Ouf, nous sommes loin de la catastrophe annoncée, loin de mériter les quolibets légitimement essuyés par d'autres suites tardives à des succès initiaux de cet ampleur, Tanguy le retour étant le plus récent exemple en date. Peut-on parler pour autant d'une comédie générationnelle majeure qui fera date dans l'histoire du cinéma français ? Assurément non, et ce malgré toute la bonne volonté de Guillaume Canet pour donner de l'épaisseur à cet après Les petits mouchoirs, pour créer une dimension « auteurisante » autour d'un simple film de potes en vacances. Or c'est ici que le bât blesse : ne pas assumer la création d'une œuvre purement récréative, de simplement retranscrire le plaisir d'une galerie d'acteurs accumulant les collaborations (on ne compte plus les affiches associant Canet/Lellouche/Dujardin), ne pas se consacrer exclusivement à l'écriture de situations drôles sous prétexte de « message profond » à délivrer au spectateur. Nous finirons ensemble n'est pas un cas à part, on peut même parler d'une certaine récurrence ces derniers temps dans le cinéma hexagonal. Comme si, par une volonté exacerbée de se démarquer des comédies grand-guignol, il fallait absolument vendre une mélancolie en parallèle, une indicible souffrance face au temps qui passe et la précarité de la vie. Le grand bain, signé...Gilles Lellouche, fut l'étendard de cette tendance l'an dernier. Or cet enchevêtrement de micro-intrigues sentimentalo-financières sonne assez largement comme du remplissage pour amener le film à une durée injustifiée de 2h15, on ne voit pas l'utilité par exemple de tout l'arc narratif autour de l'ex-femme de Max venant squatter la baraque « historique » et y inviter des intrus (on a de la peine pour un José Garcia en autocaricature) ou encore du rebondissement grossier de dernière minute amenant tous les personnages dans une recherche effrénée. Toute la structure est bancale, au lieu de s'appuyer sur le déclin de Max, l'ancien riche faisant étalage de sa fortune pour épater la galerie dans le premier volet, qui aurait pu constituer un véritable fil rouge. Et malgré ce défaut d'ambition artistique démesurée (sans aller jusqu'à dire prétentieuse), le film parvient à sauver les meubles grâce aux passages jeux de société/sorties festives qui parleront à tout le monde, nous offrant un avant-goût réjouissant de l'été en approche. Les scènes collectives fonctionnent très bien, notamment celle se passant entièrement dans la tête de François Cluzet, le cynique Max se laissant enfin envahir par les émotions au moment de prendre une décision cruciale. Le jeu survolté de Marion Cotillard dans la première demi-heure peut irriter mais se pose en cohérence avec le personnage, Benoit Magimel alterne le bon et le moins bon car pas aidé par son intrigue décousue, Gilles Lellouche fait du Gilles Lellouche, rôle qu'il tient à la perfection il faut le reconnaître, mention honorable aux running gags avec la baby-sitter, dommage pour Laurent Lafitte (si brillant dans Elle ou L'heure de la sortie) d'être cantonné à un rôle d'adulescent malaisant. La belle photographie transcende les scènes de saut en parachute ou d'escapades maritimes, permet de faire avaler la pilule d'une histoire assez creuse et de personnages en bonne partie détestables. On verra à loisir le verre à moitié vide ou à moitié plein.