Un mélodrame de Luis Bunuel ne peut pas être, a priori, un mélo ordinaire. Et pourtant, ce drame provincial, insulaire même, semble issu d'une mauvaise littérature, sentiment auquel l'étonnant académisme de la réalisation de Bunuel n'est probablement pas étranger. Certes la thématique anti-bourgeoise du sujet est bunuelienne, mais son expression, sa mise en scène, parfois symboliques, le plus souvent prosaïques, n'ont qu'un lointain rapport avec le style et l'imagination surréalistes, l'ironie satirique qu'on aime chez Bunuel.
L'histoire de ce médecin qu'interprète Georges Marchal est parfois franchement pesante, entre emphase, moralisme est caricature. Contre les intérêts et prérogatives de sa classe sociale -et cette posture, comme une prise de conscience, explique peut-être le titre du film- Valério fait le choix de la justice et de la défense de l'opprimé,
allant jusqu'à répudier son épouse et à protéger un assassin
(de quoi heurter la morale de l'époque!). Cette bourgeoisie malfaisante dont Valério tente de réfréner l'omnipotence a ici les traits d'un patron cynique et impitoyable, indifférent aux faibles.
Le film aboutit à un propos politique digne de la lutte des classes, dans une façon qui est davantage celle de la parole que de l'expression artistique propre aux surréalistes notamment. Il s'appuie sur des personnages plutôt communs, généralement mal joués et dirigés superficiellement.
Décevant.