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    Nina : Annelise Hesme se confie sur les nouveautés de la saison 3 et sur l'évolution de la série [INTERVIEW]

    "Nina", le drama médical de France 2, revient ce soir pour une saison 3 inédite. À cette occasion, Annelise Hesme, la star de la série, est revenue pour nous sur son personnage et sur les changements au cœur de ces nouveaux épisodes.

    Gilles Scarella / FTV

    AlloCiné : La saison 2, qui a vu Nina, votre personnage, devenir enfin infirmière titulaire, a été mouvementée et s'est achevée par un cliffhanger haletant qui laissait Costa, interprété par Thomas Jouannet, entre la vie et la mort, vraisemblablement victime d’une crise cardiaque. Que pouvez-vous nous teaser sur la saison 3, qui débute ce soir sur France 2 ?

    Annelise Hesme : Au début de la saison 3, après une ellipse de 6 mois, Nina a repris ses études de médecine. Elle souhaite se rapprocher encore un peu plus de son père, dont elle a de toute façon toujours été assez proche, contrairement à sa mère avec qui il y a toujours eu des tensions, même si elle l’aime énormément. Ce sont les rapports mère-fille, c’est normal. Cette saison, Nina souhaite aborder la médecine d’une autre manière et retourne donc sur les bancs de la fac car elle a encore beaucoup de choses à apprendre. Côté vie privée, elle a des problèmes relationnels avec sa fille, Lily, qui supporte mal le départ de son père [qui est parti en mission humanitaire, ndlr]. Bref, elle a toujours énormément de choses à gérer. Et en plus de tout ça, l’hôpital dans lequel elle travaille fait sa fusion avec un hôpital privé. C’est un peu l’équipe Macron contre l’équipe Martinez (rires).

    Justement, la fusion de l’hôpital avec l’Hôpital Nord entraîne l’arrivée de nouveaux personnages incarnés par Socha et par Ben. Est-ce qu’on doit s’attendre à ce que Caroline Bergman soit le nouvel antagoniste majeur de Nina, comme Proust a pu l’être au début de la série ?

    Tout à fait, c’est exactement ça. Caroline Bergman c’est tout ce que Nina déteste. C’est le règne du paraître sur l’être. Le pouvoir. C’est tout ce qu’elle abhorre, c’est son levier d’indignation premier.

    La relation professionnelle entre Nina et Proust, qui est l’un des points forts de la série, évolue de manière très intéressante en saison 3. On peut presque dire qu’ils se rapprochent, qu’ils commencent à s’apprivoiser, à s’apprécier…

    J’adore cette relation. C’est beau parce que Proust (Grégoire Bonnet) n’est pas l’antagoniste absolu de la série, ce qu’on a un peu essayé de nous faire croire au début. Il ne sait juste pas comment exprimer ses émotions. Et des émotions, il en a énormément. Il est rempli de passion, de fougue pour son métier. Il est plein de foi aussi, mais une foi différente de celle de Nina. Et Nina a fini par l'accepter comme ça. Elle voit l’âme des gens, elle ne s’arrête pas à l’apparence. Elle ne veut pas de faux semblants, de faux rapports. C’est vraiment ça que j’aime chez elle.

    Gilles Scarella / FTV

    Après une saison 2 assez sombre, marquée notamment par la mort de Nadine (Marie Vincent), on pouvait penser que la saison 3 serait peut-être plus légère, plus lumineuse…

    Pour le coup c'est un peu raté ! (rires)

    Ce "départ", c’était une volonté de Marie Vincent de quitter la série pour passer à autre chose ?

    Ça a été un véritable choc. Je viens de voir Marie car on va bientôt jouer au théâtre ensemble et on a reparlé de la mort de Nadine, son personnage. Quand je l’ai joué, je n’arrivais plus à m’arrêter de pleurer. Parce que j’étais extrêmement triste qu’elle s’en aille. Parce que c’est mon amie, parce que c’est une actrice extraordinaire. Et je me suis dit "Mais pourquoi les scénaristes font ça ?!? Ils font entrer de nouveaux personnages qu’ils font parfois ressortir aussi vite et ils n’exploitent pas les personnages qu’ils ont déjà sous la main". Mais bon je comprends les recettes. Il leur fallait un climax, un choc dans l’intrigue. Et cette femme, Nadine, comme Marie, était tellement aimée que ça a un peu brisé les téléspectateurs. Comme ça a brisé Nina. Mais je pense qu’il y avait aussi une volonté des auteurs de développer, par le biais de cette intrigue, le personnage de Stéphane Fourreau, le directeur de l’hôpital, qui est un représentant du pouvoir. Un acteur incroyable qui n’a pas toujours été très exploité. Donc c’est bien aussi, il faut aller un peu en profondeur des choses.

