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    Enfant-star ou adulte déguisée ? La folle rumeur qui amena le Vatican à enquêter sur l'actrice Shirley Temple
    Olivier Pallaruelo
    Olivier Pallaruelo
    -Journaliste cinéma / Responsable éditorial Jeux vidéo
    Biberonné par la VHS et les films de genres, il délaisse volontiers la fiction pour se plonger dans le réel avec les documentaires et les sujets d'actualité. Amoureux transi du support physique, il passe aussi beaucoup de temps devant les jeux vidéo depuis sa plus tendre enfance.

    Enfant star qui donna joie et bonne humeur à des millions d'américains dans les années 30-40, Shirley Temple fut aussi l'objet de folles rumeurs. Dont une en particulier, qui attira l'attention du Vatican...

    Fox Film Corporation

    En février 2014, l'Amérique pleurait sa petite fiancée, Shirley Temple, celle qui donnait, enfant, joie et bonne humeur à un pays saigné par la crise de 1929. Née en avril 1928 à Santa Monica en Californie, fille d’un banquier et d’une mère passionnée par la danse, Shirley Temple prend dès l’âge de trois ans des cours de danse, de chant et de comédie au Studio Meglin de Los Angeles.

    Elle est alors repérée par deux producteurs, qui l’engagent pour une série de courts-métrages parodiant les grands succès cinématographiques de l’époque. Les retours sont positifs et, après la faillite de ses premiers producteurs en 1933, elle signe un contrat avec la Fox Film Corporation, avec qui elle tournera la plupart de ses films.

    Cette décennie marque l’apogée de sa carrière. Shirley chante, danse et enchaîne les succès, devenant ainsi l’artiste la plus rentable du box-office quatre ans durant, de 1934 et 1938, devant des icônes comme Clark Gable et Gary Cooper.

    Elle inaugure même l’attribution de l’Oscar de la jeunesse en 1935, pour "sa remarquable contribution au divertissement cinématographique pour l'année 1934" (année de Petite Miss, Premier amour, C'est pour toujours et Shirley aviatrice).

    En 1938, lors de la 11e cérémonie des Oscars, elle eut d'ailleurs l'insigne honneur de remettre à Walt Disney un Oscar pour Blanche-Neige et les sept nains. En fait, un Oscar "adulte"... Et sept versions miniatures !

    Première enfant star d’ampleur internationale, elle décline ses emblématiques boucles blondes (la légende veut qu’elles soient au nombre de 54) sous toutes les formes, de la poupée au chapeau, en passant par la tasse.

    Vade Retro Pueri !

    Une notoriété qui s'étendait jusqu'en Europe. Et même jusqu'au Vatican. Mais pas exactement pour les raisons qu'on imagine... Au faît de sa gloire d'enfant star, elle fit l'objet de nombreuses accusations nées de rumeurs.

    La palme revenant à l'hypothèse que Temple n'était en réalité pas une actrice enfant, mais carrément une adulte de 30 ans atteinte de nanisme. Ils en étaient sûrs, les signes ne trompaient pas : elle avait un corps trapu, elle portait une perruque, se teignait les cheveux, avait limé ses dents, et portait des prothèses dentaires...

    Des rumeurs absolument grotesques. Mais suffisamment insistantes pour que le Vatican décide de mener une enquête pour déterminer si oui ou non Shirley Temple était bien une enfant. L'intéressée l'a d'ailleurs raconté dans son autobiographie publiée en 1988, Child Star.

    Elephant Classics Films

    Un prêtre envoyé par le Saint Siège, le Père Silvio Massante, rendit visite à Shirley Temple et ses parents pour vérifier ou infirmer la rumeur : "je suis ici pour vous questionner sur une rumeur persistante affirmant que Shirley Temple n'est pas une enfant" écrit-t-elle dans ses mémoires, citant le prêtre.

    "Les yeux de maman s'écarquillèrent d'étonnement. "En Italie, comme dans certains autres pays d'Europe, il y a une rumeur persistante selon laquelle Shirley n'est pas du tout une enfant, mais que Shirley serait en réalité une naine" poursuivit le prêtre. Bien que toute jeune, Shirley raconte avoir été choquée en entendant de tels propos.

    Un spectaculaire rebond de carrière

    A l’âge de 20 ans, estimant que son futur ne se trouvait pas à Hollywood, elle prend la décision de mettre fin à sa carrière cinématographique. Les années 50 et 60 sont donc entièrement dédiées à sa famille. L’année 1969 marque son retour sur le devant de la scène, politique cette fois-ci.

    Shirley Temple s’affiche en effet aux côtés des Républicains, est nommée déléguée des États-Unis aux Nations Unies par le président Richard Nixon et obtient même le poste d’ambassadrice des Etats-Unis au Ghana et en Tchécoslovaquie entre 1974 et 1992. En 1976, elle devient même la première femme à être chef de protocole du département d'État des États-Unis.

    Une remarquable reconversion pour une grande dame, qui a laissé un souvenir impérissable dans la mémoire collective américaine.

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