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    Le Bouton de nacre
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    LBDC
    LBDC

    85 abonnés 297 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 3 novembre 2015
    Le documentariste Patricio Guzmán nous raconte l’histoire géographique et humaine de son pays, le Chili, en prenant comme point de départ ses relations avec l’eau. Cette réflexion puise son origine dans son précédent documentaire, Nostalgie de la lumière, où le cinéaste confrontait la recherche des astronomes du VLT (Very Large Telescope) dans le désert d’Atacama avec la quête des familles de victimes de la dictature de Pinochet pour retrouver les restes des disparus dans ce même désert. On nous y apprenait que regarder les plus lointaines étoiles dans l’Univers, c’était voir le passé. Les scientifiques levaient alors les yeux vers le ciel le plus pur, alors que les familles de victimes foulaient un sol ensanglanté. Tous étaient à la recherche d’une lumière désormais disparue.

    Acclamé unanimement par la presse et le public, Nostalgie de la lumière était la rencontre poétique entre l’infiniment grand et notre condition humaine, fragile et tragique. LE BOUTON DE NACRE reprend le même dispositif filmique en proposant de raconter l’histoire du Chili au travers du regard des amérindiens, autochtones de la Patagonie (extrême sud du pays). Le Chili partage sa plus grande frontière naturelle avec l’Océan Pacifique, pourtant les colons ne sont jamais devenus véritablement de grands marins. Au contraire des amérindiens qui pouvaient voyager sur d’immenses distances dans de frêles embarcations.

    Peu d’habitants originels de la Patagonie subsistent aujourd’hui. Le film essaye alors de recomposer un paysage impressionniste à partir des témoignages des quelques personnes encore vivantes, d’archives photos mystérieuses et d’une anecdote qui a traversé le temps depuis la première rencontre avec les colons : celle du bouton de nacre.

    La première partie du BOUTON DE NACRE est assez décousue, il est parfois compliqué de passer de la géographie du Chili, à l’évocation des peuples premiers en passant par l’histoire de ce simple bouton. Patricio Guzmán est doté d’un admirable « esprit d’escalier » qui déroute autant qu’il fascine. Notre implication dans le déroulement du film doit énormément à la beauté majestueuse des étoiles, comètes, lacs gelés et vues du ciel, mais surtout à la propre voix de Patricio Guzmán qui fait preuve d’un grand talent de conteur.

    Il faut accepter de se laisser porter pour entrer pleinement dans le film. En le prenant comme le récit d’un mythe et non une tentative de reconstitution historique, on savoure davantage cette balade contemplative.
    Cependant, par rapport à Nostalgie de la lumière le dispositif documentaire s’est érodé. On sent parfois l’envie de répéter une recette qui a marché dans un contexte différent. L’obsession de ramener l’histoire des autochtones du Chili à la voûte céleste n’est pas toujours légitimée. De même pour évoquer une fois de plus la dictature de Pinochet.

    Ce qui chagrine le plus, c’est de ne pas entendre davantage les derniers survivants de la culture autochtone s’exprimer. D’un côté on sent très fortement que Patricio Guzmán a tissé un lien privilégié avec ces personnes. De l’autre, leur parole est fragmentaire, reléguée à une place secondaire par rapport à sa propre narration en voix-off. Ce dispositif marchait très bien pour Nostalgie de la lumière car l’auteur invoquait des disparus. Ici, il oublie un peu vite que des membres de cette culture autochtone (même peu nombreux et vieillissants) devraient être au centre de son récit, plutôt que de le ramener à lui-même ou à l’épisode totalitaire du Chili.

    LE BOUTON DE NACRE de Patricio Guzmán pêche ainsi par certains côtés comme Nous venons en amis de Hubert Sauper. Le documentariste endosse la culpabilité de la civilisation occidentale et de ses crimes envers les peuples qu’elle a colonisés. Cette démarche semble tellement lui peser, qu’il passe plus de temps désormais à nous expliquer en quoi et pourquoi nous sommes coupables, plutôt qu’à donner l’occasion aux victimes de cette même civilisation de s’exprimer. Le résultat paradoxal est qu’en prétendant parler en leur nom, le documentariste leur confisque la parole, et réactive en même temps la violence symbolique qu’il prétendait dénoncer.
    Ce biais est moins flagrant chez Patricio Guzmán que chez Hubert Sauper, car le premier prend soin de ménager quelques espaces d’expression aux autochtones. Ces moments sont très simples, mais on s’en souvient pourtant beaucoup plus que les magnifiques plans de nature et du cosmos qui peuplent la grande partie du film.