    Cette saison, le casting connaît quelques changements. Ilona Bachelier remplace Léa Lopez dans le rôle de Lily, la fille de votre personnage…

    Elles sont aussi adorables l’une que l’autre. Ce sont des filles super. D’ailleurs elles ont des similitudes de jeu, de comportement. Dans le visage aussi je trouve. Si ça se trouve, pour les téléspectateurs qui ne sont pas très attentifs, le changement d’actrice va passer inaperçu (rires). Ça a été aussi formidable de tourner avec l’une qu’avec l’autre en tout cas. Ce sont des filles très intelligentes, qui font beaucoup de choses à côté. Des filles libres, comme il faut que les filles le soient aujourd’hui.

    Le départ de Léa Lopez était-il lié à son emploi du temps chargé à cause du tournage de Clem, dans lequelle elle joue également depuis 2016 ?

    Oui, je crois. Je ne suis pas dans tous les petits secrets des puissants, mais je pense que c’est pour ça, oui.

    Autre mouvement au sein du casting : Djalil Bensaid, le psy incarné par Farid Elouardi, déjà moins présent en saison 2, est complètement absent cette année, sans réelle explication...

    Malheureusement, encore une fois, je ne suis pas scénariste, donc je ne peux pas vous dire ce qui s'est passé. Mais j'avoue que je ne comprends pas trop cette décision car les psys, à l’hôpital, c’est très important. Et d’ailleurs c’est pour ça qu’on va faire intégrer les médecines alternatives et complémentaires à l’hôpital petit à petit car elles y rentrent de plus en plus et parce qu’on doit coller à la réalité de ce monde qui est très dure. On a besoin des psys plus que jamais. Je pense d'ailleurs que Nina devrait aller voir un psy (rires). Elle ne va pas pouvoir supporter toute la misère du monde sans s’effondrer. Elle va nous faire un burn-out. Je l’ai proposé aux auteurs, on verra s'ils m'entendent !

    Gilles Scarella / FTV

    Lorsque la série a été lancée, vous avez dit en interview "Nina c’est moi". C’est toujours le cas aujourd’hui ? Vous vous retrouvez toujours autant en elle ?

    Plus que jamais. J’ai toujours été comme elle, révoltée de la domination de l’argent sur l’humain. Et on le voit en ce moment dans ce monde qui part en sucette totale. Ça a toujours été le cas mais là on nous l’éclaire. Donc j’espère que les choses vont changer et Nina l’espère aussi. (…) Elle est engagée dans son travail mais aussi dans la vie, au quotidien. Elle est énervée mais façon tranquille. C’est une révoltée, mais pas vraiment une révolutionnaire. Elle n’a de toute façon pas vraiment les moyens de faire la révolution. Moi je suis engagée sur un combat pour les réfugiés syriens en Turquie, pour leur venir en aide, et je ne peux pas ne pas m’engager pour une cause comme celle des femmes en France. Je me demande où sont passés les artistes qui voulaient sauver l’amour, comme Balavoine ou Renaud. On m’a souvent traitée d’altermondialiste ou de féministe de merde, mais je m’en fous, je continue le combat.

    Au lancement de Nina en 2015, on a évidemment beaucoup comparé la série à Grey’s Anatomy, qui est un peu la référence actuelle en matière de série médicale. Avant même de la voir, tout le monde se demandait si Nina n’allait être qu’une copie à la française, et finalement, on s’est détaché de cela et la série a trouvé une vraie identité…

    On est Français, tout simplement. On ultilise des codes qui sont très français et on est aussi, je trouve, dans une approche plus réaliste. On est moins maquillés au bloc, en salle d’opération (rires). Nina, c’est une série un peu humble. Elle ne donne pas de leçons. Elle éclaire juste des sujets de société qui ont besoin d'être mis en lumière.

    La série paraît aussi être de moins en moins soap au fil des saisons, non ?

    La première saison était super soap, mais aujourd’hui on l’est beaucoup moins c'est vrai. Grâce en partie aux chefs opérateurs qui ont changé et qui ont apporté une lumière plus réaliste. Et grâce aux rôles qu’on a fait évoluer. Je peux parler de tous mes camarades qui ont chacun pris leurs rôles en main avec brio. Grégoire Bonnet, Nina Melo, Alix Bénézech, Clément Moreau, ... On a eu des témoignages et on a envie de coller à plus de réalité tout en continuant à faire rêver. Des infirmières qui travaillent dans l’hôpital dans lequel on tourne me disent parfois "Heureusement que vous ne décrivez pas vraiment nos journées car sinon ce serait chiant, on passe 3 heures par jour à faire des soins" (rires). Il faut continuer à porter de belles valeurs dans ce monde hyper cynique. Nina porte vraiment de belles valeurs d’humanité. Qui sont souvent moquées par l’intelligentsia, mais on s’en fiche, c’est beau. On ne peut pas plaire à tout le monde de toute façon.

    Au fil des ans, Nina a accueilli de nombreux guests. C'est encore le cas cette année, avec Linda Hardy, Nicole Croisille, Guillaume Cramoisan, ou encore Vanessa Demouy. Est-ce qu’il y a un invité cette saison qui vous a particulièrement marqué ?

