Depuis "Persepolis" et "Valse avec Bachir" on ne cesse de parler du documentaire animé comme d'un genre novateur. Contrairement aux idées reçues, son existence remonte (à quelques années près) aux débuts du cinéma. A l'occasion de la sortie des "Petites voix", AlloCiné vous propose un tour d'horizon des films qui ont allié le réel au merveilleux...Par Dounia Georgeon
Quelle est votre formation?
J'ai suivi une formation de graphisme aux Arts Décoratifs de Strasbourg. Nous étions assez libres dans nos choix de médiums, ce qui m’a permis de commencer l’apprentissage de l'animation, mais sans en avoir de cours.
Sur le tournage de Deyrouth, un 5D a servi de caméra
Considéreriez-vous vos deux films comme des documentaires animés ?
Si l'on considère que le documentaire est un regard sur un événement réel vécu, oui ce sont des documentaires animés.
Comment avez-vous conçu Deyrouth ? Est-ce que vous avez tout de suite eu l’idée de saynètes ?
Tout a commencé par ma rencontre avec le producteur Jean-Christophe Soulageon. Il m'a contactée après avoir vu mon film de fin d'études : L'amour m'anime. (Je lui ai avoué bien plus tard, qu'après avoir lu son premier mail je suis allée voir sur Wikipédia ce qu'était plus précisément un producteur.) Lors de notre premier rendez-vous, je lui ai parlé de ce voyage que j'avais fait au Liban, et du journal manuscrit que j'avais tenu. Il a demandé à le lire afin de voir si on pouvait en faire un court-métrage. Quelques semaines plus tard, il m'a dit : "Ok, allez, hop, on fonce !"
Au début, je ne savais tout simplement pas ce que je voulais dire avec ce film. Il a fallu que je prenne du recul avec mon histoire personnelle. J'étais un peu énervée, je voulais tout critiquer à la fois : les médias, la politique, le monde entier… J’ai finalement recentré mes idées pour créer un ton proche de l’absurdité de la situation que j’avais vécue, et c’est là que sont venues les idées des personnages masqués, des déguisements, du plateau de jeux…
Sur le tournage de Deyrouth, Chloé a fait le choix de s'entourer de ses proches
Pourquoi toujours privilégier le stop motion ?
Cette technique correspond très bien à ma façon de travailler : équipe très réduite, ambiance calme et artisanale. C’est un terrain de jeux sans limite, et avec un peu d’imagination et de patience, elle permet de tout faire revivre. Je peaufine ma technique au fur et à mesure de mes expérimentations, mais je ne suis évidemment pas contre l’idée de changer de medium pour un projet adapté.
Pourquoi toujours privilégier cette part d’artisanat dans vos œuvres ?
Réaliser un film de façon artisanal permet d’obtenir un ensemble graphiquement plus sensible, portant la trace d’une présence, d’une touche humaine. Je privilégie cela afin d’éviter une distance installée par trop d’esthétique ou trop de recours à l’informatique. On peut aussi expliquer cela par le fait que je vienne d’une famille de bijoutiers où le travail manuel a toujours été valorisé et encouragé !
Le corps ou la chair sont souvent brutalisés dans vos films, êtes vous d’accord avec cela ?
Mes films naissent souvent d’une destruction douloureuse : d’un amour, d’un pays... J’imagine que c’est pour cela que de nombreux composants sont massacrés dans mes films. Cela ne me gêne pas de détruire des éléments que j’ai construits durant des heures, car le résultat est dans l’image et non dans l’objet.
Sur le tournage de L'amour m'anime chez elle à Strasbourg
Ecrivez-vous seule ?
C’est toujours plus intense de parler de choses que l’on a vécues, qui nous ont touchées, blessées, interloquées. Je souhaite faire des films pour partager quelque chose, alors j’essaye d’universaliser la petite vie et les grands sentiments que nous menons. De plus, il est plus facile et délicat d’avoir du second degré sur sa vie plutôt que sur celles des autres ! L'amour m'anime a été écrit entièrement seule, mais Deyrouth a nécessité l’aide précieuse de Sébastien Laudenbach.
Comment se sont déroulés les tournages de vos deux films ? (temps, difficultés, équipe…)
Pour L'amour m'anime, ça a été assez rudimentaire : le temps d’une année scolaire, dans ma chambre, avec des lampes de bureau. Majoritairement seule, et quand c’était inévitable, je demandais l’aide d’une amie (pour la prise de vue). Cela fut différent pour Deyrouth. Étant un film produit, l’improvisation est moins possible.
La première étape consistant à préparer les dossiers de subventions fût la plus longue et compliquée pour moi : il fallait écrire un scénario, chose que je n'avais jamais faite. Je trouvais le concept à la limite du ridicule : Pourquoi passer par l'écriture pour construire une image ? Ne peut-on pas laisser place à l'imprévu ?
Sur le tournage de Deyrouth
C'est à ce moment-là que M. Soulageon a fait intervenir Sébastien Laudenbach qui a permis de canaliser la suite. Avec des questions très simples comme : "Quelle est la chose la plus importante que tu veux dire à travers ce film ?" ou "Pourquoi tu veux faire ce film ?" Je me suis pliée au jeu de l'écriture du scénario, jusqu'au point de l'apprécier et d'en voir l'utilité.
Cette étape franchie, cette feuille de route à la main, il ne restait plus qu'à faire les images. Je n'étais pas au bout de l'aventure, mais en même temps je trouvais ça excitant de découvrir tout le cheminement de la création d'un film… Un nouveau terrain de jeux avec des conditions de rêve ! Nous avions les moyens de ne pas me faire travailler seule, il a donc fallu constituer une équipe… J'ai fait le choix de ne prendre que des gens proches de moi. Pas forcément "professionnels", mais avec qui je savais que travailler ne serait pas douloureux, et qui surtout connaissaient mon histoire et celle de ma famille. Je ne voulais pas faire un film qui naissait d'une souffrance dans la souffrance.
Vos projets futurs ?
Je suis en train de développer un nouveau film, et j’ai obtenu une résidence à Angoulême pour écrire le scénario. En parallèle, je réalise quelques commandes de clips ou génériques ; et des collaborations : VJing avec Son Of A Pitch, jeux iPad avec Fingerlab, films avec Roy Sunday…
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