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    HEIMAT II – L’exode
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    29 critiques spectateurs

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    anonyme
    Un visiteur
    4,5
    Publiée le 3 janvier 2014
    En 2013, Edgar Reitz enrichit sa fresque historique d'un diptyque fascinant : Chronique d'un rêve - L'Exode, soit près de quatre heures de film en noir et blanc dans le dialecte du Hunsrück, région montagneuse de la Rhénanie-Palatinat et de la Sarre.

    En 1842, la misère (Das Elend) a gagné la patrie, le foyer (Die Heimat) ; elle pousse les habitants du Hunsrück à fuir vers un autre pays (Das Elend, par étymologie) pour trouver le bonheur (Die Heimat, par extension). Voilà tout l'aspect intra et intersubjectif de la problématique de l'émigration résumé par l'opposition entre deux termes ; il est d'ailleurs dommage que le titre original, Die Andere Heimat (L'Autre Heimat), réduise la marge d'interprétation du spectateur. Et quelle langue magnifique, même dans son parler paysan, que l'allemand, injustement dénigré par la redoutable masse des hispanisants.
    Jakob, le narrateur, s'émerveille lui de la richesse lexicale des Amérindiens, dont une tribu désigne par exemple le vert de vingt-deux façons différentes, prétexte à une touche chromatique1. Coiffé d'une plume, un récit de voyage à la main, le cadet de la famille Simon rêve de quitter le Vieux Continent pour rejoindre le Nouveau Monde, au terme d'un voyage dont les conditions épouvantables sont rapidement évoquées ; tout empreint de romantisme, il se passionne pour l'ethnologie et la linguistique, ce qui amène l'explorateur Alexander von Humboldt à lui rendre une brève visite à la fin du film, sous les traits du réalisateur Werner Herzog.
    Mais la déception de Jakob se révèle à la hauteur de l'espoir qu'il couche par écrit en catimini, afin d'échapper aux coups de fourche de son père analphabète, dans son journal qui pourrait s'intituler : Vivre avec son temps, mais pas au bon endroit. L'oiseau migrateur est abattu en plein vol par ces quelques paroles, définition de la piété filiale selon Brel :
    "Et puis il y a la toute vieille
    Qu'en finit pas de vibrer
    Et qu'on attend qu'elle crève"2
    Pour les amarres larguer.
    Le fardeau parental change en effet de porteur lorsque l'aîné, Gustav, décide d'engager son chariot lesté de sa femme, Jettchen, dans la file en direction du Brésil. Il n'emporte alors de ses deux Mathildche3, l'enfant et la machine à vapeur qu'il a conçues puis enterrées, que le souvenir douloureux : la déception du narrateur, condamné à l'hiver, se révèle surtout à la hauteur du désespoir qui meut son frère.
    Or, le talent d'Edgar Reitz réside précisément dans sa capacité à introduire de la fiction dans une démarche clairement historique ; la période ou l'événement qu'il couvre, la société qu'il dépeint, ne le sont qu'au travers du quotidien d'un homme, Jakob, d'une famille de forgerons, les Simon, et d'un village, Schabbach. Choix révélateur, puisqu'il lui permet, d'une part, de se pencher sur le rejet de l'individualisme en milieu rural, d'illustrer la distinction établie par Tönnies entre Gemeinschaft (la communauté) et Gesellschaft (la société)4 ; d'autre part, de prouver que les petites gens s'intéressent aux affaires du pays, sinon du monde, à l'instar du vieil oncle presque sénile qui chantonne : "Par les montagnes, arrive la République tada !"
    Qu'importe qu'en 1842, la République soit bloquée quelque part dans les Ardennes : même les paysans de la région du Hunsrück, récupérée par la Prusse dès la chute du Premier Empire, crient "Liberté !" -en français dans la version originale. En parallèle de la revendication des droits civils et politiques, dits de première génération, les innovations technologiques se diffusent petit à petit dans les villages ; elles font ainsi prendre conscience au père du "bon à rien" de l'intérêt de savoir lire un manuel.
    Et pour revenir au style du réalisateur, Schabbach constitue sans doute le meilleur exemple de la synthèse qu'il opère entre fiction et histoire, dès lors qu'il se dégage du lieu, malgré le réalisme bluffant du travail de reconstitution, une atmosphère fantasmatique, résultat d'une photographie très douce et d'une bande son envoûtante composée par Michael Riessler.

