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    "Atomik Circus" ou la série B à la française...

    A l'occasion de la sortie de "Atomik Circus" ce 21 juillet, AlloCiné s'est entretenu avec Thierry Poiraud, co-réalisateur de cet ovni made in France. Morceaux choisis...

    AlloCiné : Comment présenteriez-vous "Atomik Circus" à nos internautes ?

    Thierry Poiraud : Atomik Circus, le retour de James Bataille est un western de science-fiction mêlé d'une comédie musicale et d'une comédie fantastique. Un peu comme Pee Wee Herman par exemple : Une comédie fantastique décalée...

    Et un film complètement barré...

    Oui, peut-être. Nous on le trouve normal : après ce sont les gens qui jugent ça un peu barré. Disons que le film est un peu particulier : c'est dans l'esprit comic-book, adapté d'une BD... Et comme nous sommes issus de la culture comics et que nous avons commencé par l'animation, le film est plus proche des dessins animés, mais en live. Mais ce n'est pas plus délirant qu'un film d'animation un peu barré.

    Quelles ont été vos influences sur ce film ?

    Il y en a eu plusieurs : Tim Burton, John Waters et les films de Belmondo comme L'Homme de Rio et tous ces de Philippe de Broca.

    Malgré ce côté décalé et très ‘Série Z', "Atomik Circus" dispose toutefois d'un budget très confortable de quelques 10 millions d'euros : comment parvient-on à obtenir autant d'argent pour un projet de la sorte ?

    L'un vient avec l'autre. Nous voulions le faire produire avec moins d'argent, mais nous avions besoin de gens plus connus. Quand nous avons commencé à évoquer notre scénario, les distributeurs ont commencé à flipper en se demandant quel genre de film c'était. Et à partir du moment où Benoît Poelvoorde et Vanessa Paradis ont porté caution, tout est devenu beaucoup plus facile. Après, bien évidemment, il a fallu payer ces acteurs : donc le budget a augmenté avec l'arrivée de ces comédiens, mais eux-mêmes ont amené de l'argent. Donc le budget gonflait en proportion.

    Faire de la série B en France –c'est à dire ce cinéma bis et populaire que l'on retrouve surtout aux Etats-Unis et en Espagne-, c'est très difficile. Les séries fantastiques ou d'horreur sont beaucoup moins populaires chez nous et sont donc plus difficiles à vendre. C'est pourquoi nous avons été amenés à travailler avec des gens plus connus. Mais en même temps c'était un bien en soi puisque nous avons pu travailler avec quelqu'un comme Jean-Pierre Marielle par exemple, qui reprenait tous les films qu'on avait adoré comme Les Tontons flingueurs, les films avec Jean Yanne et toute cette époque là qui est un peu la belle époque française pour nous.

    Parlons de votre casting : pourquoi ces choix et surtout comment parvient-on à convaincre de tels comédiens d'embarquer pour ce délire ?

    Tout a commencé avec Benoît que nous connaissions déjà. Il nous suivait depuis longtemps, il voyait nos pubs, nos courts métrages... Quand on lui a proposé le rôle du méchant, ça l'a fait rire mais il n'y croyait pas trop car il s'est dit qu'on était vraiment trop débiles ! Nous avons travaillé sur le projet pendant un ou deux ans, puis manque de bol nous y sommes arrivés ! Comme c'est un homme de parole, il a accepté le rôle et nous a aidé à peaufiner les dialogues. Vanessa, nous souhaitions l'engager dès le début car nous avions besoin, et pour le financement et pour le film, d'une star vraiment charismatique. Nous lui avons envoyé un dossier graphique avec de nombreux dessins pour lui présenter notre univers, et elle a accepté en deux jours. Tout le monde était aux anges car d'habitude elle n'accepte jamais ! Elle nous a beaucoup apporté sur le film.

    Quant à Jean-Pierre Marielle, nous avions tourné une scène avec Jean Yanne, la dernière du film d'ailleurs, il est reparti chez lui et il est mort. Un peu dur pour un début de premier tournage. Du coup on a cherché du côté de la bande Jean Rochefort, Jean-Pierre Marielle, etc... Jean-Pierre est venu assez rapidement -d'autant qu'il connaissait Vanessa- et le scénario l'a beaucoup amusé. Il était un peu déboussolé au début tout de même : les autres avaient été un peu préparés en amont du tournage à notre univers, notre manière de filmer, notre élocution très rapide... Jean-Pierre est arrivé au milieu de tout ça et a été un peu perdu, surtout que nous avons commencé par des scènes de batailles avec des gens en sang qui courraient partout, de la fumée, nous avec nos monstres pendus au bout d'une canne à pêche... (rires)

    Justement, c'est votre premier long métrage : comment explique t-on à Jean-Pierre Marielle qu'il doit échapper à une méduse géante venue de l'espace ?

