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    La Couleur Pourpre version 2024 est-il un bon film ? Que pensent les premiers spectateurs de cette comédie musicale ?
    Laëtitia Forhan
    Laëtitia Forhan
    -Chef de rubrique cinéma
    Fan de cinéma fantastique, de thrillers, et d’animation, elle rejoint la rédaction d’AlloCiné en 2007. Elle navigue depuis entre écriture d'articles, rencontres passionnantes et couvertures de festivals.

    La comédie musicale "La Couleur pourpre" est en salles depuis ce mercredi. Que pensent les premiers spectateurs du long métrage avec Fantasia Barrino, Taraji P. Henson et Danielle Brooks, nommée aux Oscars pour son rôle ?

    38 ans après le film de Steven Spielberg, La Couleur Pourpre est de retour au cinéma.

    Sorti en 1986, le long métrage est emmené par Whoopi Goldberg, Danny Glover, Rae Dawn Chong, Oprah Winfrey et Margaret Avery. Adapté du roman d'Alice Walker, première femme afro-américaine de l'Histoire à être couronnée par le prestigieux Prix Pulitzer, le film raconte les luttes d'une femme afro-américaine vivant dans le sud au début des années 1900.

    La couleur pourpre a décroché 11 nominations aux Oscars sans remporter une seule statuette. Ce qui suscita d'ailleurs la colère de Spielberg.

    En 2005, le roman est adapté en comédie musicale à Broadway. Le film de 2024, mis en scène par Blitz Bazawule en est la transposition à l’écran. La Couleur Pourpre version 2024 mêle scènes chantées et dansées et scènes de dialogues.

    Il est emmené par Fantasia Barrino (Celie) et Danielle Brooks (Sofia) - qui tenaient déjà ces rôles dans le musical - et par Taraji P. Henson, Colman Domingo, Halle Bailey, Corey Hawkins, Ciara, H.E.R. et Phylicia Pearl Mpasi.

    La Couleur Pourpre
    La Couleur Pourpre
    Sortie : 24 janvier 2024 | 2h 21min
    De Blitz Bazawule
    Avec Fantasia Barrino, Taraji P. Henson, Danielle Brooks
    Presse
    3,3
    Spectateurs
    3,5

    Le long métrage raconte sur 40 ans l’histoire de trois femmes dans l’Amérique post-esclavage. Malgré les épreuves les plus terribles, elles resteront toujours unies. Rien ne pourra venir éteindre leur lumière, ni leur espoir. 

    Une nomination aux Oscars

    Sorti dans nos salles obscures ce mercredi 24 janvier, le film a décroché une nomination aux Oscars 2024, celle de la Meilleure actrice dans un second rôle pour Danielle Brooks. La comédienne et chanteuse déclare au micro de Deadline :

    "Je pense à 1985 et au fait que la version de Steven Spielberg avait reçu 11 nominations, que Steven lui-même n'était même pas inclus dans ces nominations en tant que meilleur réalisateur, et qu'il n'a remporté aucun prix. Nous voilà bien des années plus tard et je suis le loup solitaire. Je me sens très humble face à tout cela".

    Warner Bros
    Danielle Brooks

    Mais que pensent les premiers spectateurs du long métrage de Blitz Bazawule ? Avec 89 notes à date et 17 critiques, le long métrage musical a une note moyenne de 3 étoiles sur 5 (et une note presse de 3,2 étoiles).

    Une claque

    Pour Louis Dauchy, la version de 2024 est une vraie réussite : "Wow quelle claque, l'un des meilleurs films musical-dramatique que j'ai pu voir au cinéma. Je peux te dire qu'il fera partie de mes coups de cœur de l'année 2024. Le casting est vraiment impressionnant et incroyable. La mise en scène et les musiques wow."

    Un avis partagé par Barbier Gilles, grand fan du film de Spielberg : "Remake du film de Steven Spielberg que j'ai bien vu une cinquantaine fois, à VOIR ABSOLUMENT... Juste (peut-être) un peu trop de chansons. Quel plaisir de réentendre "Sister". Je vous conseille vivement de voir cette pépite. Actrices extraordinaires dans cette version 2023."

