Youssef Chebbi porte son regard sur un lieu si singulier que toute la fiction s’en trouve retournée [...]. [...] l’urbanité psychogéographique insuffle, avec une économie de moyens remarquable, une dimension immatérielle à l’enquête criminelle, sorte de revers fantastique à l’effondrement politique et collectif.
Certains films, extrêmement rares, s’apparentent à des séances d’hypnose, et Earwig appartient à cette tradition qui du muet jusqu’à certaines productions de David Lynch ou Lars Von Trier, illuminent le cinéma.
Malgré ses ambitions et une vraie intelligence dans la manière de raconter la plongée skin, tous les potards sont placés trop haut dans Les Rascals si bien que les gerbes d’ultra violence, prises dans cet étau en toc, paraissent fabriquées et finalement c’est le propos qui cogne moins fort.
Le film patine parfois dans l’excès caricatural et s’inscrit de façon prévisible dans les codes du genre mais assure sa promesse de départ : faire rire, traverser la surface des apparences en explorant avec sensibilité, différentes facettes du féminin.
Le film est beau mais il est d’une force inédite, et je n’ai jamais rien vu de ma vie d’aussi stupéfiant, d’aussi puissant que De Humani Corporis Fabrica.
Myllylahti transforme les images en sensations, cherchant à ajuster sa poésie au cinéma pour interroger le mystère, le sublime et le dérisoire du vivant.
Le rohmérien Jonas Trueba nous dit aussi « venez voir » la banalité du quotidien, les évènements infinitésimaux de nos paisibles vies occidentales, nos questionnements les plus intimes, et comment tout cela qui est a priori ennuyeux peut faire cinéma pour peu que le réalisateur sache écouter un morceau de piano live et filmer ses effets, saisir les expressions de visages et gestes qui disent parfois autre chose que les conversations [...].
Si le schéma narratif est connu, Héloïse Pelloquet le nourrit avec justesse et finesse : la montée progressive du désir, les hésitations, le regard désapprobateur de l’entourage...
Les premières scènes de Corsage, faux biopic dans la lignée des Jackie et Spencer de Pablo Larraín, ramènent au forceps la figure théorique et universelle de l’impératrice Élisabeth – Sissi, pour les intimes – à une expérience corporelle absolue, dans laquelle la chair, ses jouissances et surtout ses souffrances, deviennent métonymiques de la fin annoncée du pouvoir dynastique des Habsbourg.
Kore-eda ne sert pas ici du jus de moraline familialiste mais continue d’explorer avec finesse toutes les variations que peut revêtir le concept de « famille ».
En mélangeant récit initiatique, comédie ado et tonalité fantastique, Charlotte Le Très Bon fait preuve d’un sens du récit, de la direction d’acteurs et de la mise en place d’une atmosphère légèrement inquiétante absolument remarquable pour un premier !lm.
Ce qu’Honoré réussit à mettre en scène avec une grande justesse, est la manière dont le quotidien gagne sur la mort. Honoré montre la solitude, les questions innombrables sans réponse, les tracas ordinaires, la douleur qui submerge. Mais c’est surtout l’élan de la jeunesse qui l’intéresse, sa vitalité, son besoin d’éprouver son corps, sa sexualité, de hurler sa rage face à l’injustice de perdre un être si cher.