    Oui, Sophie Le Tellier. Dans le rôle d’une mère que j’ai trouvée magnifique de justesse et de désespoir face à son fils autiste et à sa propre mère qui a pris sa place de maman. Ce cas m’a énormément touché. Et Sophie m’a complètement bouleversé. Mais on a beaucoup de chance car on a toujours des acteurs super bons et qui nous sortent de notre petite routine. J’aime bien aussi vivre leurs histoires, et pas seulement les nôtres.

    Gilles Scarella / FTV

    France 2 a déjà commandé une saison 4, avant même la diffusion de la saison 3. La série devient un vrai rendez-vous régulier de la chaîne, ce qui est une belle preuve de confiance. Vous vous sentez prête à continuer l’aventure encore longtemps ?

    Oui, longtemps, vraiment. On a débuté le tournage de la saison 4 le 2 octobre et, franchement, continuer avec France 2 et avec mes productrices, Laurence Bachman et Anne Felotti, avec plaisir. Ce sont des femmes extraordinaires. Heureusement que j’ai la chance de travailler avec des femmes comme ça, qui ont cassé le plafond de verre. Elles me soutiennent, en me guidant, sans jamais me brider. Ce sont des femmes généreuses, qui comprennent les autres femmes, qui ne sont pas dans la compétition. Laurence c’est un peu comme notre maman. C’est la Nina de la production. C’est rare. Je n’aime pas le pouvoir et je parle très rarement en bien des producteurs et des productrices. Donc si je le dis c’est que je le pense du fond de mon coeur.

    En plus, Laurence est d’une fidélité exemplaire avec ses acteurs. La plupart des comédiens avec qui elle travaille, elle les a suivis. Elle les a vus à la télé et a eu envie de travailler avec eux. Moi elle m’avait repéré dans Le Réveillon des bonnes et elle s’est dit "Cette fille là il faut que je lui trouve un jour une série". Et quand Alain Robillard [le créateur de la série, ndlr] lui a proposé Nina elle a immédiatement pensé à moi.

    Thomas Lilti prépare une série médicale pour Canal+, qui devrait s’intituler Hippocrate, comme le film qu’il a réalisé en 2014. La chaîne a déclaré que ce serait "le vrai premier drama médical français". Ce qui n'est pas très sympa pour Nina ou pour les autres séries médicales qui sont passées avant…

    Oui, mais bon, c’est normal. C’est une chaîne privée, donc ils veulent se mettre en concurrence directe en disant "Nous on est bien car on est tiré du film Hippocrate". Un film que j’ai par ailleurs adoré, que j’ai trouvé formidable. Les acteurs sont incroyables. Mais pourquoi essayer de détruire les uns pour se monter ? Ce n’est pas des valeurs de Nina ça par exemple. Non, j’espère que leur série sera très bien et qu’eux aussi arriveront à toucher des gens et à soulever de vrais problèmes de société. Donc allez-y les gars, dénoncez, dénonçons ensemble (rires).

    Depuis que vous jouez dans Nina, vous avez l'impression que le cinéma c'est plus compliqué ? Qu'il est plus difficile de décrocher des rôles au cinéma une fois qu'on est l'héroïne d'une série populaire ?

    Oui, mais vous savez, le cinéma ça a toujours été très compliqué, à cause des rapports de pouvoir. Je suis comme Nina, j’ai toujours été plus du genre à faire des bras d’honneur qu'autre chose... Et comme auprès des réfugiés syriens, je vais me battre auprès des femmes. Parce que ces derniers jours j’ai été touchée, nous avons toutes été touchées. Évidemment...

    Est-ce que vous avez d'autres projets, en parallèle de Nina, dont vous pouvez nous parler ?

    Oui, j’ai tourné un téléfilm pour France 3 de Laurent Jaoui, qui s’appelle Rien ne vaut la douceur du foyer, et qui est une adaptation de la collection Mary Higgins Clark. J’attends la diffusion avec impatience. J’ai adoré tourner ce téléfilm car c’est un rôle aux antipodes de Nina. Je joue un fille qui a tué sa mère lorsqu'elle était petite et qui revient sur les lieux du meurtre pour replonger dans ses souvenirs d’enfance et comprendre comment elle a pu tuer sa mère qu’elle adorait tant. C’était libérateur de jouer des opposés, après Nina, de ne pas rester cantonnée au même type de rôle.

    Et puis j’ai commencé à répéter une pièce que je vais jouer dans un an. Mise en scène par Yves Pignot, et avec Marie Vincent et Virginie Lemoine. Ça s’appelle "Comme en 14". Ça ressemble un peu à La Bonté des femmes et ça se passe durant la guerre de 14. Une sorte de Nina au théâtre car je retrouve Marie Vincent et nous jouons des infirmières de fortune. C'est une vraie ode à la bienveillance et à l'entraide des femmes.

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