    1. Le procédé est visible sur l'affiche.
    2. Jacques Brel, "Ces gens-là", 1966.
    3. Vilaine variante germanisée de mon prénom germanique.
    4. Ferdinand Tönnies, Gemeinschaft und Gesellschaft, 1887.
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 28 novembre 2013
    magnifique ! un fleuve d'émotions et d'informations sur une courte période d'histoire de quelques villages du Palatinat au milieu du 19ème siècle .image superbe en noir et blanc interprétation parfaite ,en particulier celle du jeune héros dont les rêves de départ vont être réalisés par d'autres..le jeune acteur n'est pas un professionnel mais personne n'aurait pu donner comme lui cette intensité et cette passion...
    ferdinand
    ferdinand

    12 abonnés 452 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 9 décembre 2013
    Heureusement, après l'assez laborieuse mise en place de Heimat I, tout s'arrange et c'est superbe et émouvant. Pour ceux qui seront étonnés de voir en 1842 la Rhénanie au pouvoir du roi de Prusse, c'est une conséquence des traités de 1815, où la Prusse (Blücher!) fut récompensée de sa participation à la défaite de Napoléon à Waterloo!
    guifed
    guifed

    54 abonnés 286 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 26 novembre 2013
    Dans ce deuxième volet, Heimat passe du rêve à la dure réalité. Pour les villageois, les pertes s'enchaînent, la nature se déchaîne. Jakob voit ses rêves s'envoler un à un, parfois balayés par des coups du sort, parfois extorqués par sa propre famille. Tous les évènements semblent tendre vers l'irrémédiable: l'exode, la fuite, l'abandon de la patrie décadente. Mais qui partira? On assiste encore a de belles scènes, mais elle sont moins nombreuses et moins fortes que dans le premier volet. L'histoire englobe cette fois tous les personnages, sans forcément se concentrer sur Jakob le rêveur. Au prix des étoiles qu'on avait dans les yeux après les deux premières heures. Etoiles devenues lugubres et obscures lunes, devant tant de désespoir et de malheurs. Il est clair que si vous cherchez un film pour vous remonter le moral, ne choisissez pas Heimat. Encore une fois, le milieu du film perd en force, avant de finir en apothéose. spoiler: Un dénouement en feu d'artifices noir, avec la lettre du frère lue par un Jakob bouleversé par des émotions contradictoires: entre la tristesse de voir sa mère mourir et le soulagement d'avoir des nouvelles du frère.
    Une fin à la hauteur de l'oeuvre: cruellement magnifique.
    Christoblog
    Christoblog

    743 abonnés 1 616 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 18 novembre 2013
    Edgar Reitz est l'auteur d'une série de 51 heures, retraçant sur trois saisons et un siècle (de 1919 à 2000) les destinées de plus de 200 personnages, à travers l'histoire d'un petit village allemand.

    Je fais le malin, mais je dois avouer que je n'avais jamais entendu parler de ce monstre, comparable par son ampleur à La Comédie Humaine, avant que le "prequel" dont je vais parler aujourd'hui ne soit présenté au dernier Festival de Venise.

    Edgar Reitz nous propose dans ces deux opus de deux heures chacun (Chronique d'un rêve, puis L'Exode) de se téléporter au milieu du XIXème siècle dans le même petit village de Schabbach, pour observer les ancêtres de la famille Simon dont les descendants fourniront le coeur palpitant de la série Heimat.

