Après une année chaotique, The Prom arrive à point nommé. Six ans après son adaptation de la pièce de théâtre The Normal Heart, Ryan Murphy repasse derrière la caméra pour un troisième long métrage. Enfin. Le réalisateur transpose sur les écrans la comédie musicale éponyme et reste fidèle à sa recette favorite : un divertissement pop, mais engagé, qui réhabilite la voix des invisibles. L'histoire se déroule dans l'Indiana où Emma, une jeune adolescente, se voit privée du bal de promo par le conseil des parents d'élèves, hostiles à l'idée qu'elle puisse s'y rendre avec sa petite amie. Pour se racheter une image, quatre figures de Broadway sur le déclin décident de lui venir en aide.
"Je suis allé voir la comédie musicale sur les planches en janvier 2019 et c'était une période compliquée pour moi, se rappelle le cinéaste à l'occasion de la conférence de presse. À la moitié du spectacle, j'ai réalisé que, étant moi-même originaire de l'Indiana, cette histoire était aussi la mienne." Cette proximité et l'optimisme propre à The Prom l'ont poussé à se lancer dans le projet.
L'interview de l'équipe du film :
Pour cette aventure, il s'entoure de la crème de la crème : Nicole Kidman, James Corden, Kerry Washington, Andrew Rannells, Keegan-Michael Key, mais aussi Meryl Streep - trois Oscars au compteur. "Je suis la plus âgée du casting et c'est moi qui danse le plus, ce qui n'a aucun sens, s'amuse l'actrice. J'étais terrifiée par Ryan Murphy, en partie à cause de la série American Horror Story. Mais je savais qu'il avait un œil tranchant pour ce qui était vrai."
La star américaine explique qu'elle ne s'attendait pas à ce que le réalisateur mette autant de cœur à l'ouvrage : "Il essaye de capturer l'authenticité, la vérité dans cette histoire. Il y va à fond et on avait vraiment besoin de ça, surtout à cette période de notre histoire." Si l'expérience était plaisante, elle n'était pas de tout repos. Qui dit comédie musicale dit aussi danse et donc... répétitions acharnées. "Je me suis entraînée pendant six semaines pour les chorégraphies, précise Nicole Kidman. J'avais peur, mais j'étais accompagnée par un super groupe de danseurs."
Il y a eu des blessures dans de la glace
Même le chef d'orchestre, Ryan Murphy, l'admet : "Nous nous sommes entraînés le plus possible. C'est l'une des meilleures choses lorsque l'on prépare un musical. Il y a eu des blessures dans de la glace, mais c'est une expérience qui nous a rapproché." Au total, le film contient dix-sept chansons et presque autant de numéros. "Je ne suis pas une danseuse dans ma vie personnelle, reconnaît Meryl Streep. Mais c’est l'aspect le plus libérateur du musical. C'est irrésistible. Lorsque vous commencez à danser, vous lâchez prise."
Un pas de plus pour la représentation
Au-delà de ces talents reconnus, le film compte deux révélations : Ariana DeBose - prochainement à l'affiche du West Side Story de Steven Spielberg - et Jo Ellen Pellman, qui signe son premier grand rôle. James Corden ne tarit pas d'éloges sur cette dernière. "Je suis témoin de la naissance d'une carrière, se réjouit-il. Elle m'a cloué au sol. J'ai été impressionné dans toutes les scènes que je partageais avec elle."
C'est à travers l'arc narratif de ces deux héroïnes que Ryan Murphy livre un message des plus inspirants. Comme dans toutes ses œuvres, il célèbre les opprimés et honore la représentation des personnages LGBT à l'écran, qui ont pour habitude d'être oubliés, quand ils ne sont pas caricaturés. Le cas de The Prom est d'autant plus important qu'il s'agit d'un divertissement grand public. Pour Meryl Streep, ce film n'a pas été conçu comme "un remède". Il apporte, néanmoins, suffisamment de positivité pour finir 2020 sur une bonne note.
Découvrez la bande-annonce de "The Prom" :
Et la bande originale du film :
