Bud Boetticher est désormais entouré d'une certaine aura de légende, due à ses démêlés mouvementés avec les studios ainsi qu'aux péripéties subies par la copie de son premier western Seven men from now initiant le cycle Ranown, dont l'aventurier du Texas est le quatrième segment, ces derniers étant reliés entre eux par une récurrence des thèmes abordés et par le duo acteur-réalisateur (Randolph Scott/Bud Boetticher). Il faut reconnaître que cette série est fort sympathique, comportant même quelques œuvres qui feront date ans l'histoire du western. Celui-là exploite davantage que les autres le filon représenté par le talent de scénariste de Boetticher : l'action cède un large terrain aux dialogues, permettant ainsi d'instaurer une densité narrative plus folle que jamais, remplissant à craquer les 70 minutes qu'il dure. Les thèmes abordés foisonnent : la justice, la vengeance, le théâtre des mœurs, la passation de pouvoir...si le héros Buchanan perd en allure et en complexité silencieuse vis à vis de Stride, la figure de héros-légende incarnée par Randolph Scott dans Seven men from now, il gagne une évolution de caractère plus poussée, tout en laissant davantage de place à l'implantation d'une tripotée de personnages intéressants, confectionné avec ce fameux soin de psychologie. Jamais les protagonistes n'auront été aussi nombreux tout en cohabitant avec une présence respective qui se fait sentir. Aussi les diverses relations mises en places entre chacun d'eux forment une toile intéressante à étudier, d'autant plus qu'elle tente de présenter une sorte de somme des profils « westerniens » avec une certaine habileté et une bonne cohérence. La photographie comme dans tout les épisodes sculpte une image granuleuse terriblement nature et crue, sauvage et resplendissante, les acteurs interprètent dans les moindres détails nuancés cette importante galerie du Far West, et la musique qui allait souvent de pair avec l'action se retire comme cette dernière face aux dialogues acheminant les enjeux dramatiques. Ceci dit, l'aventure finit par sembler un peu mécanique au bout d'une heure de visionnage, c'est d'autant plus dommageable que les pistes posées par Boetticher au départ promettait un développement à fort potentiel. Mais ne crachons pas sur une si bonne soupe dont on a tronqué l'ultime partie de la recette, car on ne s'ennuie pas une seconde, la trame découplée en de multiples problématiques secondaires se montre si riche en possibilité d'analyse facile pour le grand public (bien qu'au final les fils sont reliés un peu mollement) que quelque soit notre condition de spectateur on est instantanément passionné, les rebondissements s'enchaînent à une vitesse délirante sans perdre une once de saveur, bref tout les éléments concorde pour faire de ce western un excellent film recommandable à tout le monde.