Prey met dans le mille. C'est simple, net et précis : c'est le récit d'une émancipation féminine (Amber Midthunder, vraiment super) qui se loge au sein d'une réjouissante chasse au monstre au mousquet et au tomahawk, qui ne se complaît pas dans une autocitation permanente [...] mais préfère traquer de nouvelles formes de violence dont on vous laisse la surprise.
Le film de Semih Kaplanoglu porte en lui une tension sous-jacente et permanente. Le poids dramatique du film repose sur les solides épaules de son formidable acteur principal Umut Karadag.
Des feux dans la nuit souffre cependant d’un rythme trop relâché, d’un manque de souffle et d’aspérité qui finissent par susciter un sentiment d’ennui grandissant et l’éloignent de ses ambitions.
L’entrée en matière est piquante, la dernière ligne droite déchirante. Dommage qu’entre les deux, Gevonese tire à la ligne, créant un ventre mou où les situations ont tendance à se répéter et faire du surplace.
Les cinéastes se retrouvent pris au piège et ne savent plus très bien où mettre les pieds, entre parodie, respect du genre et drame psychologique. A tout prendre, tout s’annule.
Un portrait de femme enfermée dans son mal-être, aussi réussi dans sa forme (la manière dont Juanjo Giménez Pena traduit cet handicap en termes de sons et de situations inventives – notamment une scène d’un romanesque échevelé mettant en scène l’homme qui l’aime) que dans le récit déployé autour des causes de cette panne des sensations auditives.
D'accord, ça ressemble à une version super-héroïque de Comme des bêtes avec sa bande d'animaux chelous bardés de super-pouvoirs et vivant une aventure parallèle à celle des humains, mais le plaisir est là : celui de regarder une solide comédie familiale visuellement bien foutue, parvenant à se moquer gentiment de toute la bande de super-héros DC.
Michel Franco parvient à créer du suspense, une très grande tension, grâce à son extraordinaire gestion de la durée, sa maitrise du non-dit, construisant patiemment une sorte de puzzle existentiel, gorgé d’humour noir, et porté par la puissance d’incarnation d’un Tim Roth vraiment génial.
Et plus que par son récit souffrant ici et là de trous d’air, c’est par l’aspect volontiers baroque de sa mise en scène, son jeu avec les couleurs vives pour contrecarrer la noirceur et la douleur de certaines situations que Marcel ! vous emporte.
Mais à l’inverse du cinéma d’un Abdel Kechiche qui fonctionne sur un certain épuisement en faisant des dialogues un moteur – lui, inépuisable - de sa narration, ce ping-pong permanent peine ici à tenir la distance.
Ici, Bebjak a choisi de ne jamais montrer les chambres à gaz et les fours crématoires car Wetzler et Rosenberg ne les ont jamais connus directement. Mais cela n’empêche pas d’éprouver une certaine perplexité devant la manière dont il met en scène le suspense dans ces camps de l’horreur.
Car s’il souffre de maladresses, l’envie de cinéma de Noémie Merlant renverse bien des montagnes. Elle fait dialoguer les cultures françaises et rom en faisant valser les clichés, elle sait insuffler du désir comme de la pudeur dans des scènes d’amour d’une grande délicatesse.
Pour autant, le résultat se révèle moins impressionnant que dans Unidentified. La faute sans doute à un procédé un peu trop visible et redondant – et source de longueurs - quand son précédent film jouait sur une sauvagerie, une brutalité plus physique que cérébrale.
La pureté du geste de cinéaste rime ici avec autarcie, créant une distance permanente avec ce récit et ce personnage, comme si toute main tendue avec le spectateur risquait de constituer un contre- sens avec la quête mystique de son héroïne.