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    Dark saison 2 : on décrypte l'étrange générique de la série Netflix

    Des images aux formes mouvantes, d’étranges symétries, le générique de la seconde saison de Dark a choisi le kaléidoscope comme motif principal. Un choix qui n’est pas qu’esthétique mais porte une vraie signification. On décrypte.

    Le générique de Dark est parfaitement à l’image de la série : au départ on n’est pas sûr de saisir ce que l’on regarde et ensuite, tout fait sens (ou presque).

    Les images

    Dans un premier temps, il y a les images, avant leur déformation/manipulation. Des images dont on comprend la nature réelle qu’après avoir vu la saison. Et pour cause, elles reprennent de brefs moments de la série. Noah qui ramasse une pioche dans le première épisode de la saison 2 ; le marteau-piqueur dans la central nucléaire dans le dernier ; le dos plein de cicatrice du vieux-Jonas, la main ensanglantée de Claudia après la mort accidentelle de son père, le tableau dans le repère d'Adam…

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    Un procédé très classique finalement mais qui possède une seconde lecture, notamment à travers le filtre kaléidoscopique par lequel elles sont traités. Cette transformation n’est pas gratuite et évolue au fil des deux saisons. Dans la première, il s’agissait principalement de symétrie. D’abord selon un classique effet miroir puis vient un troisième reflet. Dans la seconde, les images se déclinent en quatre morceaux, voire plus. Cette multiplication, au sein des génériques et des saisons, correspond peu ou prou à la multiplication des temporalités : 1953, 1986 et 2019 dans la saison 1 ; la seconde ajoute les années 1921 et 2052. D’où la décomposition exponentielle des images.

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    Intrinsèquement, l’idée de symétrie, ces images qui semblent aspirées en un point fixe d’où émergent une perte des repères trouve aussi une relation avec un autre concept de la série : la table d’émeraude, « un des textes les plus célèbres de la littérature alchimique et hermétique » (source : wikipédia). Dans une édition de l'Amphitheatrum Sapientiae Eternae (1610) de l’alchimiste allemand Heinrich Khunrath, on peut voir une planche montrant le fameux texte gravé sur un rocher. Image qui est tatouée sur le corps de Noah. L’Hermétisme semble être donc au coeur de la série, au moins comme concept théorique. Le texte est composé d’une douzaine de formules allégoriques de type : « ce qui est en bas est comme ce qui est en haut, et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas », une formule que l’on peut également adapter à la conception du temps tel qu’il est représenté dans Dark et à celui du générique où les notions de repères sont floues.

    D.R.

    Se promener dans le générique de la série revient à la regarder pour ce qu’elle est : une balade dans le temps où les notions de passé, de futur et de présent se mélangent et s’annulent. C’est ce qui se passe quand on découvre les images pour la première fois : on ne peut comprendre leurs références parce qu’elles n’ont pas encore eu lieu. Mais inconsciemment, elles nourrissent notre perception au fur et à mesure de la découverte de la saison. Quand on commence à comprendre que ce sont des images isolées d’événements passés ou à venir, cela crée une forme d’attente, un suspense. A qui correspond le corps dans la morgue ? Pourquoi des hommes en tenu anti-radiation utilisent-ils des marteau-piqueurs ? A qui appartiennent les mains recouvertes de sang qui composent un numéro de téléphone ? Selon les principes fondateurs de la série, il n’y a pas que le passé qui influence le présent, le futur l’influence aussi. Le générique illustre ainsi les principes de la boucle de causalité, à l’origine des concepts de voyages temporels qu’ont mis en place les auteurs : « un événement est en partie la cause d'un autre événement, qui à son tour est l'une des causes du premier événement mentionné » (source wikipédia).

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    La musique

    L’impression de déjà-vu peut aussi fonctionner avec la musique. Écrite par Apparat avec la participation de la chanteuse de Soap & Skin au timbre de voix si singulier, Goodbye résonne également dans la mémoire des sériephiles. On a en effet déjà entendu le morceau dans le treizième épisode de la saison 4 de Breaking Bad dans lequel (attention divulgâchage !) Walter fait exploser Gus (et cette image terrifiante de son visage à moitié arrachée). Un moment important dans la série et qui a assurément marqué les spectateurs !

    Côté paroles, le choix de la chanson ne semble pas uniquement esthétique. Il faut entendre le refrain nous répéter « For neither ever, nor ever Goodbye » (ni pour toujours, ni à jamais, adieu), une façon de mélanger les indications temporelles pour rendre l’ensemble à la fois poétique et illustrative des circonvolutions paradoxales dans lesquelles nous balade la série.

    Révéler des choses

    L’un des points forts et fondamentaux de Dark, c’est de ne rien laisser au hasard. Dans la première séquence de la saison 2, deux personnages qui creusent les tunnels pour accéder aux portes discutent. L’un deux, dont la foi s’est éteint croit à « l’ironie du sort ». Pour ces propos hérétiques, il est tué par un jeune apprenti : Noah, car selon Adam, « les choses doivent se passer comme elles l’ont toujours fait ». C’est à l’image d’un générique : même s’il évolue au fil des saisons, il raconte des choses qui se sont passées, comme ils l’ont toujours fait.

     

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