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    Rocky, Rambo, Woody Allen : Sylvester Stallone décrypte sa carrière... avant l'Oscar ?

    Début février, Sylvester Stallone était honoré par le Festival de Santa Barbara. L'occasion pour le comédien, légende d'Hollwyood depuis quatre décennies, de revenir sur sa carrière et certains de ses rôles marquants. Morceaux choisis.

    Rocky

    Sylvester Stallone : Je connaissais un monsieur haut en couleurs, qui connaissait tout le monde à Hollywood. Et il a fait en sorte que je sois invité à une réunion avec des producteurs, en tant qu’acteur. Mais quand vous voyez des gens fixer leur montre, vous savez que c’est fini pour vous ! Ils m’ont donc remercié d’être venu : "Merci d’être passé, on ne sait pas ce que vous faites ici mais on nous a demandé de vous recevoir…" J’ai alors parlé du fait que j’écrivais, même si à l’époque je n’avais pas écrit grand-chose à part La Taverne de l’enfer que j’avais vendu pour 1 000 dollars. Ils m’ont donc dit de les recontacter, et j’y ai vu l’opportunité que j’attendais. Enfin ! Sauf que je n’avais rien à proposer... J’ai donc réfléchi à un film illustrant ce que je vivais, et que beaucoup de gens vivent. L’histoire de quelqu’un qui n’est pas totalement accompli dans sa vie, ou dans ce qu’il pense qu’elle peut être. Des fois on se voit trop beau : "Je pense jouer mieux que Kobe Bryant !" Non, tu ne joues pas mieux que lui. (Rires) Mais parfois, vous avez conscience de votre vrai potentiel et vous saisissez une opportunité. Les gens ne pensent pas forcément devenir le nouveau Gandhi ou quelqu’un qui va bouleverser l’univers, mais ils savent qu’ils méritent de vivre autre chose et de laisser libre cours à leur potentiel. C’est là qu’est né Rocky. Je me suis ensuite inspiré d’un vrai boxeur, Rocky Marciano. Il y a eu le combat de Chuck Wepner qui a tenu tête à Mohamed Ali. Bref, j’ai vu dans la concordance de tous ces événements un signe, et je me suis mis à écrire cette histoire (en trois jours, NDLR). La première version était faible, mais je suis allé au bout. C’est important de le faire, car au moins vous avez une structure sur laquelle travailler.

    Les gaffes de Rocky

    Creed

    Déjà, j’étais ravi qu’on me propose du travail ! (Rires) Mais plus sérieusement, j’étais ravi qu’un jeune homme né après la sortie de Rocky IV, Ryan Coogler, s’empare d’un personnage comme Creed. Carl Weathers a créé un personnage tellement inoubliable qu’il est ancré dans son esprit depuis 1986. C’était son héros, et il m’a embarqué dans cette histoire. Quand il est venu m’en parler, il n’avait pas encore réalisé Fruitvale Station, il était étudiant. Comme quoi il faut donner sa chance aux jeunes ! (Rires) C’est incroyable que ce jeune cinéaste d’Oakland ait su s’approprier ces personnages. Il a modernisé cette histoire, il se l’est appropriée, il y a mis beaucoup de lui-même. Et surtout il a rendu Rocky humain : ce n’est plus un guerrier, c’est un homme qui affronte ce que nous affrontons tous, vieillir un peu plus chaque jour. Je me suis totalement impliqué dans cette approche, j’ai fait en sorte d’être à la hauteur. Et surtout je sais que je n’aurais jamais osé faire ça de moi-même. Par vanité peut-être. Ou parce que je ne suis pas assez intelligent. Il a fallu ce jeune homme d’Oakland pour pousser le personnage plus loin. C’est l’illustration parfaite qu’il faut oser se lancer et aller au bout de ses idées, au-delà de ses propres craintes.

