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    FIFIB 2016 : une histoire d'amour pour Lucie Lucas et Anton Yelchin dans le film indé américain "Porto"
    Brigitte Baronnet
    Passionnée par le cinéma français, adorant arpenter les festivals, elle est journaliste pour AlloCiné depuis 12 ans. Elle anime le podcast Spotlight.

    Le Festival International du Film Indépendant de Bordeaux a présenté Porto, dernière apparition au cinéma du regretté Anton Yelchin. Ce film indé américain est aussi l'occasion de voir Lucie Lucas (Clem, Coup de foudre à Jaipur) à contre-emploi.

    Alors que Lucie Lucas sera en prime time sur TF1 ce mercredi avec Rayane Bensetti pour la fiction Coup de foudre à Jaipur, elle se dévoile sous un autre jour dans l'un des longs métrages en compétition au Festival International du film Indépendant de Bordeaux.

    Dans Porto*, premier long métrage de Gabe Klinger, la révélation de Clem donne la réplique au regretté Anton Yelchin, décédé cet été dans un tragique accident de voiture. Tous deux connaissent une histoire d'amour troublante dont la narration multiplie les flashbacks et ellipses. Nous avons rencontré son réalisateur, Gabe Klinger.

    AlloCiné : Aviez-vous prévu dès le départ de choisir une actrice frnaçaise pour votre film ou l'idée est arrivée au moment du casting ?

    Gabe Klinger, réalisateur et scénariste : Il était écrit que le personnage serait français. Je ne peux pas vraiment vous expliquer pourquoi j’avais envie que ce personnage soit français. Je n’ai fait que suivre une sorte d’intuition. Je voulais qu’il y ait un Américain et une Française, voilà de quoi je suis parti.

    L’autre raison est qu’il y a un tel vivier de talents en France que je voulais avoir l’opportunité de faire un casting en France. On a vu beaucoup de monde ayant entre 25 et 35 ans parlant un anglais correct et étant disponible sur la période de tournage. Je ne peux pas vous dire dans le détail qui nous avons vu, mais je peux vous dire qu’l y avait des actrices célèbres, très célèbres, et d’autres moins. Le risque de prendre une actrice très connue, ou une actrice connue pour des films indépendants, c’est qu’elles ont un style, leur style, et les gens connecteraient mon film à d’autres films. ‘Ah c’est un film avec Adèle Haenel, un film avec Ariane Labed...', ou une autre actrice faisant partie du paysage du cinéma d’auteur, de cette constellation.

    Avec quelqu’un comme Lucie (Lucas), je partais d’une page blanche. C’était quelqu’un de tout nouveau, ne faisant pas partie du monde du cinéma indépendant, mais venant de la télévision très commerciale. Donc pour moi c’était très intéressant de travailler sur cet aspect, et pour Lucie aussi je pense. Se rencontrer à mi-chemin dans son univers et à mi-chemin dans le mien.

    Nous savions que nous pouvions créer quelque chose de très spécial ainsi, quelque chose de différent, d’unique, ne ressemblant pas à quelque chose de plus commun dans le cinéma indépendant. C’était très excitant de faire sa connaissance, de voir à quel point elle était enthousiaste à l’idée de faire un film.

    En France, vous avez ce truc où vous pouvez être bloqué à la télé. Aux Etats-Unis nous n’avons pas ça. Les acteurs de télé font des films et inversement. Il n’y a plus de préjugés. Par exemple, quelqu’un comme Alec Baldwin a fait de la télé pendant plusieurs années et est revenu au cinéma. J’ai vu que Lucie était frustrée d’être bloquée à la télé et quand on lui a proposé ce rôle, c’était comme lui offrir un masque à oxygène et respirer à nouveau.

    Vous aviez une relation très forte avec le comédien Anton Yelchin. Pouvez-vous nous en parler ?

    C’était une tellement belle personne. Il était si généreux. Il était très cinéphile. Il passait son temps à dire : 'je dois voir ce film, je dois voir plus de films'. Il se sentait coupable de ne pas avoir le temps de voir davantage de films. Parfois on sortait boire des verres et il disait : 'je vais rentrer chez moi'. Après, il m’envoyait des textos pour me dire ‘oh je viens de voir ce film, c’est génial ! Il faut qu’on en parle !’ Et moi évidemment, je dormais et je découvrais ces messages au réveil.

    J’adore le cinéma, je suis cinéphile donc pour moi de trouver un acteur qui était aussi comme ça. Ce n’est pas commun. Je me souviens d’un film de Jacques Rivette, Out 1 qui est ressorti à Paris l’année dernière, un film de 12h en 8 parties : Anton est allé le voir en intégralité. On aime Jean-Pierre Léaud aussi beaucoup, on parlait de ses rôles. Il y avait un lien très fort entre nous.

    ==> Voir un extrait de Porto avec Lucie Lucas et Anton Yelchin 

    Avez-vous fait beaucoup de prises, beaucoup répétés ?

    Nous n’avons pas eu le luxe de faire beaucoup de prises car nous tournions en pellicule. C’est très cher. Donc tout le monde est très concentré sur le moment. C’est un peu comme une équipe de football. On se réunit tous, et un, deux, trois, go ! Vous voyez ? Et on peut entendre la caméra tourner. Les acteurs l’entendent. Donc pour eux, c’est un bon moyen de se concentrer. Nous avons répété pendant deux semaines avant le tournage. Lucie a eu deux semaines très intenses. Au moment où nous avons commencé le tournage, tout le monde était plus à l’aise, en confiance.

    Vous avez travaillé précédemment sur un documentaire avec Richard Linklater. Justement votre film est très touchant à la manière d’un Before Sunrise. Etait-ce une influence pour vous ?

    Oui, inévitablement. Ce film a influencé toute une génération. Le premier de la trilogie Before est très romantique, très naïf. Je l’aime beaucoup, encore plus aujourd’hui. Je trouve ça intéressant au cinéma de revenir à une forme de romance un peu naïve. Aujourd’hui beaucoup de films sont très cyniques sur l’amour. Mais il ne faut pas voir dans Porto un spin-off ou un hommage à ce film. C’est autre chose, un peu plus bizarre et triste.

    C’est un film sur le souvenir d’une histoire d’amour. Pour moi, un réalisateur qui a compté est Alain Resnais. Muriel, Hiroshima, L'année dernière à Marienbad… Ces films renvoient à la question du temps et du souvenir. Je trouve qu’il y a encore beaucoup de choses à faire au cinéma pour traiter cette question du souvenir, de la mémoire. Une fois que vous ouvrez cette porte, on peut continuer encore et encore. C’est très libérateur. Et en même temps, ça vous limite car ça vous met une certaine pression sur le fait de raconter quelque chose avec ambition.

    *Porto de Gabe Klinger ne dispose pas encre d'une date de sortie française

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