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    Chernobyl sur OCS : pour aller plus loin après la série événement

    La série phénomène s’est achevée hier soir sur OCS après cinq épisodes intenses. Si de par sa longueur, Chernobyl peut faire office d’oeuvre somme, il est néanmoins possible de compléter sa découverte. Petit tour d’horizon non exhaustif

    HBO

    Chernobyl aura tenu en haleine ses spectateurs jusqu’au terme de son cinquième épisode. Plus de cinq heures où l’on a pu apprendre les conditions qui ont mené à la catastrophe, sa gestion et la communication du régime soviétique. Bien qu’elle relate un fait survenu il y a 33 ans, la série s’est néanmoins montrée d’actualité dès qu’il s’agit d’aborder l'ingérence gouvernementale. Hier, on parlait de désinformation, aujourd’hui on dirait fake news. Chernobyl n’entend que mettre en lumière des faits, elle se permet également d’intégrer un discours sur sa contemporanéité, notamment autour du traitement de la communication ou du fameux storytelling où la vérité importe moins que la façon de raconter une histoire.

    La série de HBO n’est pas la première à aborder le sujet. Il existe des films, des documentaires, même une mini série qui ont traité la catastrophe ou ses retombées. Mais elle est probablement la seule à contracter rigueur et dramaturgie, comprendre que non seulement elle pousse le réalisme à un niveau quasi obsessionnelle mais sait fait des écarts à ses principes pour les besoins de la fiction.

    Les Documentaires

    Lorsque l’on pense à des oeuvres capables d’atteindre ce niveau d’authenticité, ce sont les documentaires qui viennent en premier, notamment La Bataille de Tchernobyl de Thomas Johnson. Le film retrace l’histoire de la catastrophe avec une acuité rare, bien aidée par l’utilisation d’images d’archives. Il remet notamment à l’honneur le travail des liquidateurs, ces personnes qui ont eu charge de nettoyer la radio-activité, que ce soit en enlevant les débris de la centrale nucléaire jusqu’à l’abattage de bêtes contaminés, ainsi que les travaux qui ont été nécessaires pour la consolidation et l'assainissement du site.

    Autre documentaire qui met en lumière le rôle des liquidateurs, Le Sacrifice de Emanuela Andreoli et Wladimir Tchertkoff, ce dernier, journaliste italien, a beaucoup travaillé sur la question du nucléaire et de ses dangers. Le film engagé épingle également le rôle de l’Organisation Mondiale de la Santé et de l’Agence Internationale de l’Énergie Atomique dans la désinformation au sujet du nucléaire.

    The Russian Woodpecker de Chad Gracia enquête sur les liens qui pourraient s’établir entre la catastrophe et la guerre froide. Tirant son nom du célèbre et gigantesque radar Duga, le documentaire d’investigation cherche à réunir des informations afin d’offrir une vision plus large. Les conclusions restent néanmoins à prendre avec des pincettes tant certaines déductions semblent parfois relever de la paranoïa conspirationniste.

    La supplication de Pol Cruchten est l'adaptation de l’essai de la journaliste et écrivaine biélorusse Svetlana Aleksievitch. Le film reprend alors ces témoignages en voix off de témoins de la catastrophe (veuve d'un liquidateur, habitants de la ville de Tchernobyl, ingénieur…). Il associe le texte avec des images recréant les situations et jouées par des acteurs qui ne s’expriment donc jamais directement. En 2015, Svetlana Aleksievitch reçoit le prix nobel de la littérature pour « son œuvre polyphonique, mémorial de la souffrance et du courage à notre époque » dont La Supplication fait assurément parti.

    Le Tocsin de Tchernobyl de Rollan Serguienko tente de retracer les conditions de l'accident par ceux qui l'ont vécu. En donnant ainsi la parole à des chercheurs, membres du personnels ou pompiers, le documentaire cherche à traduire « la menace qui pèse sur nous tous » dès qu'il s'agit d'énergie nucléaire. Le documentaire montre ainsi ce que l'on peut observer dans le dernier épisode de Chernobyl qui retrace les conditions de l'explosion du réacteur n°4.  

    Tchernobyl, le monde d’après, comme son titre l’indique ne traite pas de la catastrophe mais des retombées 30 ans plus tard. Le documentaire de Marc Petitjean et Yves Lenoir entend rappeler combien les zones contaminées sont toujours nocives. Il faut dire qu’une guerre de l’information a lieu dans le milieu scientifique à ce sujet. Certains voyant dans la prolifération de la faune et de la flore le signe d’une vie possible dans ces endroits pourtant contaminés ; quand d’autres rappellent combien le taux de radiations est beaucoup trop élevé. Le documentaire expriment ainsi l’existence « des rares personnes qui ont consacré leur vie à réduire autant que possible les risques et dommages qui menacent la population du fait d'un environnement radioactif. [...] Elles se dressent comme des figures de "derniers liquidateurs" investies dans une tâche sans fin – vivantes incarnations du Mythe de Sisyphe. Ce film a pour ambition première de leur rendre justice ».

    Les Films

    Finalement, si la catastrophe a su initier de nombreux documentaires, voire des chaînes Youtube, côté fictions, rares sont les oeuvres à s’être emparées du sujet. Difficile de trouver une explication logique au phénomène, surtout à l’issue de la série qui, durant cinq épisodes, a su montrer toute la cinégénie de Tchernobyl.

    Si on excepte les bandes d’horreurs qui imaginent des monstres ou mutants errants dans la zone sinistrée (genre Chronique de Tchernobyl de Bradley Parker), il faut se contenter de Tchernobyl de Vitaliy Vorobyov, film russe qui, à travers une histoire d’amour, retrace le déroulement de la catastrophe. Il s’agit du remontage d’une mini série de quatre épisodes de 52 minutes.

    La Terre Outragée de Michale Boganim aborde le sujet en deux temps. Récit choral, le film suit plusieurs personnages pendant la catastrophe et dix ans plus tard pour mieux figurer les retombées. Le film montre également la gestion soviétique du traitement de l’information et combien certains ont pu être réduits au silence afin de minimiser les conséquences réelles de l’explosion du réacteur.

    Enfin, difficile de ne pas mentionner le quasi prophétique Stalker d’Andreï Tarkovski. Le film a beau être sorti 7 ans plus tôt, il s’avère particulièrement raccord quand il s’agit de montrer des espaces désolés et les conséquences d’une catastrophe écologique (indéterminée dans le film mais cela ressemble fortement à l’image que l’on peut voir de la région de Prypiat).

     

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