    En recourant au mythe, Patricio Guzmán réussit une nouvelle fois à connecter plusieurs dimensions de l’existence, mais il succombe parfois à des facilités poétiques qui l’éloignent de son parti-pris originel : raconter l’histoire du Chili du point de vue des amérindiens.
    Le voyage bercé par la voix du réalisateur est agréable. Au regard de son précédent film, difficile toutefois de garantir qu’on en ressorte véritablement bouleversé.
    Frédéric P
    Frédéric P

    14 abonnés 185 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 13 décembre 2015
    Superbe documentaire qui à travers un bouton de nacre fait le lien entre les violences coloniales du passé et celle de la dictature de Pinochet. L'horreur de l'opération Condor. contre les opposants devient concrète grâce à une reconstitution d'un genre nouveau.
    Réalisation soignée qui met en valeur les derniers survivants des populations amérindiennes de Patagonie dont on entend la langue. "Dieu" et "police" sont des mots intraduisibles dans leur langue, car pour Gabriela, une des dernières locutrices, ils n'en ont pas besoin.
    On réalise ce qu'est un crime contre l'humanité quand les cadavres ne sont pas rendus.
    Guzman filme l'océan et les croyances cosmiques des indigènes en leur rendant leur dignité.
    Xavier_Bonastre
    Xavier_Bonastre

    1 abonné 9 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 8 novembre 2015
    Si le commentaire en voix-off (dit par le réalisateur lui-même) n'avait pas été psalmodié à la manière d'un Jean-Claude Ameisen ("Sur les épaules de Darwin"), peut-être n'aurais-je pas sombré, dès les premières minutes du film, dans une profonde somnolence, de laquelle seuls la beauté des images et l'intérêt historique du propos réussirent à m'extirper par moments.
    Cinemaniakmontreal
    Cinemaniakmontreal

    16 abonnés 103 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 31 mai 2016
    Le bouton de nacre: le vague à l’âme sincère et touchant d’une œuvre aboutie qui condamne l’impunité des crimes commis sur les Indiens au Chili depuis des siècles.♥♥♥♥1/2

    Dans son documentaire Le bouton de nacre, le prolifique Patricio Guzman continue de questionner les fondements de son pays, le Chili, au moyen d’une poésie visuelle, souvent philosophique, qui ne perd jamais de vue un désir d’authenticité. Réalisateur de La nostalgia de la luz, il avait à l’époque entamé un travail de recherche sur le désert d’Atacama, au nord du pays, afin d’honorer la mémoire des victimes disparues sous le régime militaire de Pinochet. Il nous offre ici une plongée abyssale, parfois teintée de lumière, sur la Patagonie et ses multiples paysages (glaciers, montagnes…) faisant de nouveau apparaître une corrélation entre les éléments naturels, le cosmos et les différents massacres politiques.

    La Patagonie: le plus grand archipel au monde, collection d’îles mais surtout de vies, abandonnées à leur sort, ne laissant comme héritage qu’un langage dont le fil conducteur serait l’eau, à travers une vingtaine de descendants d’Indiens. L’eau, c’est la frontière du Chili. En partant de ce constat, le réalisateur retourne aux origines de son apparition dans un simple morceau de quartz qui l’achemine sur Terre. Puis, il nous présente ses propriétés ainsi que ses forces au gré d’images saisissantes, en contre-plongée, d’une nature qui se veut diversifiée, calme, silencieuse et reposante. On entend jusqu’au craquellement des glaciers qui s’effritent, appuyé par un mixage du son en surimpression et de longs plans mettant l’accent sur son immensité. Il se dégage alors quelque chose de métaphysique de ces décors vivants évoquant le cinéma de Terrence Malick grâce notamment à des vues aériennes et lancinantes d’où émane une poésie douce et triste à la fois.
    L’eau est un langage.

