Les Américains ont perdu la Seconde Guerre mondiale et l’Amérique est désormais partagée entre l’Empire du Japon et l’Allemagne Nazi.
Pour créer leur série, Eric Overmyer producteur de The Wire, et Frank Spotnitz, ont adapté le roman Le Maître du Haut Château de Philip K. Dick. C'est une production de Amazon Studios en exclusivité pour la plateforme Amazon Prime Video.
J'ai été rapidement emballé à l'idée de voir cette uchronie pas comme les autres. Elle revient sur une période encore sensible de l'histoire et a éveillé ma curiosité.
Une fois que le concept est posé sur la table, on attend de voir comment il sera exploité. Sur ce point, je n'ai pas été pleinement satisfait. Je salue le travail sur l'ambiance qui a été fait. Que ce soit la côte Est (New York) sous le régime Nazi, ou la côte Ouest (San Francisco) sous l'Empire Nippon, j'ai aimé ce qui nous est proposé. On sent réellement une ambiance de répression telle qu'elle aurait pu exister. On note la colométrie froide symbole de la dictature et de la terreur. L'emprunte culturelle imposée se voit bien aussi. Cela permet une bonne immersion dans la série.
Cependant, sur le fond, j'ai été déçu par le peu de développement du contexte.
Le cœur manque de profondeur car on manque d'un point de vue globale sur ce monde régi par les Nazis. Le sujet est posé de manière brute sans qu'on nous explique comment cela tourne dans ces années 60 où les Alliés ont perdu. Il y avait pourtant tant d'événement historique à réécrire, et nous faire revivre sous forme de flashback choc.
On ne sait pas vraiment à quel moment s'est faites la bascule, et ce que sont devenu des forces comme l'URSS. La notion de communisme est évoquée en saison 4 mais pas de manière construite. A part la relation entre le Reich et l'Empire du Japon, la géopolitique est absente durant la quasi-totalité de la série.
De plus, on nous sort une zone neutre un peu étrange car cela ressemble plus au far ouest anarchique qu'à ce qui se passait en 39-45 dans les "Etat neutre". Ceux-ci avaient de vrai gouvernement qui collaborait. Une approximation qui m'a dérangé, surtout que les passages dans cet endroit ne sont pas des plus agréables.
La première saison met donc tranquillement en place les choses. On voit que les créateurs n'étaient pas pressés d'aller dans le vif du sujet. Cela permet toutefois de rentrer dans le sujet et de découvrir chaque personnage clés.
Les plus marquants sont le chef des Nazis Nord-Américain joué par Rufus Sewell, et le ministre du commerce Japonais interprété par Cary-Hiroyuki Tagawa. Déjà, car ce sont de très bons acteurs, mais aussi car leurs personnages sont les mieux construits. Ils ne vont pas avoir un parcours linéaire, mais une évolution plus complexe et nuancée.
D'autres nombreux protagonistes vont voir le jour lors de cette première saison. Je pense à Rupert Evans (The Boy), DJ Qualls (Z Nation), Luke Kleintank (Midway) et Joel de la Fuente. Le fait de prendre son temps à l'avantage qu'on n'est pas perdu. J'aurai tout de même aimé un peu plus de punch car cela peut paraitre lent vers la fin de la saison.
La seconde va continuer sur le même rythme. Pour donner de la profondeur, il y a une énigme de films qui va se mettre en place. Je l'ai trouvé totalement bancale d'autant plus que le developpement de celle-ci va mener la série dans un mur.
La saison 3 va être la pire car on va partir sur un délire de mondes parallèles épuisant. Cela fait totalement perché mais dans le mauvais sens du terme. J'avais l'impression d'assiter à un hors-sujet monumental. De plus, même si débarque le sympathique Brennan Brown, le reste du casting secondaire débarquant est sans intêret. Un zoom sera fait sur eux, rendant cette saison épuisante.
Heureusement, la saison 4 grimpe en flèche en termes de qualité et d'intérêt. On sent enfin de vrais enjeux loin des facéties des films anciens et univers voisin. L'épisode 9 Le Poids des actes est peut-être mon préféré de la série tant il est fort. Les notions de pouvoir politique et idéologique vont être au cœur du débat.
Cela va permettre d'avoir des moments forts lors de cette ultime saison. J'ai véritablement vibré pour le destin de ces personnages mis en avant comme il se doit. Les acteurs sont excellents. Le monde tremble et on ne sait pas si ces Empire vont pouvoir continuer à imposer leur tyrannie. Je me disais que c'était dommage que pendant tout ce temps la série s'était perde car quand elle piochait réellement dans son potentiel, c'était puissant.