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    Miraï, ma petite soeur : ses débuts dans Dragon Ball Z, ses déboires avec Ghibli... Mamoru Hosoda se confie
    Vincent Formica
    Vincent Formica
    -Journaliste cinéma
    Bercé dès son plus jeune âge par le cinéma du Nouvel Hollywood, Vincent découvre très tôt les œuvres de Martin Scorsese, Coppola, De Palma ou Steven Spielberg. Grâce à ces parrains du cinéma, il va apprendre à aimer profondément le 7ème art, se forgeant une cinéphilie éclectique.

    Après Les Enfants Loups et Le Garçon et la Bête, Mamoru Hosoda est de retour avec Miraï, ma petite soeur. Rencontre avec le cinéaste japonais lors de son passage à Cannes en mai dernier à la Quinzaine des réalisateurs.

    Miraï, ma petite soeur - Sortie le 26 décembre 2018

    De Mamoru Hosoda avec Haru KurokiMoka KamishiraishiGen Hoshino

    DE QUOI ÇA PARLE ?

    Kun est un petit garçon à l’enfance heureuse jusqu’à l’arrivée de Miraï, sa petite sœur. Jaloux de ce bébé qui monopolise l’attention de ses parents, il se replie peu à peu sur lui-même. Au fond de son jardin, où il se réfugie souvent, se trouve un arbre généalo-ma-gique. Soudain, Kun est propulsé dans un monde fantastique où vont se mêler passé et futur. Il rencontrera tour à tour ses proches à divers âges de leur vie : sa mère petite fille, son arrière grand-père dans sa trépidante jeunesse et sa petite sœur adolescente ! A travers ces aventures, Kun va découvrir sa propre histoire.

    AlloCiné : Miraï se déroule en deux parties bien distinctes, une qui nous présente le quotidien de cette famille bouleversée par l'arrivée d'un nouvel enfant et la seconde beaucoup plus onirique...

    Mamoru Hosoda : C'est quelque chose que j'aime beaucoup faire dans mes films, mettre en scène deux mondes en parallèle ; c'est en jouant avec cela que l'on peut finalement décrire l'ensemble de notre monde. Dans Summer Wars, je montrais le monde d'Internet et celui de la réalité, dans Les Enfants Loups, j'explorais le monde de la grande ville et de la campagne et dans Le Garçon et la Bête, je montrais le vrai quartier de Shibuya puis son aspect imaginaire.

    On pense que les humains sont intellectuels et que les animaux sont des sauvages, mais il y a ces deux aspects-là chez les deux espèces.

    Cette fois-ci, dans Miraï, je décris le monde de la maison du côté du réel et de l'imagination. C'est depuis la cour de la maison que le personnage principal, Kun, voyage vers d'autres mondes.

    Vous aimez beaucoup mettre en scène des humains se transformant en animaux, qu'est-ce qui vous fascine dans l'anthropomorphisme ?

    Avant de parler de la transformation des humains en animaux, je voudrais parler des points communs entre les animaux et les enfants. Ils ont une vitalité que les adultes n'ont pas. Par exemple, les enfants adorent imiter les chiens, il y a vraiment une sorte d'affinité entre les petits et les animaux. Dans un roman que j'aime beaucoup, Histoire du poète qui fut changé en tigre, écrit par Atsushi Nakajimaun poète se transforme en tigre à cause de sa jalousie. Il était tellement jaloux d'un autre poète talentueux qu'il s'est transformé en tigre.

    Je pense que les émotions humaines et le côté animalier ont un lien, une affinité. On pense que les humains sont intellectuels et que les animaux sont des sauvages, mais il y a ces deux aspects-là chez les deux espèces.

    Vous parlez des enfants, que l'on voit beaucoup dans vos films... ils distillent une certaine forme de nostalgie chez les spectateurs adultes... C'est un sentiment que vous partagez ?