    L’eau est aussi le véhicule naturel qui amena les colons à découvrir, puis à détruire, avant 1880, les Indiens et leur mode de vie ancestral. Rapidement traités de brigands et de hors-la-loi, leur processus d’extermination s’étalera sur 150 ans, au moyen de chasseurs d’Indiens ou indirectement, par la dissémination de bactéries mortelles. Quant aux survivants, ils seront laissés à l’abandon, ou pire, déportés sur leurs propres îles (notamment celle de Dawson). Longtemps les Indiens du sud ont été invisibles, s’identifiant à la nature dans le but de survivre. C’est alors par le biais de photographies en noir et blanc que l’on découvre ces nomades de l’eau qui naviguent en canoë à travers les îles en cinq groupes bien distincts: les Kawesqar, les Manekenk, les Selknam, les Telhuelches et les Yagan. Gabriela est une des dernières descendantes du peuple Kawesqar (elle n’est pas Chilienne, comme elle se plaît à le préciser) affirmant sa forte appartenance à la terre tandis que l’eau, une partie intégrante de la famille, agit à titre de mère. Plusieurs siècles séparent cette dernière du narrateur, deux exilés qui ne partagent pas le même mode de vie, ni les mêmes valeurs ancestrales. Il ne connaît pas, entre autre, l’histoire de Jemmy Button, cet indigène que le Britannique Robert Fitzroy a ramené en Angleterre avec trois autres autochtones dans l’intention de les civiliser. On lui a coupé les cheveux et appris l’anglais. On l’a habillé et instruit. On l’a surtout déraciné à sa culture pour, une fois bien apatrié, le renvoyer et l’abandonner dans son pays. Il s’est alors littéralement mis à nu, dans l’intention de redevenir la personne qu’il était précédemment. Le prix à payer pour ce voyage initiatique? Un bouton de nacre en échange de son identité bafouée.
    « Nous sommes tous les ruisseaux d’une seule eau ».

    Un peu plus tard, tandis que d’autres Indiens étaient de nouveau envoyés sur l’île de Dawson (devenu un camp de concentration), ce même bouton sera le seul vestige retrouvé sur les rails qui écrasaient les cages thoraciques et lestaient les corps des victimes qu’on envoyait au fond de l’océan. L’histoire se répète. L’Homme n’apprend pas de ses erreurs et la cruauté n’a plus de limites. À la manière de Nuit et brouillard, le réalisateur pratique une reconstruction méthodique, quasi chirurgicale, basée sur les écrits historiques de Marta Ugarte qui laissent entrevoir l’abomination des actes perpétrés ainsi que la torture infligée aux partisans de Salvadore Allende, suite au coup d’état du 11 septembre 1973 par le dictateur Pinochet. Étrangement, le nom de Pinochet ne sera jamais prononcé, comme pour oublier un personnage à qui on ne souhaite pas donner vie pour effacer l’horreur et croire en des jours meilleurs.

    Si l’eau est source de vie, elle est aussi source de musique à travers des personnages plus atypiques les uns que les autres, tels que Claudio qui chante et utilise sa bouche comme caisse de résonance pour émettre des vibrations. Il fait alors parler la mémoire de l’eau.Il faudra attendre les années 1990 pour qu’un juge, mu par l’idée de rédemption, ordonne une exploration sous-marine afin de récupérer ces corps balancés d’hélicoptères au-dessus de l’océan.

    Ne pas rendre les corps, c’est tuer une deuxième fois selon Raul Zurita, grand poète Chilien. Pour le réalisateur, ce bouton n’est que la pointe de l’iceberg et laisse émerger l’idée qu’il en existe d’autres perdus dans les fonds marins que les moyens actuels ne permettent pas de retrouver. Dès lors, on comprend mieux le rapport que les indigènes entretiennent avec l’eau: une certaine admiration mêlée de crainte (le narrateur restera à jamais hanté par l’image de son camarade de classe emporté par la mer). Malgré tout, les anciens la respectent encore énormément.

    Présenté en 2015 au dernier Festival de Berlin, Le bouton de nacre a légitimement mérité l’Ours d’argent du meilleur scénario et le prix du Jury œcuménique. Il puise sa force dans l’opposition constante entre ceux qui vivent avec et ceux qui vivent contre la nature, sans jamais noyer son récit sous un flot de fioritures et d’artifices en tout genre. Avec beaucoup d’humilité, sans jamais sombrer dans l’amertume, lui préférant de loin des paraboles pleines de sens et d’espoir, Patricio Guzman fait la lumière sur un passé honteux que l’on a cherché à oublier. Finalement, ce bouton de nacre, si petit, si ridicule ne constitue pour le spectateur qu’une preuve matérielle, sous une forme allégorique, déclencheur d’une réflexion sur le souvenir de mémoire, loin des formes conventionnelles propres au documentaire.
    Noé T
    Noé T