    Rocky vu par l'équipe de Creed

    Rambo

    Al Pacino, Dustin Hoffman, Michael Douglas, Nick Nolte, Robert Redford, Paul McCartney… J’étais le onzième choix ! Quand j’ai lu le scénario, j’ai compris pourquoi le rôle avait pu déplaire à certains acteurs. Pour moi, Rambo est une sorte de créature de Frankenstein moderne. Nous avons créé ce monstre, en l’occurrence un soldat, qui revient un jour au pays avec un syndrome de stress post-traumatique (ce que personne n’avait encore identifié à l’époque). Dans le scénario original, Rambo était asocial, presque un psychopathe, et il finissait par tuer tout le monde avant d’être éliminé -et libéré- par Trautman, son créateur. A cette époque, 20 000 vétérans du Vietnam se suicidaient chaque mois. Et je ne voulais pas faire un film autour d’un personnage détruit par l’armée, qui a fait ce qu’on lui imposait de faire et qui ne trouvait comme issue que le suicide une fois revenu à la maison. J’ai donc préféré orienter le personnage vers quelqu’un qui est privé de toute dignité alors qu’il veut simplement retourner chez lui et être accueilli et respecté par le pays qui lui a donné son identité. Il y avait un conflit intérieur intéressant là-dedans, et c’est la dynamique qui nous a semblé la plus intéressante pour Rambo. Quelqu’un qui aurait pu mal tourner mais qui veut au fond de lui être étreint par la mère-patrie.

    Les gaffes de la saga Rambo

    Expendables

    Je crois à la force du groupe. Beaucoup d’entre-nous étions arrivés au terme de notre carrière d’action-hero. C’est souvent une carrière assez courte. Au-delà de vingt ans, c’est même très rare. Bref, l'aventure Expendables, c'est un peu comme le rock. J’ai vraiment vu ça un peu comme ça : réunir pour un concert des légendes du rock. Un vétéran du rock qui fait son retour, ça ne marche pas forcément. Mais réunir une vingtaine de légendes, ça fonctionne car on voit avant tout le groupe. J’ai donc eu l’idée de faire ça avec les stars du cinéma d’action. Une sorte de grand revival, avec un petit moment pour chacun.

    Les gaffes des Expendables

    Woody Allen

    J’ai beaucoup appris à cette époque. Je pense qu’on apprend plus de ses échecs. Le succès ne vous apprend rien, ça ne vous incite jamais à vous remettre en cause et ça vous fait croire que vous êtes infaillible. Alors que le fait de rater quelque chose ou d’être refusé pour un rôle vous confronte à un choix : vous acceptez cet échec, ou vous faites en sorte de le dépasser et de tout faire pour ne plus en connaître. Je me souviens du casting pour Bananas de Woody Allen. Je ne savais pas qui était Woody Allen, à l’époque. J’ai compris depuis qu’il était un génie. Bref, je m’y rends avec un ami, un peu plus petit que moi. Une sorte de Joe Pesci. Et nous passons le casting pour des rôles de voyous. Woody Allen était tellement timide… Très gentil mais incroyablement timide. Et il dit à son assistant que nous n’avions pas l’air assez intimidant. C’était une première pour moi ! Je quitte donc le casting, je me mets en route pour retourner chez moi, et mon ami me dit : "Pourquoi ?". Je lui réponds : "Pourquoi ? Et bien parce qu’il pense que nous ne sommes pas assez intimidants." Il me dit alors : "Non ! On y retourne et on essaye autre chose." Je n’avais jamais fait quelque chose comme ça : j’étais très sensible à l’époque, et je prenais un refus comme une attaque personnelle. On est retourné chez moi, on a mis de la vaseline dans nos cheveux, on s’est badigeonné de suie, on avait l’air méchant. On est retourné au casting qui avait lieu dans le métro, et là mon ami s’approche de Woody Allen et lui lance "Ça va comme ça ? On est assez intimidant ?" Et il était terrifié ! Il n’a pas du tout aimé et a juste dit "Engagez-les… Engagez-les…" Et c’est comme ça que j’ai été engagé. La morale de cette histoire ? La vaseline règlera tous les problèmes de chômage ! (rires)

    La bande-annonce (décalée) de Bananas

    Le cinéma

    J’adore le monde du cinéma. Les gens qui le font, mais aussi le fait que ça puisse autant divertir les spectateurs. Et puis surtout, on laisse derrière soi certains films qui existeront au-delà de nous-mêmes. C’est très gratifiant. En vieillissant, j’ai compris qu’il faut être reconnaissant de ce qu’on laisse derrière soi, et j’ai l’impression que nous laissons quelques bons films.

    Savez-vous comment s'appellent les ennemis de Stallone ?
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