    Quand je me rappelle de mon enfance, très curieusement, je me souviens de moments assez pénibles, je complexais beaucoup. Ce ne sont pas des choses dont j'ai vraiment envie de me souvenir. Mais maintenant que je suis devenu père, ma vision a un peu changé. J'ai l'impression de revivre ma propre enfance à travers le temps que je passe avec mes enfants. On peut dire que je revis ma vie grâce aux enfants et c'est une chose que je trouve extraordinaire.

    Concernant le doublage de Miraï, vous êtes parvenu à engager de grands acteurs japonais comme Koji Yakusho, comédien fétiche de Kiyoshi Kurosawa...

    Quand on met en scène un film, on a évidemment envie de faire appel aux plus grands acteurs pour le doublage. Tous les réalisateurs japonais voudraient travailler un jour avec Koji Yakusho. Il est extraordinaire mais il y a aussi d'autres acteurs et actrices extrêmement talentueux comme Haru Kuroki, qui prête sa voix à Miraï. Elle a notamment été récompensée au Festival de Berlin pour sa performance dans La Maison au toit rouge. C'est une des meilleures comédiennes du monde.

    Je ne veux pas non plus oublier de citer l'actrice qui a incarné le personnage, principal, Kun, qui est pourtant un petit garçon de 4 ans. Il s'agit de Moka Kamishiraishi. J'ai organisé des auditions durant 3 mois et je me suis donné beaucoup de mal pour trouver la bonne personne, celle qui conviendrait le mieux pour la voix de Kun. Moka a 18 ans, beaucoup de talent et un grand avenir devant elle.

    L'expérience Ghibli a été douloureuse mais elle m'a fait comprendre qu'il y a des choses qu'on ne peut pas réaliser.

    Vous deviez réaliser Le Château ambulant pour le Studio Ghibli mais ça ne s'est finalement pas fait, pouvez-vous nous expliquer pour quelles raisons ?

    En fait, quand je suis allé au Studio Ghibli, je croyais avoir carte blanche pour faire mon propre film. Mais le studio voulait absolument que ce soit dans le style de Hayao Miyazaki. Pour moi, il était impossible d'imiter le style Miyazaki, ça n'a aucun sens. Evidemment, ça n'a pas marché.... c'est une expérience qui a été douloureuse mais elle m'a fait comprendre qu'il y a des choses qu'on ne peut pas réaliser.

    Après cette affaire, j'ai quand même réussi à mettre en scène La Traversée du temps. Pour moi, c'était presque un miracle d'être parvenu à faire ce film après l'échec Ghibli. J'ai presque cru à l'existence du Dieu du Cinéma à ce moment. Même si cette période a été très dure pour moi, j'ai appris beaucoup, notamment à quel point il était important de faire son propre film, une oeuvre qui corresponde à soi-même.

    Vous avez aussi été animateur sur Dragon Ball Z à vos débuts; quels souvenirs gardez-vous de cette expérience ? Comment expliquez-vous le succès de la saga, qui cartonne encore aujourd'hui avec Dragon Ball Super etc ?

    Je suis entré au Studio Toei en 1991 en tant qu'animateur et j'ai très vite commencé à travailler sur Dragon Ball Z. J'ai aussi collaboré sur plusieurs longs-métrages de la franchise aux côtés du réalisateur Shigeyasu Yamauchi [Broly le super guerrier, L'armée du ruban rouge]. Il était extrêmement énergique et j'ai appris beaucoup de choses avec lui et surtout comment faire des films.

    Dragon Ball Z : Gokû, Vegeta, Freezer... quels sont les guerriers les plus puissants de l'animé culte ?

    Si Dragon Ball est toujours aussi populaire, c'est avant tout pour son énergie. L'oeuvre dégage beaucoup de force, notamment à travers ses personnages. De plus, les réalisateurs sont souvent des personnes aussi explosives que peuvent l'être ces animés et c'est une qualité indispensable.

    QUEL EST LE PERSONNAGE PRÉFÉRÉ DE MAMORU HOSODA DANS DBZ ?

     

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