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    Après Once Upon... et Mindhunter, un autre film sur Charles Manson à Deauville
    Corentin Palanchini
    Passionné par le cinéma hollywoodien des années 10 à 70, il suit avec intérêt l’évolution actuelle de l’industrie du 7e Art, et regarde tout ce qui lui passe devant les yeux : comédie française, polar des années 90, Palme d’or oubliée ou films du moment. Et avec le temps qu’il lui reste, des séries.

    Le festival de Deauville a diffusé en avant-première "Charlie Says", film sur Charles Manson et ses disciples porté par Matt Smith. Mais que vaut cette nouvelle incarnation du gourou américain ?

    IFC Films

    En 2019, Charles Manson est partout ! Once Upon A Time in Hollywood, la saison 2 de Mindhunter et à présent au festival de Deauville... Le criminel est sur les écrans, grands comme petits, 50 ans après les assassinats qu'il avait notamment fomentés contre Sharon Tate, et qui coûta la vie à l'actrice en devenir. Deauville a choisi de diffuser Charlie Says, une vision fidèle quoique simplifiée de ce que l'on sait de la vie de gourou de Manson.

    Matt Smith incarne Charles Manson, tandis que Hannah Murray (Gilly dans Game of Thrones), Sosie Bacon (Here and Now, 13 Reasons Why) et Marianne Rendón (Patti Smith dans Mapplethorpe) incarnent trois de ses disciples féminines. Le film marque aussi le retour de la réalisatrice d'American Psycho, qui a récemment tourné la minisérie Alias Grace.

    Le film s'ouvre sur plusieurs disciples venant de commettre un assassinat. Une transition d'un an plus tard, on retrouve trois des "filles de Manson" détenues en isolement complet dans une aile de prison qui leur est réservée. Elles passent leur temps à chanter et à coudre, comme elles le faisaient à Spahn Ranch, l'un des repaires de la Manson Family. Le spectateur comme l'employée pénitentiaire cherchant à les aider psychologiquement, comprennent qu'elles sont toujours sous l'emprise de leur gourou.

    IFC Films

    C'est l'aspect le plus fascinant de Charlie Says, celui de montrer qu'en tant que "meneur", Manson avait tant de charisme et un tel don de manipulation que les personnes -souvent fragiles ou mal-aimées- qu'il réunissait autour de lui, l'auraient suivi n'importe où. Nous suivons ces trois personnages féminins sur plusieurs années de détention et, même éloignées de leur gourou, elles continuent à suivre en prison les principes imposés par Manson et sont persuadées que la révolution qu'il avait annoncée va se réaliser. Leurs phrases commencent souvent par "Charlie dit que", ce qui donne son titre au film.

    Ces personnes ont été rebaptisés par Manson lors de leur entrée dans la "famille", et c'est le combat de ces femmes pour retrouver l'identité et le nom qui leur a été conféré à la naissance qui est le sujet principal du film.

    Matt Smith transmet le charisme qu'il faut au personnage de Manson pour que son glissement de chantre du mouvement hippie à l'extrémisme soit crédible. Le film montre cette évolution bien réelle du gourou, qui de guitariste souhaitant que ses disciples abandonnent leur ego vire au paranoïaque persuadé que les Afro-américains vont tenter de prendre le pouvoir et que face au chaos engendré, il sera appelé à la rescousse, tel un sauveur.

    IFC Films

    Via les flashbacks des filles, Charlie Says explore aussi les volontés de Manson de percer dans le milieu de la musique via notamment son ami Dennis Wilson (James Trevena-Brown) des Beach Boys. Malheureusement, cet aspect n'est pas développé au point de montrer toute l'atrocité du fait que c'est la frustration de ne pas réussir dans la musique qui poussera Manson un peu plus encore vers la radicalisation et à commanditer des meurtres. Il ne sera finalement plus animé que d'un esprit de pure vengeance et d'une volonté de financer sa retraite dans un lieu sûr en attendant que la révolution arrive.

    Le long métrage n'oublie pas de souligner qu'avec la mort de Sharon Tate, c'est tout un pan des espoirs de la contre-culture qui sont partis en fumée. Dommage que le film ne rende pas les personnages féminins plus attachants, en les cantonnant à des filles manipulables et manipulées dont ne sera montrée que la seule détresse de réaliser que leurs actes meurtriers ne suivaient aucun but sensé.

    Si la réalisation n'est pas forcément à la hauteur du sujet et certains sujets laissés de côté, comme le passé des filles, les raisons qui ont pu conduire à leur lavage de cerveau par Manson, Charlie Says fait figure de complément à la série Netflix Mindhunter, qui brossait en quelques minutes un portrait surprenant du personnage.

    Le film n'a pas encore de date de sortie française :

     

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