    Warner Bros
    La Couleur pourpre

    Selenie du Club AlloCiné, qui lui attribue la note de 4 étoiles, regrette cependant que l'esthétisme du film empêche de se rendre réellement compte de la misère et du côté dramatique de cette histoire :

    "Le film débute avec du bonheur et une partie musicale lumineuse qui annonce la couleur du Blues et du Gospel à Broadway. Les décors très éclairés, les costumes colorés et la photographie participent à tout l'environnement d'un drame déchirant mais aussi empreint d'un message résolument optimiste.

    Mais on est relativement gêné par l'esthétisme général, des morceaux musicaux pétillants, aux chorégraphies plutôt sympa, entre message d'espoir et mélancolie mais qui atténuent tout un pan tragique, à savoir que la misère n'est jamais franchement probante. La vie a l'air plutôt tranquille, les habits sont beaux, ils ont tous des voitures à une drôle d'époque...

    L'immersion dans les campagnes afro-américaines post-esclavage est trop édulcorée, on frôlerait même un peu le style Disney. Un bon moment même si au vu du roman originel on préférera nettement le chef d'œuvre de Spielberg."

    Warner Bros
    La Couleur pourpre

    La comédie musicale efface l'aspect dramatique

    Un avis partagé par L'écran fou qui écrit : "Si le film brille pour ses séquences musicales et l'implication de ses artistes, mais aussi pour son soin visuel, il n'en demeure pas moins un remake inutile sur tous les aspects.

    La force du récit résidant dans sa dureté, l'approche comédie musicale en efface toute sa substance et ainsi toute sa puissance. On ne passe pas après Whoopy, ni Danny, ni Margaret, ni Oprah, et encore moins tonton Steven, même s'il accepte de le produire."

    Pour Fêtons le cinéma du Club AlloCiné, "The Color Purple version 2024 ne réussit que rarement à faire naître le chant de la misère sociale et de la violence qui gouverne la relation entre les sexes : les chansons et les chorégraphies écrasent les enjeux sensibles et historiques, réduits à l’état de toile de fond similaire à cet arbre ancestral autour duquel se réunit, à terme, la famille.

    Cette omniprésence du corps en mouvement fait perdre le sens des mouvements accomplis, le recours permanent au chant oublie que ce dernier est issu du plus profond des êtres, en réaction à une contestation qu’ils ne peuvent sinon exprimer – ce que Steven Spielberg montrait remarquablement lors de deux séquences, celle dans le cabaret de fortune construit dans le marais et celle réunissant le vice et la vertu, soit le même public du cabaret et les fidèles de l’église.

    Warner Bros
    La couleur pourpre

    Le résultat est la vulgarité générale : les exactions surgissent dans une brutalité tout à la fois caricaturale et complaisante, le baiser échangé entre Celie et Shug, tabou qui exigeait la pudeur, s’exhibe sur les planches de Broadway, la scène du bain se transforme en projection superfétatoire des deux femmes sur un gramophone géant, la découverte de la lettre dans la boîte postale de « Monsieur » conduit Shug à brailler en levant les bras en l’air avant de la lire avec Celie à haute voix, simplicité qui balaie les doutes, la retenue et les vibrations liés à la transgression d’un interdit.

    Le réalisateur confond gesticulation permanente et mise en scène, caprices et analogies, oublie qu’un plan doit signifier et qu’une image doit être composée – l’impression majoritaire est celle d’une caméra aguicheuse qui fait se succéder les illustrations dans l’espoir d’une maîtrise formelle, alors qu’elle déambule seulement parmi les performances dansées.

    Le spectacle hurle encore et encore sa virtuosité insignifiante que dynamisent des comédiens talentueux au demeurant mais dépourvus d’épaisseur et de vie à l’écran. Nous aurions aimé voir une telle relecture sur scène et non au cinéma : il y a là méprise…"

    Mais le mieux reste encore de vous faire votre propre avis. La Couleur Pourpre est à voir au cinéma.

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