    Les deux films sont - indépendamment de la série que je n'ai pas vu - incroyablement marquants. La ... suite ici :
    Tumtumtree
    Tumtumtree

    151 abonnés 511 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 17 novembre 2013
    Ce second volet est plus maîtrisé que le premier. Rien dans le scénario ne vient perturber cette immersion dans l'Allemagne rurale du XIXe siècle. Plus simple, la mise en scène est totalement au service de ce récit et de la restitution des ambiances de ce monde perdu. Bien des passages de ces deux heures procurent une réelle émotion. (En revanche, ne tentez pas de voir "Heimat II" sans avoir vu le premier ; ça n'aurait pas de sens).
    anonyme
    Un visiteur
    4,0
    Publiée le 12 novembre 2013
    Deuxième volet du film réalisé par Edgar Reitz, "Heimat, l'exode" continue de nous raconter l'histoire de la famille Simon et en parallèle celle du plus jeune des fils Jakob. Rêveur, érudit, candide, le jeune héros de ce diptyque nous prend dans les fils de sa toile et nous partageons ses espoirs, ses peines, ses révoltes, ses colères. Le film ne tombe jamais dans le sentimentalisme et cette épopée est merveilleusement portée par le noir et blanc et des plans magnifiquement lumineux. Les quelques lenteurs de la première partie sont inexistantes ici et le spectateur sort de la salle avec cette impression d'avoir vu un grand film, un film à revoir !
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 11 novembre 2013
    Même critique que pour la première partie, le film est un tout !

    Film allemand, en noir et blanc, en 2 parties, dans la campagne prussienne du XIXe siècle, une bande annonce austère qui rappelle l'univers sombre à la Haneke du ruban blanc...
    Ne vous laissez pas impressionner ! Au bout d'1/4 h à peine, j'ai été captivée... Plus de 4h de film, mais quel film !! On devine le travail de titan qui ne se souffre côté scénario, photo, montage... d'aucune pesanteur à l'écran.
    Lorgnant du côté de la lumière, ce film peut conquérir le coeur de tous les publics : hymne social, humaniste et poétique, savourant l'aspiration au voyage et la connaissance de la culture de l'autre, l'étranger à la Levi-Strauss...
    Nombre spectateurs auront passer le chemin au vu également de critiques dithyrambiques réservées habituellement aux oeuvres dites élitistes et intellectuelles. Jeunes gens, ne passez pas à côté de ce chef d'oeuvre, à voir impérativement sur grand écran !
    Kinopoivre
    Kinopoivre

    29 abonnés 200 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 8 novembre 2013
    Petite curiosité, qui montre combien la presse fait bien son travail : TOUS les journaux indiquent que le titre du second épisode est... le même que pour le premier, seul le numéro change. Les sites de cinéma comme Internet Movie Database et le français Allociné y compris.

    Messieurs, si vous saviez lire, vous auriez pu voir sur l’écran, au début du film, qu’il s’intitule différemment du premier épisode, comme on peut le lire très clairement : « Die andere Heimat - Der Traum vom Auswanderung ».

    Précisons, pour ceux qui ne comprennent pas l’allemand, que cela signifie « Le rêve d’émigration » (et accessoirement, que « Die andere Heimat » veut dire « l’autre patrie »). Le premier épisode, en allemand s'intitule « Chronique d'un rêve secret ». Cette indication ne figure nulle part ailleurs, et surtout pas dans les journaux, apparemment !
    GnAwA
    GnAwA

    88 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 4 novembre 2013
    Une surprenante chronique historique, l' image n&b ponctuée de subtiles couleurs (idée géniale et inédite?), le souffle du jeu d' acteur contrebalancent magnifiquement cette Prusse rurale archaïque du 19e, où la vie en communauté protestante ne tient plus confrontée à la misère. Lueurs d'espoirs grâce aux lointaines contrées exotiques des colonies, aux idées révolutionnaires de la république et à la soif de connaissances issue des Lumières. Voilà un cinéma subtil et délicat, loin de l' arrogance trash de Haneke.
    Flore A.
    Flore A.

