui accompagneront sa sortie : on tient bien là un trésor.