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    La Favorite et le cinéma "magnifiquement absurde" de Yorgos Lanthimos vus par ses actrices, Emma Stone en tête

    La première est nouvelle dans son univers alors que les deux autres y ont déjà mis le pied. Réunies dans "La Favorite", sorti en DVD et Blu-Ray ce 11 juin, Emma Stone, Rachel Weisz et Olivia Colman évoquent le cinéma de Yorgos Lanthimos.

    Après des films aussi étranges que The Lobster et Mise à mort du cerf sacré, qui lui ont permis de se faire connaître du grand public, vous pensiez vraiment que Yorgos Lanthimos allait aborder le genre historique de façon classique ? Il n'en est bien évidemment rien tant La Favorite fait régulièrement écho à notre époque, et porte la marque du réalisateur, dont ses actrices évoquent le style, aussi bien la nouvelle venue Emma Stone que Rachel Weisz et OIivia Colman, déjà familières de son univers. Lequel a également été évoqué à notre micro par le principal intéressé, en même temps que son nouveau bébé, en lice pour dix Oscars.

    AlloCiné : Peut-on voir "La Favorite" comme la troisième partie d'une trilogie consacrée à la nature humaine, avec un premier volet situé dans le futur, le second au présent et le dernier dans le passé ?

    Yorgos Lanthimos : Si vous le voulez, oui (rires) Mais ça n'était pas mon intention. Je ne regarde pas mon travail en termes de trilogies ou en essayant d'empaqueter mes films de la sorte. Je prends chaque chose à la fois, comme elles se présentent, mais ce qu'il y a de bien lorsque l'on fait des films, c'est que les gens peuvent observer des éléments de votre travail sur lesquelles vous n'avez sans doute pas de recul. Si vous trouvez des connexions, c'est super.

    Ce scénario n'a pas été écrit par vous. En quoi avez-vous senti que le film pourrait s'intégrer dans votre univers ?

    Le scénario original, signé Deborah Dean Davis, était très intéressant car il parlait des ces trois femmes qui, à un moment de l'Histoire, avaient ce grand pouvoir entre les mains. Mais au gré des changements de caractère, de relation et de comportement survenus dans le récit, elles ont modifié le destin du pays tout entier et du monde. Cet aspect seul m'a paru intéressant, puis j'ai travaillé pendant plusieurs années avec Tony McNamara, arrivé plus tard sur le projet, pour tenter de rendre le ton plus proche de quelque chose que je pourrais faire et voudrais raconter, avec une sensation particulière. Ça nous a pris du temps et j'étais impliqué de près dans ce processus, donc au final j'ai eu le même sentiment qu'en travaillant sur mes films précédents. Voire plus, vu que ça m'a pris plus de temps et qu'il a davantage mûri dans nos têtes respectives avant que nous ne finissions par le faire vraiment.

    Twentieth Century Fox

    Vous avez fait part de vos références pour ce film, et c'est étonnant : car s'il y a "Possession", "Amadeus" ou "Cris et chuchotements", "Barry Lyndon" en est absent alors que l'on y pense vite devant "La Favorite". Vous a-t-il quand même influencé d'une façon ou d'une autre ?

    J'essaye toujours d'éviter les influences. Lorsque vous commencez à les nommer, cela devient très précis. Les films que vous mentionnez sont des films d'époque, mais nous en avons aussi regardé des contemporains, pour être inspirés sur le plan créatif. Pour moi il s'agit juste d'une accumulation de choses très différentes qui vous affectent et vous font faire ce que vous faites. Barry Lyndon est un film que vous ne pouvez pas éviter lorsque vous en faites un situé à une époque proche de la sienne. C'est l'un des plus grands films jamais faits, vous ne pouvez pas empêcher les gens d'y penser. Nous avons consciemment essayé d'éviter de trop y penser ou le regarder de notre côté : s'il est dur d'y échapper, il vaut mieux le laisser de côté autant que possible (rires)

    Vous avez débuté votre carrière en filmant de la danse et des ballets. Pensez-vous que c'est pour cette raison que votre mise en scène est si précise et que votre caméra donne l'impression de danser autour des acteurs ?

    Ça a sans doute à voir avec cela, oui. La physicalité est un aspect sur lequel j'aime travailler. J'essaye d'ailleurs de ne pas trop intellectualiser lorsque je travaille avec les acteurs autour des personnages et de l'histoire. J'essaye de concentrer le travail sur le plan physique, en essayant des choses, faisant des exercices ou des jeux, ou en des changements pendant que nous tournons. La physicalité joue un grand rôle dans mon travail.

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