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    Black Panther: Wakanda Forever
    Black Panther: Wakanda Forever
    2,0
    Publiée le 10 novembre 2022
    La trentième du MCU achève une phase 4, loin d’avoir convaincu. Les promesses s’accumulent dans des pochettes surprises qu’on aura vite fait d’oublier. Cependant, ce second volet, emmené par Ryan Coogler baigne dans le deuil de Chadwick Boseman, un spectre dans une œuvre qui cherche alors à se raccrocher au programme initial. Il n’est pas étonnant d’y voir un hommage, d’une sincérité qu’on ne peut contester, mais au-delà de cette réalité blessante sur la disparition du comédien, il est également apaisant de voir une suite nourrie par l’envie de progresser, dans tous les sens du terme. Il s’agit toujours du principal reproche à une saga, qui piétine sur ses propres gags ou ses caricatures les plus grossières pour en tirer une aventure passablement stimulante. Si ce film ose montrer un peu plus d’humanité dans une première partie plutôt élégante dans sa pudeur, il continue malgré tout de traîner ses mauvaises habitudes quand il s’agit d’opposer les héros à une menace, loin d’égaler un Killmonger percutant.

    Pas de T'Challa donc. Ou du moins, pas comme on le pense, afin de justifier la transition, étant donné le visage connu, qui viendra renfiler le costume de la panthère noire du Wakanda. Pourtant, le port de cette armure n’a pas à être l’enjeu du récit, qui offre avant tout de l’espace à ses personnages féminins, afin de s’épanouir et d’en démontrer la pertinence, dans un monde qui n’a pas besoin d’hommes pour reconstruire une nation et l’unifier derrière sa culture. À ce jeu-là, le film mérite autant notre attention que notre réflexion, notamment sur la question d’une figure iconique, à exhiber comme modèle à suivre. L’intrigue nous montre ainsi la vie, là où le premier volet était avare dans la représentation des peuples wakandais et de leurs coutumes, qui s’arrêtent sur des cérémonies de succession. Ici, il y a alors toutes les raisons d’y revenir, mais le constat blesse quand on sort des sentiers endeuillés. Dommage que l’on ne cesse de régresser, jusqu’à nous resservir une origin story à rallonge pour une Shuri (Letitia Wright) à l’aise pour porter les griffes, mais pas assez pour encaisser l’héritage qu’on lui impose.

    De ce fait, l’intrigue souffre d’une grande confusion, entre deux sous-intrigues, où le passé et l’avenir de font pas bon ménage. Les maladresses inhérentes au cahier des charges, cadenassé par les studios aux grandes oreilles, qui rejette le colonialisme, alors qu’il se jette dedans avec une hypocrisie déconcertante. Que l’on assiste à une représentation plus riche du pays, à échelle humaine ne devrait même pas être un exploit à ce stade, mais une norme qu’il convient de dépasser. Et de la même manière, Coogler et son co-scénariste Joe Robert Cole ne parviennent pas à trouver le compromis idéal, sachant l’immense carrefour narratif que constitue ce film dans l’entièreté de la franchise. C’est pourquoi l’irruption d’un empire subaquatique a quoi nous frustrer ou désespérer, au choix, quant à la qualité de son leader, homme-poisson volant sans écaille ou charisme. Cette dispute politique ne tourne alors qu’autour de prétextes foireux, comme dans le but de dégraisser l’intrigue, alors que cela provoque l’effet inverse. Le vibranium devient plus que jamais une marque et la cité de Tokalan, un miroir du Wakanda.

    Sans plus. Ce regrettable constat s’empile avec les précédents et « Black Panther : Wakanda Forever » n’échappe pas à la sentence, malgré un son ton, indéniablement plus tragique et mélancolique. Le réalisateur s’efface de nouveau pour ne laisser que la confusion et un brin de suffisance spectaculaire en surface. Le spectateur est alors baladé entre deux parties distinctes, qu’il devra gratter pour atteindre le noyau dur d’un récit bien maigre. Les studios doivent également gérer le baby-boom de ses futurs héros en devenir, qui sature la narration et bien plus encore. L’ombre de Boseman a beau apporter plus de force, le film manque cruellement de nous émouvoir ou de nous divertir dans son milieu, et n’a rien d’autre à faire que de scinder son épilogue, témoignant toute la superficialité d’une production qui n’a pas autant d’âme ou de personnalité que sa dernière idole, qui avait au moins la décence d’unifier le public derrière lui.
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