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    Mortal Engines
    Mortal Engines
    2,5
    Publiée le 19 juillet 2022
    La cinématographie est devenue un art d’adaptation et du business à grande échelle. Le blockbuster cristallise ainsi ces deux constats, conformément à un système qui perdure au nom de la surenchère et au détriment de la qualité. Il existe énormément d’exemples récents et passés, car chacun se laisse guider par des influences évidentes à d’autres œuvres qui auront séduit une génération entière. Mais il ne faut pas les confondre avec l’héritage, qui a un sens bien plus profond… S’ensuit un projet similaire qui tombe dans la maison de production de Peter Jackson. Mais débordé par sa trilogie sur le Hobbit, qui aura été tout juste suffisante, c’est dans les mains de son fidèle technicien d’effets visuels, Christian Rivers, que l’on confie la lourde tâche d’introduire un nouvel univers dystopique, en phase avec les lectures de jeunesse contemporaine. Pourtant, l’adaptation du roman de Philip Reeve n’hérite pas du meilleur carburant afin d’amorcer une saga en devenir et les raisons sont nombreuses.

    Côté scénaristique, la pauvreté saborde la justesse d’écriture et la narration tombe à l’eau. L’évolution des protagonistes est prévisible, tout comme les enjeux tardifs, qui renouent avec le déjà-vu. Le manque de rigueur nous cloisonne alors dans un antre bien trop pauvre, à défaut d’un festival visuel qui tient ses promesses. Mais ce n’est pas ce maigre critère qui compensera l’ambition, sans mesure, d’une œuvre encore à l’état primitif. Pourtant, les mégalopoles mobiles ont de quoi éveiller notre curiosité. On peut y voire une certaine comparaison à travers les âges, car les différentes échelles sont à l’image de la puissance de chacun. Les gros poissons mangent les petits, c’est bien connu. Mais Hester Shaw (Hera Hilmar) n’a rien à voir avec ce système qui puise dans les dernières ressources de la Terre, tel un Mad Max qui se cramponne à la technologie énergétique. Et pourtant, il s’agit d’une crise où une nouvelle carte s’est mise en place.

    L’héroïne, dont les scarifications lui donnent un bon cachet esthétique, véhicule les motifs d’une vengeance justifiée, peut-être trop connaissant ses tendances de femme forte et indépendante. Peu connue du grand public, on l’associe brièvement au personnage de Tom Natsworthy (Robert Sheehan), rêveur comme si l’aviation lui permettrait de réaliser ses fantasmes et de le détacher de sa condition. Les enjeux sociaux sont moindres, car ce filon n’est pas développé, aux mêmes titres que les nouvelles trouvailles dans ce riche univers. Des personnages secondaires entravent ainsi la lisibilité du récit, car certains interviennent peu pour des besoins scénaristiques, d’où le manque de subtilité qu’on pourra aisément reprocher à une œuvre qui se voulait avant tout exotique et dépaysante. Thaddeus Valentine (Hugo Weaving) occupe la place de ce visionnaire, aveuglé par le pouvoir et l’égoïsme. On pourra ainsi regretter un manque d’évolution psychologique de l’Homme, qui ne tranche pas avec celui que nous connaissons actuellement, preuve que la bêtise ne vieillit pas. Il y aurait tant à débattre sur les motivations de ce personnage et les enjeux de l’univers qui s’adapte au fur et à mesure, mais le visionnage se concentre uniquement sur le visuel et sacrifie ses personnages.

    En somme, « Mortal Engines » s’est vu gâcher son potentiel par ce cahier des charges trop soutenu et trop exigent. Le film aurait pu devenir une entité plus subtile, mais au lieu de cela, il passe tout son temps à vouloir rattraper son retard et emprunte des raccourcis, passant outre la majestuosité d’un environnement post-apocalyptique, synonyme d’anticipation. Ici, l’univers joue un rôle, mais n’est pas exploité au bout de ses idées. On ne fait qu’induire le spectacle et le fond passe par un faux élan. Seul le personnage de Shrike (Stephen Lang) ornait le bon sentiment d’être le ressort nécessaire à l’héritage psychologique de l’héroïne. Il aura fallu peu de temps pour qu’il démontre son efficacité, mais aussitôt fait, aussitôt oublié, tout comme ce long-métrage encore en quête d’une identité…
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