    Exactement comme ça ! (rires) Nous n'avions pas beaucoup d'expérience dans ce domaine puisque notre court métrage relevait principalement de l'animation... Jean-Pierre, nous ne savions pas trop comment le diriger : nous passions donc beaucoup de temps à lui expliquer notre univers, nos monstres et nos références, et ça l'amusait beaucoup... C'était un peu comme un tonton qui rentre dans une chambre de gosses pour nous expliquer comment ça marche. Mais il a une culture assez forte des séries B puisqu'il a commencé par beaucoup de films dans les années soixante-dis, donc il est habitué à ce genre de trips... Ca lui est revenu un peu comme une bouffée de jeunesse.

    Dans la mesure où TF1 participe au financement du film, n'y avait t-il pas un risque de "vendre votre âme" en quelque sorte ? Nicolas Boukhrief nous avait expliqué au moment de la sortie du "Convoyeur" que le financement par les chaînes de télévision suppose souvent des impératifs très "grand public"...

    Au début tout allait très bien, puisqu'ils nous ont laissé assez libres sur la production. A partir du moment où ils avaient le nom des acteurs, cela donnait une caution à l'histoire et au film. Par contre, c'est sur la promotion que nous n'étions pas tout à fait d'accord puisque le projet leur a un peu "échappé", non pas par notre faute car nos intentions ont toujours été claires. Je crois que TF1 a voulu produire "un film un peu rigolo avec des jeunes qui font de la pub", sauf que nous avons fait un film plus personnel. Donc au final, c'est plus un film d'auteur de science-fiction avec des acteurs très connus...

    Du coup, ils ne savaient plus trop comment le vendre, et nous nous sommes un peu fâchés à cause des affiches et des bandes-annonces qui dévoilent uniquement l'aspect comédie du film, et auxquelles il manque l'aspect fantastique : ils se sont dits qu'avec Benoît Poelvoorde qui sortait de Podium, ça allait mieux se vendre... C'est un peu comme si on amputait Evil dead de ses monstres en faisant la promotion d'un truc rigolo avec Bruce Campbell qui se balade dans les bois. Mais je pense que comme nous avons assez parlé dans la presse et distillé assez de photos issues de notre univers de séries B et séries Z pour contrebalancer tout ça et faire en sorte que les gens commencent à comprendre. On voulait juste ne pas mentir en fait, et annoncer le spectacle en entier.

    Les précédentes incursions françaises dans la série B comme "Bloody Mallory", ou les tentatives fantastiques comme "Blueberry" et "Immortel (ad vitam)", se sont souvent soldées par des résultats en demi-teinte ou des échecs : cela vous angoisse t-il ?

    La sortie nous angoisse forcément un peu. C'est un genre qui n'est pas forcément populaire, car il y a un réel manque de contre-culture en France. On y vient par le biais de gros films comme Spider-Man, mais les gens oublient que Sam Raimi a commencé par des séries B comme Evil dead... Maintenant, contrairement aux autres, nous avons fait une vraie comédie, ce qui est plus facile à accepter en France. Nous ne voulions pas faire une aventure à l'Américaine mais un pur film franco-français, tourné en Europe, en reprenant là où on s'était arrêté avec Belmondo et L'Homme de Rio.

    A quelles réactions vous attendez-vous de la part des spectateurs ?

    Des réactions partagées je dirais. Comme je le disais, ayant fait une communication sur la comédie, le côté "Série B" gore et action risque d'en dérouter plus d'un. De même, les fans de SF se diront qu'il y a beaucoup de comédie dans le film... Mais c'est comme ça qu'on a voulu Atomik Circus, le retour de James Bataille, un va-et-vient entre les deux genres. C'est un vrai film jouissif rigolo et amusant. Un bel ovni. On fait un film pour nous, pour la famille et les amis, et après on livre, comme un spectacle...

    Propos recueillis par Yoann Sardet

    www.skotlett.org - www.conciamusic.net - www.chiasse-records.com - www.atomikcircus.com

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