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    Terminal Sud avec Ramzy Bedia : "Je me suis rendu compte que j'arrivais d'un cinéma bourgeois"

    Quelques mois après "La Lutte des classes", Ramzy Bedia change radicalement de registre avec "Terminal Sud", en salles ce mercredi. Il nous présente ce drame dans lequel il est un médecin plongé en pleine guerre civile.

    Potemkine Films

    AlloCiné : Vous aviez déjà tourné sous la direction de Rabah Ameur-Zaïmeche dans Bled Number One. Comment êtes-vous arrivé sur Terminal Sud ?

    Ramzy Bedia : Oui, c'était il y a déjà 10 ans, voire plus. Et là, quelle surprise de recevoir un scénario de sa part. J'ai adoré et je l'ai aussitôt appelé pour lui dire "c'est parti !". Pour moi c'était un film d'action, bon après j'ai vu que ça n'en était pas un mais pour moi au début, c'était un film d'action.

    Le film brouille les pistes, on ne sait pas dans quel pays il se déroule. On présume que c'est l'Algérie...

    Mais ce n'est pas l'Algérie, oui. On a tourné dans les alentours de Nîmes, qui ressemble apparemment à l'Algérie (rires). Je crois que Rabah voulait tourner en Algérie mais n'a pas pu. On a donc tourné en France et c'est là qu'on s'est dit qu'on ne raconterait pas une histoire algérienne mais une histoire qui pourrait se passer n'importe où. Mais comme il y a beaucoup d'Arabes, on pense à l'Algérie (rires).

    Comment êtes-vous rentré dans ce personnage ? Vous apparaissez plus massif que d'habitude.

    Tout le monde me le dit ! Je ne m'en suis pas rendu compte. Mais oui je sentais que pour être ce mec-là, je devais être solide. Car ce qui se passe autour de lui est effrayant et lourd. J'ai donc arrêté de faire du sport et j'ai mangé dans beaucoup de fast-food. (rires) Je me suis laisser-aller, je me suis dit que ça ne serait pas grave si je grossissais. Effectivement, je crois que ça se voit dans le film. J'aime bien qu'on me dise que je suis massif, en fait je suis juste un gros lard (rires).

    Potemkine Films

    C'est un film au climat anxiogène. Le tournage a-t-il été difficile ?

    Ça a été très très compliqué. Par l'absence de moyens surtout. Ça inclue le logement, la nourriture sur le plateau... On est tous là pour le film, on s'en rend bien compte une fois sur le plateau qu'on est là pour le propos et pour Rabah. Lui est très doux et très calme. On fait parfois des scènes qui ne sont pas prévues. Il est assez intuitif, instinctif, il faut le suivre. Il ne m'a pas trop dirigé mais je voyais dans ces yeux si ça ne lui convenait pas.

    Il paraît que vous êtes allé jusqu'à vous embrouiller sur le plateau avec lui...

    Oui, je ne supportais plus ces conditions de tournage. C'est là que je me suis rendu compte que j'arrivais d'un cinéma bourgeois. Ça a été compliqué pour moi de faire du cinéma dans ces conditions. Et les rapports que j'ai avec Rabah ne sont pas les mêmes que ceux que j'ai avec d'autres gens. Il est spécial, très intéressant, hyper touchant, il est dans ce monde. C'est moi qui me suis emporté mais ce n'était même pas avec lui mais avec des membres de l'équipe. Ça a servi le film j'ai l'impression.

    Comment se sont déroulées les scènes de torture ?

    À la base, c'était une scène d'interrogatoire et non de torture. J'ai été surpris de recevoir des coups, ce n'était pas prévu. Alors je l'ai joué mais je ne m'y attendais pas. Rabah avait tout prévu avec l'autre acteur, qui est très bon d'ailleurs. Comme j'avais les mains attachées, je ne pouvais pas répliquer. Je ne pouvais même pas me protéger. Ah c'est un autre cinéma ! (rires)

    Ça a été compliqué pour moi de faire du cinéma dans ces conditions.

    On présente ce film comme celui qui vous offre votre premier rôle dramatique. Vous pensez quoi de cette étiquette ?

    Je m'en fiche. Je vois que les gens en parlent comme ça mais je m'en fiche. En plus, ce n'est pas mon premier rôle dramatique, peut-être le premier "premier rôle" dans ce registre. Mais je ne m'en suis pas rendu compte. Si j'avais fait ça il y a 10 ans, peut-être que ça aurait été plus conscient. Mais à mon âge, c'est la suite logique des choses.

    Quel regard portez-vous sur ce qu'il se passe actuellement en Algérie ?

    C'est génial, je pensais que ça n'arriverait jamais. Maintenant je suis inquiet parce que ça prend du temps. J'ai vu démarrer cette révolution pacifique, et drôle en plus, qui m'a bouleversé. C'est la jeunesse qui fait ça et j'hallucine, je suis surpris, respectueux et fier de la manière dont cette révolution est faite. Il était temps. En revanche, rien n'a bougé depuis et ça me fait peur. Je pense qu'ils vont continuer mais que je crains que ça se passe mal pour eux.

    On vous retrouvera bientôt dans la saison 3 de Platane. Quel regard portez-vous sur le parcours d'Eric Judor, duquel vous êtes indissociable ?

    J'adore Platane, la saison 3 atteint un niveau incroyable. J'ai été agréablement impressionné par mon pote. Je suis dégoûté de ne pas signer cette série avec lui. Je dis la vérité : je suis dégoûté de me rendre compte qu'il peut faire ça sans moi.

    Vous êtes un peu jaloux ?

    Oui, un peu. Clairement. C'est sincère mais je me dis que je préfère être jaloux de lui plutôt que son travail soit bidon. J'ai fait ma vie avec lui, je me dis que je ne l'ai pas partagée avec un naze. Je suis très fier et je me dis que ce n'était pas juste un effet de mode. On compte encore tourner ensemble, on se manque et on se fait encore rire, tout est là.

    Entretien réalisé à l'Hôtel Parister (Paris, 9e)

    La bande-annonce de Terminal Sud, actuellement en salles :

     

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