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    Rencontre avec Denzel Washington...

    Denzel Washington est à l'affiche de deux films cet automne : "Man on fire" de Tony Scott et "Un crime dans la tête" de Jonathan Demme. Rencontre avec un acteur de grande classe...

    Question inévitable : "Man on fire" et "Un crime dans la tête" sont tous deux des remakes. Qu'est-ce qui vous a convaincu que ces deux histoires devaient être revisitées ?

    Denzel Washington : Dans le cas de Man on fire, je ne savais même pas que c'était un remake (de Man on fire de Elie Chouraqui, sorti en 1987, NDLR). Peu de gens ont vu le film original je crois... Le temps que je m'en aperçoive, nous tournions déjà ! (Rires) Quant à Un crime dans la tête, je savais qu'une première version existait déjà (Un crime dans la tête avec Frank Sinatra, sorti en 1962, NDLR), mais je ne l'avais pas vue. Quand j'ai lu le scénario, je trouvais l'idée très intéressante et j'ai été vraiment impressionné. L'histoire a été remise au goût du jour, et heureusement, ou plutôt malheureusement, c'est une histoire très actuelle.

    Dans ces deux films, vos personnages sont assez similaires dans le sens où ils sont exclus du monde qui les entoure et doivent vivre seuls, l'un à cause de ce qu'il a fait, l'autre à cause de ce qu'il croit avoir fait...

    Dans les deux films, ils sont hantés par leur passé. Mais cela est plus évident dans Man on fire où cet homme est rongé par tout ce qu'il a pu faire, ce qui le conduit à la dépression et vers l'alcool, et cette petite fille va l'aider à s'en sortir... Dans Un crime dans la tête, il ne comprend pas vraiment ce qui se passe : on lui dit qu'il a contracté le syndrôme de la Guerre du Golfe, accompagné de symptômes post-traumatiques, mais ses rêves ne coïncident pas avec ce qu'on cherche à lui faire croire. Il est vraiment perdu... Maintenant, c'est vrai que cette similitude entre les personnages était au départ ma seule réticence quant au fait de jouer dans les deux films. Mais ces histoires étaient tellement intéressantes, avec d'excellents cinéastes à la barre, que je n'ai pas pu résister.

    Justement, parlons mise en scène. Ent tant que jeune réalisateur avec "Antwone Fisher", qu'avez vous appris de Tony Scott et Jonathan Demme ?

    Je leur ai tout volé ! Tout ce que je pouvais ! (Rires) Leurs styles sont complètement différents : Tony Scott a une mise en scène très frénétique, avec plusieurs caméras, des plans complexes... Il m'a montré que la mise en scène était un processus long et subtil pour parvenir à développer votre propre style. Il travaille sur son style depuis très longtemps, mais je crois que Man on fire est vraiment différent de ce qu'il a pu faire jusque là. Jonathan Demme, pour sa part, a parfois l'air un peu "étranger" au tournage. Mais en tant que metteur en scène, je comprends ça : parfois l'acteur se dit qu'on l'oublie ou ne saisit pas ce que veut faire le réalisateur mais je lui réponds "Quand tu verras ça sur grand écran, tu comprendras..." J'apprécie cette subtilité dans le travail de Jonathan.

    Le fait d'être réalisateur vous permet d'avoir un nouveau regard sur leur travail sur le plateau j'imagine...

    Absolument. J'apprécie leur travail plus en profondeur, et surtout je comprends mieux ce qu'ils font et combien c'est une entreprise difficile à mener à son terme. J'essaye donc d'être plus généreux, ou du moins moins égoïste que ce que j'ai pu être par le passé. Vous savez, nous les acteurs, pensons que nous sommes au centre de tout... (Rires) Mais depuis que je suis passé à la mise en scène, je me suis rendu compte de tout ce que cela implique. J'essaye donc d'être plus compréhensif...

    Vous parliez de la mise en scène frénétique de Tony Scott. J'ai pu lire qu'il tournait parfois avec quatre caméras ?

    Parfois juqu'à huit ou neuf ! (Rires) J'apprécie cela parce que vous vous sentez plus libre en tant que comédien. Il peut avoir une caméra en plan large, une en plan rapproché, une en plan moyen... Donc si vous livrez quelque chose d'intéressant à la première prise, le réalisateur a tous les angles de caméras qu'il lui faut. Et c'est agréable de ne pas avoir à se répeter.

    Et vous vous sentez assez d'épaules pour essayer cela sur votre prochaine réalisation ?

    Je ne sais pas si j'ai assez d'argent surtout ! (Rires) Je sais que sur mon prochain film, je n'aurais pas le genre de budget nécessaire à cela. Mais en tout cas, j'ai appris sur Man on fire à me sentir plus libre de bouger la caméra.

    Au niveau du montage, "Man on fire" est également très impressionnant. Ce genre de procédé vous inspire ?

    Je ne suis pas fou au point de croire cela ! (Rires) Et je suis loin d'avoir la maîtrise de Tony pour le moment. Il se passe tellement de choses dans ce film... Je l'ai vu dix ou douze fois déjà, et à chaque fois je suis bluffé. Il a fait de nombreux films, et par ce travail acharné, il a créé une véritable signature visuelle. Moi, j'ai réalisé un seul film, donc je ne vais pas essayer de faire comme lui pour le moment ! (Rires)

    "Un crime dans la tête" sort juste avant les élections américaines. C'était important pour vous ?

    C'était important pour le studio en tout cas ! (Rires) C'était une décision marketing de leur part, mais je sentais également que ce film devait sortir avant les élections, au mois d'octobre, car c'est vraiment un "film pour l'automne" à mes yeux...

    Le film pose un regard très cynique sur la politique, et présente tout cela comme un gigantesque show...

    Est-ce que vous regardez les conventions à la télé ? C'est un show, un énorme show ! Démocrates ou Républicains, c'est la même chose : de la propagande, tout le monde est heureux et blablabla... Personne ne s'intéresse aux problèmes essentiels, c'est un meeting, point final. Personnellement, je suis plus impatient de voir les débats et les deux hommes face à face au centre de l'arène...

    Propos recueillis par Yoann Sardet - Montages : Yoann Kornetzky

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