Le réalisateur Eran Creevy - © Laëtitia Forhan
Welcome to the Punch réalisé par Eran Creevy
Avec James McAvoy, Mark Strong & Andrea Riseborough
Synopsis : L’inspecteur Max Lewinsky (James McAvoy) est obnubilé par l’idée d’attraper voire d’abattre Jacob Sternwood (Mark Strong), le "cerveau" d’un gang qui lui a échappé en le blessant au genou. L’ancien criminel Jacob Sternwood doit quitter sa retraite en Islande et revenir à Londres pour aider son fils impliqué dans une affaire de corruption qui a mal tourné. Un retour au pays qui donne une chance à l’inspecteur Max Lewinsky de se venger enfin de l’homme qui l’obsède depuis trois ans. Les protagonistes se retrouvent des deux côtés de la loi, chacun avec son propre code moral. D’abord l’un face à l’autre, ils sont happés dans une véritable conspiration. Au delà de leurs propres problèmes ils vont devoir collaborer pour survivre ….
James McAvoy - © Scott Free Productions
AlloCiné: "Welcome to the Punch" a été présenté en compétition lors du dernier Festival de Beaune. C’est la première fois que vous participiez à un festival en France, comment était-ce ?
Eran Creevy : Ce festival est incroyable car il rend hommage au genre de films que je fais et que j'aime, il est complétement dédié aux films d'action et aux films policier. Nous n'avons aucun festival de ce genre en Angleterre et avoir la possibilité de venir en France pour présenter mon film, passer sur le tapis rouge, voir un public qui aime ce genre de films, c'est incroyable ! Le public français aime vraiment le cinéma, ça se voit, les spectateurs vivent le film, le cinéma fait vraiment partie intégrante de votre culture. Si bien que les gens m'ont remercié d'être venu présenter mon film alors que c'est moi qui devrais les remercier de me laisser le montrer !
Tout comme votre premier film "Shifty", "Welcome to the Punch" a été tourné en Angleterre. Etait-ce important pour vous de tourner ce film dans votre pays et à Londres notamment qui est un personnage à part entière du film ?
Eran Creevy: C’était très important pour moi de tourner ce film en Angleterre. Quand je me suis rendu aux Etats-Unis pour pitcher mon film aux producteurs (ndlr : le film est produit par Scott Free, la société de Ridley Scott) j’ai utilisé le cinéma français et le cinéma d’action hong-kongais comme exemple.
Londres est une ville incroyable, sûrement l'une des plus belles du monde, mais nous n'avons pas de véritable industrie du cinéma nous permettant de tourner à Londres, comme les réalisateurs français peuvent le faire à Paris. Alors oui, il y a les studios et les films comme Harry Potter, James Bond et de gros films américains qui s'y tournent, mais jusqu'ici il y a très peu de vrais films anglais qui sont tournés à Londres. C'était très important pour moi de tourner ce film à Londres, d'autant plus que les acteurs sont britannique (Mark Strong) et écossais (James McAvoy), donc pourquoi aller à Hollywood quand on peut le faire chez nous. Je suis fière de ma ville et je souhaitais vraiment y tourner.
Beaucoup de jeunes cinéastes anglais grandissent en regardant des films américains mais ont en tête leur ville, ils projettent leurs idées à Londres, donc pourquoi ne pas y rester. C'est ce que j'ai fait.
James McAvoy & Mark Strong - © Scott Free Productions
Votre premier long métrage "Shifty" a été un grand succès en Angleterre. Est-ce que ce succès a facilité les choses lorsque vous avez voulu mettre en scène "Welcome to the Punch" ?
Après Shifty, on ne m’a pas proposé de scénario qui m’intéressait, je voulais vraiment faire un film d’action qui se rapprochait du genre de films que je regardais étant plus jeune. J’ai grandi avec les films de Tony Scott. J’ai donc écrit moi-même le scénario de Welcome to the Punch. Il a fallu du temps pour trouver des financiers, mais je pense que le fait d’avoir été nominé pour les Baftas grâce à Shifty m’a aidé et m’a permis de trouver des producteurs. Pour les financiers qui reçoivent un scénario la nomination est un gage de qualité, de ce fait ils prêtent plus attention à votre dossier.
Nous avions des problèmes pour trouver des financements en Angleterre, quand nous avons appris que Ridley Scott était à la recherche de films à produire à Londres, nous avons proposés le script à sa société Scott Free, qui s’est immédiatement montrée intéressée. J’ai donc été à Los Angeles rencontrer Ridley Scott, il est devenu producteur exécutif et nous a aidés à obtenir des financements et à enrôler des acteurs. Il a ajouté un certain cachet au projet, et nous a fait rencontrer des unités de production avec lesquelles il avait déjà travaillé.
Mark Strong - © Scott Free Productions
Quand on est un jeune metteur en scène, comment se sent-on quand on doit diriger des acteurs aussi connus que James McAvoy, Mark Strong,… ?
Chaque acteur travaille différemment, certains aiment se glisser dans la peau de leur personnage, d’autres non. Certains ont besoin de s’isoler, de crier pour se plonger dans le bon état d’esprit. Ils ont leur propre manière de travailler, le réalisateur doit donc gérer ces différences et être capable de donner à chacun l’espace dont il a besoin pour s’épanouir. Il ne faut pas interférer avec le processus de chacun. Certains peuvent avoir une préparation assez agressive où ils ont besoin de crier, d’hurler et il faut faire en sorte qu’ils aient une pièce séparée où ils puissent s’exprimer. Il faut gérer les personnalités, savoir ce dont chacun a besoin. Certains acteurs ont besoin de beaucoup parler, d’autres sont mutiques, certains demandent beaucoup d’instructions au moment du tournage, certains demandent qu’on les appelle par le nom de leur personnage etc… Il faut bien comprendre tout ça et faire ça, c'est ce que j'ai tenté de faire. Les écouter et laisser libre afin qu'ils donnent le meilleur d'eux-mêmes.
Quel est votre prochain projet ?
C’est un film appelé Autobahn, un thriller qui se déroule en Allemagne. Ça parle d’un baroudeur américain qui se retrouve mêlé à un trafic d’héroïne. Les choses tournent mal, sa vie et celle de la femme qu’il aime sont en danger. Il doit voyager jusqu’à Munich pour survivre et c’est un peu comme si (500) jours ensemble rencontrait Speed. Un jeune acteur américain très en vogue est intéressé (NDLR : Zac Efron a été annoncé au casting au mois de mai), j’espère que ça va se concrétiser, et si c’est le cas vous devriez en entendre parler d’ici la fin de l’année.
Welcome to the Punch
Propos recueillis le 4 avril 2013 à Beaune par Laëtitia Forhan
