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    Le Grand jeu
    Le Grand jeu
    3,0
    Publiée le 6 décembre 2022
    Le biopic est un genre à part et la relecture de faits réels à l’écran conduit à ébranler la position du spectateur, car le fin mot de l’histoire est plus une surprise pour certains. Aaron Sorkin s’est déjà plié à l’exercice en tant que scénariste, avec « La Guerre selon Charlie Wilson », « The Social Netwok », « Le Stratège » et « Steve Jobs ». Il a réussi de bonnes choses, mais fini par tomber dans une spirale qu’il ne voulait pas emprunter, tout comme l’héroïne qu’il défend avec un copieux dynamisme.

    L’argent et le pouvoir sont deux éléments à distinguer dans la quête de Molly Bloom (Jessica Chastain). Cette radieuse femme vit constamment dans un état d’esprit compétitif. Et dans ces conditions, aucun chemin prédéfinis ne sera garanti avant d’avoir soi-même pris le risque de tout perdre, avant de tout gagner en retour. Ainsi va le poker, jeu non pas présenté comme du hasard. Il existe une certaine compétence dans l’attitude à adopter. Tous les profils ne survivront pas longtemps à l’épreuve. Cependant, certains persistent quitte à en perdre leur temps, leur argent et leur vie. Bien entendu, il ne faudra pas s’attendre à des confrontations physiques qui viennent rythmer l’intrigue par moment. Non, le défi est davantage intellectuel.

    Raconté avec une rétrospective cynique, le récit parcourt donc le business que Molly conduit avec une adresse incroyable. Elle doit sa richesse à sa seule intelligence. Exit la justification de la féminité, facilitant bien des accès. Molly captive alors par sa noblesse d’esprit et sa rigueur dans un métier qu’elle exerce avec maîtrise. Ce qui ne fait pas partie de son équation, ce sont ses clients, imprévisibles et venus dans l’espoir de repartir avec une bonne sensation. Mais au poker, il faut envisager le pire avant de prendre conscience qu’une impasse se dresse devant nous. L’addiction au jeu est quelque chose de contagieux, notamment lorsque le pouvoir s’empare de nous. Charlie Jaffey (Idris Elba) est l’avocat qui viendra donc soutenir Molly dans sa chute. Il finira par brosser le portrait d’une femme qui ne cherche pas plus l’argent que le pouvoir. Non, elle recherche également une sensation que les méandres que la vie lui a arrachés.

    L’argent devient son addiction. Elle la ronge de l’extérieur et l’unique option pour rattraper la mise perdue, c’est de bluffer un grand coup. Mais l’âme de Molly ne se projette pas au bout de la réussite qu’on nous présente. Entre drame personnel et handicap financier, elle doit se battre contre les principes qui ont forgé son blindage mental. À la fois forte et fière de sa condition, on ne la sent jamais prête à se trahir ni à trahir le jeu qu’elle a initié. « Le Grand Jeu », ou Molly’s Game, démontre que l’intégrité morale de l’héroïne ne peut se briser aussi facilement. La figure féminine triomphe en la vertu d’un personnage impérial. Il est possible qu’on ait ajouté quelques nuances afin de rendre cette pseudo-fiction attractive. L’influence et l’appât du gain deviennent une étude comportementale complexe et divertissante, où la narration convainc davantage que certains passages qui se perdent dans des paris qui n’anticipent pas toujours la river.
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