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    Mascarade
    Mascarade
    2,5
    Publiée le 4 novembre 2022
    Nicolas Bedos (Monsieur & Madame Adelman, La Belle Epoque, OSS 117 : Alerte rouge en Afrique noire) est en proie à ses compétences de cinéaste averti et une approche d'auteur qui lui font autant défaut que de louanges dans l'hexagone. Nul doute que son quatrième long-métrage viendra patauger dans ce côté-ci du bassin méditerranéen, car son discours sur la superficialité de la région n’est pas à déplaire, loin de là. Son postulat de départ joue franchement la carte d’une schizophrénie sentimentale, mais le film n’est malheureusement pas bien servi par sa narration, qui s’éparpille aux quatre coins de la Riviera, sans laisser au spectateur le luxe de se positionner, sachant la grande galerie de personnages orgueilleux.

    Il en va d'un récit qui irrigue des protagonistes en pleine contradiction. Il n'est pas étonnant de revenir la plupart du temps dans une configuration théâtrale, afin de suggérer la sophistication des mensonges et autres manipulations, qui n'ont rien d'aussi surprenants, une fois qu'on en détient les clés et les codes. On oscille ainsi entre deux pôles sentimentaux, campés par Adrien (Pierre Niney) et Margot (Marine Vacth) d'un côté, puis de Martha (Isabelle Adjani) et Simon (François Cluzet) de l'autre. Cette opposition intergénérationnelle donne lieu à un dialogue créatif dans sa forme, où les aînés ne seraient portés que par le fantasme d'une jeunesse éternelle. Quant à ceux qui ont encore leur vie devant eux, c'est l'angoisse et l'envie d'échanger les rôles, voire les rapports de force, qui les préoccupent, histoire de bien profiter de chaque sou dans leur besace.

    À ce jeu-là, les comédiens campent avec audace leur avatar, parfois des caricatures d'eux-mêmes. En citant ouvertement le cinéma, comme une œuvre phare de Billy Wilder, nous les découvrons dans une errance sans fin, et surtout sans enjeux à mordiller, avant que le dénouement nous assène un coup de disgrâce dans le ton qu’il emploie. Cette maladresse se lit ainsi à chaque étape du récit, où le rebondissement n’a plus d’impact et où il serait vain de créer de la tension pour résoudre la problématique dans la scène suivante. Il est donc étonnant de voir le film se tirer aussi facilement une balle dans l'épaule, en toute conscience de ses limites. C’est ce qui fait que ses personnages se brûlent autant les ailes, sans qu’on en ait un quelconque intérêt pour leur sauvegarde.

    En somme, « Mascarade » porte bien son titre, mais devient maladroit quand il s'agit de faire tenir le subterfuge deux heures durant. Les personnages changent alors aussi vite de visage que le scénario change de temporalité, nous contant ainsi toute cette arnaque revancharde en flashbacks. Film de procès, policier, de comédie ? Difficile de trancher quand l'intrigue se mord la queue dans une morale finale qui ne parvient ni à convaincre, ni à séduire dans son dispositif à rallonge, alors que l’on cherche désespérément à noyer le féminisme dans une eau bien moins translucide qu’au départ.
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