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    "Wrong Cops" : 3 questions au réalisateur Quentin Dupieux

    Réalisateur atypique, Quentin Dupieux revient sur nos écrans avec "Wrong Cops" une comédie déjantée portée par une galerie de personnages loufoque, et un casting orignal : Eric Judor, Marilyn Manson, Ray Wise ou encore Eric Roberts. Rencontre avec un cinéaste unique en son genre.

    © Realitism Films

    Allociné : Wrong Cops est-il le dernier volet d’une trilogie ?

    Quentin Dupieux : C’est exactement ça même si je pense que pour le public ce n’est pas hyper intéressant de savoir que je suis à la fin d’une période. C’est la fin d’un cycle, pas d’une vraie trilogie mais de trois films (Rubber, Wrong et Wrong Cops) qui sont issus du même moule.  C’était un peu une façon de faire un bouquet final. Je mets toute ma musique, je fais des autoréférences à mes autres films, ce qui est je m’en rends compte un peu gênant pour certaines personnes. Pour moi, c’est juste la fin de cette période.

    Peut-on parler de "style Quentin Dupieux" ?

    Je n’ai vraiment pas envie qu’il y ait un "style Quentin Dupieux" car selon moi c’est ce qu'il peut arriver de pire à un réalisateur. Je n’ai pas envie de me répéter, de tomber dans cette facilité, celle de trouver une formule et de m’y tenir car c’est trop simple selon moi. Chaque film est un nouveau défi même si on pourrait avoir l’impression que mes films sont tous les mêmes. Mais si on regarde mes films, on se rend bien compte que je suis en quête permanente d’invention, j’essaie de me révolutionner à chaque fois, de bousculer mes certitudes et de ne pas répéter les effets que je maitrise car ça m’ennuie. Beaucoup de réalisateurs tombent là-dedans malheureusement, certainement car c’est rassurant. C'est le cas par exemple de Wes Anderson, qui est bourré de talent et est très doué, mais il a un style, c'est-à-dire qu’il a décidé que ses films seraient filmés et stylisés d’une certaine façon, avec les mêmes comédiens, et le même propos d’une certaine façon. C’est chouette car on reconnait sa patte sur ses films et ça fait plaisir à pleins de gens car quand si aime un de ses films, on peut tout aussi bien aimer le suivant.  Mais personnellement, je fuis cette méthode, je n’ai pas envie d’avoir un style à moi, je pense que c’est ce qui peut m’arriver de pire. Peut-être que je me trompe complètement et que mes films sont finalement pareils mais ce n’est pas grave, je continue de penser ainsi. Chaque film que je tourne est une révolution par rapport au précédent, et ce sera le cas de mon prochain, Realité avec Alain Chabat, qui sera complètement autre chose.

    © Quentin Dupieux

    Estimez-vous que vos films ont trouvé leur place au sein des personnalités de l’industrie du cinéma ?

    Je n’intéresse personne dans le système je pense, mais j’intéresse par contre des comédiens parce que  travailler avec moi c’est finalement comme se faire un bon restaurant. Les comédiens se passent le mot et savent que venir chez moi, c’est plutôt sympa car ce sont des équipes très légères et globalement les comédiens n’attendent jamais pour tourner. Un mec comme Eric Roberts a passé trois heures sur le plateau, on a tourné ses deux scènes et il est rentré chez lui. Mes tournages sont très ludiques et sympathiques, dans la mesure où la principale activité de la journée, c’est tourner ce qui n’est pas le cas en temps normal puisque les moments de tournage sont assez brefs finalement puisqu’il y a le temps de préparation, la mise en place de la lumière, le maquillage... Sur un film comme Wrong Cops, qui a été tourné en 17 jours environ, on ne peut pas se permettre de faire autre chose que tourner.  Cela créée une urgence qui fait que, effectivement, j’arrive à attirer des comédiens de renom, qui viennent chez moi comme dans un bon restaurant. Je suis en train de rassembler une "famille", aussi bien en France qu’aux Etats-Unis et c’est très agréable, je me sens comme le Jean-Pierre Mocky des années 2000

    Wrong Cops

    Propos recueillis par Clément Cusseau

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