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    Abdellatif Kechiche : après 3 ans de silence, le retour polémique du réalisateur de La Vie d'Adèle
    Brigitte Baronnet
    Passionnée par le cinéma français, adorant arpenter les festivals, elle est journaliste pour AlloCiné depuis 12 ans. Elle anime le podcast Spotlight.

    Abdellatif Kechiche au Festival Cinémed à Montpellier : sa masterclass mouvementée, les polémiques en cours, ses projets... AlloCiné était là et vous raconte.

    Un retour attendu et... chahuté ! Après trois ans de silence médiatique, le réalisateur Abdellatif Kechiche (L'Esquive, Mektoub My Love...) a fait, ce vendredi 28 octobre, sa toute première sortie publique depuis le Festival de Cannes 2019.

    Le cinéaste, distingué d'une Palme d'or pour La Vie d'Adèle, était l'un des invités d'honneur du Festival du cinéma méditerranéen de Montpellier, Cinémed, qui s'est tenu jusqu'à hier, dimanche 30 octobre. Plusieurs de ses films ont été projetés, et surtout, une masterclass s'est tenue devant 300 spectateurs, parmi lesquels des manifestantes féministes opposées à sa venue. AlloCiné était à cette masterclass très animée et vous en raconte quelques uns des temps forts.

    Des applaudissements nourris... à l'agitation dans le public

    Le cinéaste, accueilli par des applaudissements nourris, a d'abord expliqué pourquoi il avait accepté de rompre le silence qu'il s'était imposé depuis la présentation polémique de son dernier (très) long métrage au Festival de Cannes 2019 (d'une durée de 3h30), le fameux Mektoub My Love Intermezzo, film qui, depuis ce jour, n'a jamais pu être projeté à nouveau.

    En complément de ce qu'il a dit devant le public de la masterclass de Cinémed, le cinéaste a confié, par ailleurs, dans un entretien, avoir regretté montrer le film Intermezzo à Cannes. "J'ai eu tort d’avoir montré Mektoub My Love Intermezzo à Cannes". "Intermezzo, je pense qu’il n’a pas été vu. Trop perturbé avant sa projection et pas terminé d’un point de vue technique, je n’aurais jamais dû le montrer", a-t-il lancé à nos confrères de Paris Match ou encore du Monde, deux médias présents à une table-ronde, triée sur le volet, la veille de cette masterclass.

    S'il semble qu'Intermezzo ne pourra donc jamais être projeté à nouveau - en tout cas pas dans la même version que celle présentée à Cannes il y a 3 ans -, Abdellatif Kechiche est bel et bien toujours au travail, et avance sur la suite de Mektoub My Love, articulée au total en trois volets (Intermezzo mis à part), Canto Due et Canto Tre.

    J’espère bientôt la fin de Mektoub

    Comme il l'a expliqué dans la séquence que vous pouvez voir ci-dessous, le cinéaste dit avoir hâte d'en terminer avec Mektoub et de le présenter au public. "Ils sont filmés, ils sont au montage, au remontage. J’y passe mon temps, depuis toutes ces années. Je n’ai fait pratiquement que ça : monter, remonter, essayer… J’espère bientôt la fin de Mektoub". Quand pourra t-on voir ces deux nouveaux volets précisément ? Il est trop tôt pour le dire encore. Prêts à temps pour Cannes 2023 ? Rien n'a été dit à ce propos, mais cela est un scénario envisageable.

    A propos du Festival de Cannes 2019, Abdellatif Kechiche a accepté de dire quelques mots sur la polémique produite autour de la projection. "Je ne savais pas ce qu’il s’était passé. Si j’avais su qu’ils étaient partis (Roméo de Lacour et Ophélie Bau), la projection n’aurait pas eu lieu." Pour mémoire, un conflit oppose le réalisateur Abdellatif Kechiche et l'agente de la comédienne Ophélie Bau. En cause (entre autres) la longue scène de sexe avec Ophélie Bau au cœur de Mektoub My Love Intermezzo (notre article récapitulatif du conflit, en date du 3 juillet 2019).

    "Le travail avec les acteurs et les actrices, ça se passe parfois merveilleusement bien, et puis parfois, ça peut aussi se passer très mal", a lancé le réalisateur pendant cette masterclass, tout en coupant court à ce sujet en indiquant que le "linge sale se lave en famille".

    Brigitte Baronnet - AlloCiné
    L'une des pancartes brandies devant le Corum à Montpellier, quelques minutes avant la masterclass d'Abdellatif Kechiche.

    Des manifestantes lancent "On se lève et on se casse !"

    Puis, alors que la rencontre avait commencé depuis environ 20 minutes, une certaine agitation a commencé à se faire sentir dans la salle. Sonnerie de téléphone intempestive, brouhaha...

    La rencontre se tenait sous haute tension, accueillie par des pancartes et une manifestation aux abords du lieu où était organisé le Cinémed et cette masterclass. La veille, il se murmurait que la rencontre pourrait ne pas avoir lieu, en raison de la rumeur insistante de cette manifestation.

    Les perturbations à peine commencées, Abdellatif Kechiche a demandé à l'une des manifestantes présente dans la salle à venir s'exprimer sur scène. Précisons que cette manifestante fait référence à une plainte remontant à 2018 (voir notre article ici). Une enquête préliminaire avait été ouverte pour agression sexuelle et, par la voie de son avocat, Abdellatif Kechiche avait fait savoir qu'il contestait "catégoriquement la véracité de ces accusations", "émanant d’une personne qui n’a trouvé que ce moyen pour se faire connaître". L'enquête avait été classée sans suite en mai 2020.

    La rencontre a été interrompue une seconde fois, et donné lieu à des échanges tendus entre spectateurs et les manifestantes. Sous la pression, ces dernières ont ensuite quitté la salle, en lançant une dernière fois "On se lève et on se casse !", en référence à la formule de Virginie Despentes, saluant le départ d'Adèle Haenel aux César 2020. En réponse, le cinéaste a répliqué : "Je crois que les films que je fais ont parlé et que je n'ai pas besoin de faire de discours sur ces films pour [que l'on comprenne] que tout ce dont je suis accusé est proprement stupide".

    Précisons que la manifestation s'est poursuivie à l'extérieur pendant toute la durée de la masterclass. Des manifestants étaient toujours présents devant le Corum de Montpellier, à l'issue de la rencontre. Le Festival Cinémed s'est terminé hier dimanche 30 octobre, en distinguant de trois prix le film tunisien, Ashkal de Youssef Chebbi .

    Pour mémoire, le dernier film en date d'Abdellatif Kechiche, Mektoub My Love Intermezzo avait reçu un accueil très controversé à Cannes en mai 2019, comme en témoigne cette vidéo prise dans la foulée de la projection cannoise.

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