Difficile de faire une critique globale de "How I met your mother", tant la série aura prétendu au titre de meilleur sitcom de l'histoire de la TV avant de connaître un net déclin jusqu'à son, épisode final qui aura tellement divisé. En effet, dans un premier temps, le show s'est très rapidement avérer être une merveille à laquelle on n’osait croire depuis l’arrêt de "Friends" ! En reprenant un trame plus ou moins similaire (la vie d’une bande de copains trentenaires vivant à New-York) tout en la modernisant considérablement, "How I met your mother" réussi à faire oublier son illustre aîné. Un miracle qui a été rendu possible, tout d’abord, par une mise en scène d’une qualité rare pour une sitcom (montage cadencé, flash-back, récit fantasmé, playlist de folie...) ainsi que des dialogues hilarants et nettement plus osés que ceux de "Friends". Autre bon point : les intrigues se montraient souvent étonnantes et prenaient le spectateur à rebrousse-poil, en abordant des thèmes fédérateurs sans forcément les accompagner du traitement habituel. Ainsi, le séducteur n'est pas un bellâtre sans intérêt mais un obsessionnel compulsif et assumé, le couple modèle a un mode de vie loin des standard typiquement US et le couple qui doit forcément finir ne connaît pas vraiment un destin classique. Mais l'atout majeur de la série était incontestablement le personnage de Barney Stinson (joué par un Patrick Neil Harris au sommet de sa forme), séducteur indomptable qui ravit les fans par son cynisme à tout épreuve, ses névroses (son culte du costume, son besoin d’être le meilleur ami de Ted, son goût pour les défis...) sans oublier ses répliques cultes ("Legen... Wait for it... dary ", "High-five", "Haaaave you met Ted ?"…). Les scénaristes ne sont pas pour autant tombés dans le piège de la Barney-dépendance et ont accordé une place tout aussi importante aux 4 autres héros avec Ted (Josh Radnor), le romantique à la recherche de la femme de sa vie (un Ross en plus fun), Robin (Cobie Smulders) la copine présentée comme sexy mais qui va dévoiler un facette bien plus masculine (le personnage qui a le mieux évolué) et le "couple-modèle" formé par la délurée Lilly (Alyson Hannigan) et le nounours Marshall (Jason Segel). L’osmose entre ces 5 personnages est telle qu’on en oubliait presque les cameos qui s’invitent régulièrement (Jane Seymour, Enrique Iglesias, Britney Spears, Amanda Pett, Jennifer Lopez, Bryan Cranston...) et le pitch de départ (à savoir qui est la future mère des enfants de Ted ?). Malheureusement, cette quasi-perfection a pris fin lorsque Barney s'est assagi. En muselant leur personnage vedette, le show a pris une direction moins fun et, parfois, plus dramatique (la mort du père de Marshall ou la stérilité de Robin en sont les exemples les plus frappants). Résultat : les épisodes ont paru plus long, plus moralisateurs... bref, plus chiants, même si, de temps à autres, une fulgurance rappelait le ton des premières saisons (le personnage du Capitaine joué par Kyle Maclachan, la radicalisation de Robin, plus virile que jamais, les retours en forme de Barney...). Ce baisse de niveau coïncide avec le changement de statut de certains des personnages (Barney s'assagit, Lilly et Marshall deviennent parents) ou l'enfoncement d'autres dans leurs problèmes (Ted n'arrive pas à trouver la femme de sa vie, Robin se cherche...). De plus, l'histoire racontée par le vieux Ted à ses enfants (et ses différents allers-retours temporelles) commençaient à devenir franchement incompréhensibles. Les scénaristes ont, un temps redressé la barre avec une avant-dernière saison plus débridée qui s'achevait sur la découverte de la fameuse mère (la mimi Cristin Milioti dont il est impossible de ne pas tomber amoureux). Malheureusement, la dernière saison (et son parti pris de se dérouler sur trois jours pendant le mariage de Barney et Robin) souffrait à nouveau des mêmes travers que les saisons précédentes, avec des épisodes inégaux, des fulgurances magiques et une certaine envie que tout finisse enfin. Et pourtant, bien qu'il ait été tant décrié, le dernier épisode est, pour moi, un petit miracle. En un seul épisode, les scénaristes sont parvenues à donner une fin digne à tous les personnages, à nous émouvoir aux larmes et à trouver la fin parfaite à l'histoire entre Ted et Robin. Loin de la conclusion qu'on aurait pu imaginer, ce final fait honneur au show et donne presque envie de tout revoir (avec cette fin bouleversante en tête). Cet ultime pied-de nez confirme que, sous ses faux-airs de sitcom inoffensive, "How I Met your mother" était bien plus anticonformiste qu'elle n'en avait l'air et qu'elle n'a jamais eu peur de surprendre son public. La série restera donc une date dans l'histoire de la TV. Dernière remarque de bon sens : il est obligatoire de regarder la série en VO (la version française étant tout simplement indigne).