La Trêve : secrets de tournage

Issue d'un appel à projets commun entre la RTBF et la Fédération Wallonie-Bruxelles pour développer les séries belges francophones, La Trêve est le premier programme belge produit grâce à ce dispositif (juste avant Ennemi public, diffusée au printemps 2016). Chaque projet déposé devait compter dix épisodes de 52 minutes, filmés pendant 70 jours de tournage. Une jolie performance. A titre de comparaison, il faut au moins 80 jours à une série de network américain pour filmer dix épisodes.

Les dix épisodes de la saison 1 de La Trêve ont été principalement tournés dans la province de Luxembourg, un territoire de la région wallonne qui se trouve juste à côté du pays du même nom. L'essentiel des séquences a été filmé dans six communes : Sainte-Ode (celle que l'on voit le plus à l'écran : des séquences sont jouées dans un ancien hôpital), Herbeumont, Libramont, Florenville, Chiny et Saint-Hubert.

Peu connu des Français, l'interprète de Kevin Fischer, Thomas Mustin, est connu en Belgique sous le nom de Mustii. Sous ce pseudonyme, cet artiste est devenu célèbre en tant que chanteur. Tout à la fois auteur, compositeur et interprète, Mustii a sorti deux singles en 2015 et 2016. Le second, "Feed Me", a d'ailleurs rencontré un joli succès auprès du public à sa sortie. Quand il ne se consacre pas à la chanson, l'intéressé s'adonne au théâtre et à la chanson. 

Les téléspectateurs français ne l'avaient pas revue depuis bien longtemps. Anne Coesens, l'interprète d'Inès dans La Trêve, a joué un rôle récurrent dans une des premières séries originales produites et diffusées par Canal +. Dans les deux saisons de la série Reporters, la comédienne jouait Florence Daumal, la journaliste politique de 24 heures dans le monde, un journal racheté par un grand groupe. C'était il y a presque dix ans, en 2007 et 2009.

Si, en voyant la tête de Rudy Gerreaerts, le chef de corps de La Trêve, vous avez comme une impression de déjà-vu, c'est assez normal. Comédien de théâtre et acteur pour le cinéma et la télévision en Belgique, Jean-Henri Compère, son interprète, est apparu dans plusieurs productions françaises. Les téléspectateurs ont notamment pu l'apercevoir dans la mini-série Intrusion, la saison 4 d'Engrenages, Le juge est une femme ou encore L'Instit. 

Lorsqu'ils ont été reçus par les responsables de la RTBF pour évoquer leur projet de série, Matthieu Donck, Stéphane Bergmans et Benjamin d'Aoust, les créateurs de La Trêve, ne croyait pas vraiment que ce projet arriverait un jour à l'écran. "On voulait faire du cinéma à la télévision (…) Au premier rendez-vous, j'ai dit (à la chaîne) 'Je crois que vous avez mal lu, je pense que ce n'est pas un projet pour vous.' ", raconte Matthieu Donck. Mais les responsables de la RTBF ont su les convaincre qu'ils étaient réellement intéressés. Voilà comment le trio a sauté le pas.

Avant de participer à La Trêve, la comédienne belge n'avait jamais joué à la télévision. Pour tout dire, elle n'avait qu'une seule expérience au cinéma avant de participer au sombre polar de la RTBF : en 2012, elle fait une apparition dans le film Torpedo avec François Damiens et Audrey Dana. Un film écrit et réalisé par Matthieu Donck, un des créateurs de La Trêve, qui est aussi son compagnon.

Si l'intrigue, la réalisation et le générique de La Trêve font beaucoup penser à la première saison de la série de HBO, les créateurs du programme belge ont travaillé sur le projet avant de voir le show de Nic Pizzolatto. Toute la partie où Yoann Peters est interrogé par une psy, trois semaines après les événements au cœur de l’intrigue, a ainsi été écrite en amont de ce visionnage. "On s'est dit : 'super, ça cartonne.' Ca fonctionne même mieux que ce qu'on pensait", raconte Benjamin d'Aoust.

S'ils se connaissaient avant de travailler ensemble sur La Trêve, Benjamin d'Aoust, Stéphane Bergmans et Matthieu Donck n’avaient jamais collaboré sur un même projet. Et c'est l'appel à projets de la RTBF qui a scellé leur collaboration. "J’avais fait des BD avec Benjamin et des films avec Stéphane. J’adore bosser avec eux, on travaille dans le même bureau. J’ai vu passer le mail de l’appel à projets de la RTBF et je me suis dit : 'pourquoi pas ?' ", raconte Matthieu Donck.