Voilà une oeuvre étrange et opaque, sortie de nul part, qui parle de l'amour et du secret entre un père et sa fille, pour qui sa mère ne compte plus. Opaque car on ne sait pas trop où est le message, s'il y a une réelle dimension réflexive dans l'alternative du père, si les grands paysages parlent pour dire l'horreur de l'urbanisme, et si ce secret, enfin révélé, a en soi la puissance d'émouvoir. Car le problème de "L'été indien" est d'être trop prévisible, anticipant des scènes importantes par trop d'ellipses, notamment la fin. On ne sait pas trop où se situer face à cet étrange voyage, pénible à cause d'un rythme inégal, troublant quand il dépeint des montagnes aspergées d'un vent doux, émouvant parfois grâce au magnétisme de Johan Leysen, vieux loup usé et errant, et plus léger quand il se rapproche du jeune couple qui alimente face au père délaissé des scènes de disputes ou de froid total bouchant les trous d'un scénario vaguement traînard. On ne sait pas trop non plus s'il y a une vraie ambiance, malgré des clairs-obscurs fougueux sur les visages plein de vie et de passé des personnages, la musique se figant toujours dans un mystère visuel qui ne lui correspond pas souvent. "L'été indien" est en tout cas un film faussement naïf sur le rapport père/fille qui se désagrège alors que la pluie tombe et que le soleil revient, mais la lourde insistance avec laquelle Raoust matraque son secret en font une brise de vallée gâchée par l'idée qu'il faut toujours tout démontrer. A ce titre, la séquence quasi finale où la fille retrouve la mère, si mystérieusement et subtilement abordée par son absence jusque-là, casse tout le principe dramaturgique d'un film qui préfère se taire pour laisser respirer le sentiment du besoin qui ne vient pas. Il y a donc une conclusion trop conclusive, qui semble fermer le récit comme le romancier se délecte fièrement d'une fin qui coupe tous les liens. Comme si tout ce qui était là auparavant, tour à tour tranches de vies déprimantes et enso