    8 abonnés 212 critiques Suivre son activité

    2,0
    Publiée le 3 janvier 2018
    Un film touchant par rapport à l'histoire racontée, mais dans l'ensemble pas terrible car je n'aime pas trop le genre documentaire, mais je comprend les critiques positives de ce film...
    anonyme
    Un visiteur
    3,0
    Publiée le 1 décembre 2015
    "...D'abord, le répertoire des images sur l'eau et son bruit nous offre les moments les plus enivrantes de tout le métrage et ils ne nous font pas sentir le passage du temps pendant qu'on regarde le film. Le mérite des paysages chiliens bien sur qu'ils n'appartient pas au réalisateur, mais au moins on sait qu'il arrive à transporter la beauté du coté sauvage chilien à nos écrans. Des fois on tombe sur des effets par ordi pas trop rudimentaires qui nous rappellent par moments à Malick sur une overdose de new-ageism, mais ces moments se voient sauvées grâce à la narration de Guzmán.

    Parce-que la narration c'est peut-être la clé de l'enjeu du film. La voix posée de Guzman sert de véhicule poétique aux belles images projetées. La façon dont il récite, en sorte de poète, nous lasse conduire pour un texte claire et direct qui révise son enfance et sa jeunesse en relation à la mer et la pluie. Tout cela condensé avec l'histoire chilienne dans la région de la Patagonie...."

    Lire la critique en entier sur:
    anonyme
    Un visiteur
    4,0
    Publiée le 12 avril 2016
    Dans Le bouton de nacre, Patricio Guzman revisite l’histoire tourmentée de son pays, le Chili, à travers deux événements, en tant que ceux-ci sont deux faits marquant une rupture et méritant d’être retenus, à savoir l’extermination des derniers Amérindiens de Patagonie et les disparus de la dictature d’Augusto Pinochet. Pour aborder ces deux pans de l’histoire chilienne, Patricio Guzman utilise le thème de l’eau comme trait d’union. L’eau avait en effet une importance majeure dans la culture et l’imaginaire amérindiens. Ces premiers habitants du Chili étaient en parfaite osmose avec la nature et le cosmos, dont les étoiles représentaient, à leurs yeux, la perpétuation des âmes défuntes. Patricio Guzman épouse quelque peu cette représentation du monde, ceci donnant lieu à des commentaires teintés d’ethnologie et des réflexions poétiques pouvant par moments tomber un peu à plat : n’est pas anthropologue qui veut. Toutefois, ces commentaires, notamment ceux du genre : « l’eau a-t-elle une mémoire ? » sont fort heureusement tempérés par des commentaires plus scientifiques de la part du réalisateur, qui nous rappelle là l’importance cruciale de l’eau. Ce thème est l’occasion de plans magnifiques de glaciers, de courants de l’océan, de ruisseaux. Ces plans sont d’autant plus captivants que ceux-ci sont accompagnés de sons, parfois de simples gouttes d’eau tombant au sol, donnant un aspect assez immersif. Bref, on est saisi par le côté sensoriel du film.

    Vous pouvez lire le reste de ma critique (accompagnée d'illustrations) ainsi que d'autres critiques sur mon blog :
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 7 novembre 2015
    Sublime !
    On est transporté par la poésie des idées et la beauté des images !
    Quelle tristesse aussi de voir le sort de ces indiens du sud Chili...
    anonyme
    Un visiteur
    4,0
    Publiée le 5 novembre 2015
    Film qui m'a permis de passer un très bon moment. Qui m'a également permis de découvrir des terres qui m'étaient jusqu'ici inconnues. J'ai aimé.
    tatanco
    tatanco

    1 abonné 5 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 12 décembre 2015
    Belles images, beau texte, très éducatif, un Chili inconnu...l'extrême sud, la vie et la mort !!! à voir absolument !!!
    anonyme
    Un visiteur
    5,0
    Publiée le 3 novembre 2015
    Très beau film, très belles images et surtout très émouvant ...
    anonyme
    Un visiteur
    2,5
    Publiée le 3 février 2016
    Le scénario était intéressent mais je suis resté sur ma faim, puisque j'estime que ce film pour une personne de 15 ans n'est pas vraiment adapté. Il faut avoir quelque connaissance pour comprendre une partie du film, ce que je n'avais as lors du visionnage.
    Cependant, la musique et les paysages étaient magnifiques et majestueux.
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