    33 abonnés 518 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 1 novembre 2013
    Cette fresque magnifique sur la vie d'une famille paysanne allemande du 19 ème est très bien mise en scène et interprétée : un grand souffle de romantisme, l'âpreté des conditions de vie de l'époque, les inégalités, des rêves de liberté et d'ailleurs, ... Une réussite.
    ninilechat
    ninilechat

    68 abonnés 564 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 30 octobre 2013
    Tout est déjà dans ma critique de Heimat I, puisqu'en fait il est bien absurde de séparer en deux ce continuum, je dirais cependant que la seconde partie est encore plus forte que la première.
    mem94mem
    mem94mem

    95 abonnés 557 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 11 novembre 2013
    Encore mieux que l'opus I. C'est plus long, il y une dramaturgie plus conséquente, plus d'émotions. Même attachement aux détails de la vie quotidienne, travail de la terre essentiellement.. Que vive Edgar Reitz et qu'il nous livre une suite.
    Patrick Braganti
    Patrick Braganti

    84 abonnés 375 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 25 octobre 2013
    On aurait pu penser que l’ambition colossale d’Edgar Reitz n’irait pas au-delà. Il n’en était rien, et tant mieux puisque sortent aujourd’hui simultanément deux longs-métrages – dont la durée totale avoisine les quatre heures – intitulés Chronique d’un rêve et L’Exode. Rapportés à la chronologie, il faut voir les deux films comme un préambule. Les producteurs hollywoodiens ont d’ailleurs baptisé le dispositif, qu’ils développent de plus en plus pour des motifs de rentabilité et d’épuisement, peut-être, de l’inspiration, ‘préquel’, soit une œuvre dont le déroulement précède une œuvre antérieurement créée, portant donc en elle les racines, les causes ou les fondations de l’histoire à venir. En situant Heimat 1 & 2 dans les années 1842 et suivantes, c’est exactement à ce schéma auquel obéit le réalisateur allemand.
    Au cœur de la Rhénanie, dans un village imaginaire, la misère et la famine règnent, disséminant les familles de paysans encore appauvries par l’infortune des récoltes et par l’arbitraire des gouvernements successifs. Ne voyant aucun avenir à rester dans un pays synonyme de mort, les Allemands émigrent en masse en Amérique du Sud, principalement au Brésil. Chez les Simon, dont toute la descendance peuplera la trilogie-fleuve, seul Jakob l’érudit qui préfère plonger dans les livres plutôt que participer aux travaux des champs pense à l’exil et couche ses rêves et ses réflexions dans son journal. Les coups du sort et les retournements de situation dans une cruelle ironie mettront à mal ses desseins, la désillusion suivant l’instant éphémère des songes les plus fous.
    Heimat 1 & 2, à l’aune de la trilogie qui l’a précédé, est une immense fresque romanesque qui conjugue brillamment une chronique individuelle, celle d’une famille et de la communauté protestante à laquelle elle appartient, avec le destin collectif d’une nation en déliquescence, incapable d’offrir des perspectives à son peuple. Mais la force du diptyque, qui pourrait se générer elle-même dans son sujet, s’origine également dans une qualité formelle époustouflante. Les deux films sont tournés en noir et blanc, hormis quelques touches de couleur nullement fortuites, à la résonance symbolique évidente, avec une netteté remarquable, un travail exceptionnel sur les contrastes. Si par son ancrage et son propos, on pense facilement à propos de Heimat 1 & 2 au Ruban blanc de Michael Haneke, vient aussi à l’esprit le nom du hongrois Béla Tarr pour la composition lyrique en plans larges des paysages qui paraissent vouloir ramener l’humain à sa proportion paradoxale, unique et fragile. Au gré des saisons, des étés chauds aux hivers glaciaux et meurtriers, les paysages témoignent des batailles internes et externes menées par des gens de peu, écartelés entre la peur de tout quitter (un aller qu’ils savent sans retour possible) et la persuasion de courir à l’échec, donc la mort, en choisissant de rester.
    Par l’opposition qui existe alors entre catholiques et protestants, mais plus sûrement par le phénomène de l’émigration forcée qu’ils décrivent, les deux films débordent largement leur temporalité et s’inscrivent judicieusement dans notre histoire la plus contemporaine, illustrant la persistance et la continuité des mouvements migratoires, hier dans une direction, aujourd’hui dans une autre opposée. C’est pourquoi il ne faut surtout pas se priver d’un bonheur de cinéma en découvrant cette œuvre parfaitement réussie et maitrisée qui touche à l’universel, sans se départir de sa culture originelle : le romantisme incarné par la figure du déchirant Jakob et l’esthétisme de l’expressionnisme. On touche au firmament.
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