ÇA PARLE DE QUOI ?
Russie, 2017. Mathieu Roussel est arrêté et incarcéré sous les yeux de sa fille. Expatrié français, il est victime d’un "kompromat", de faux documents compromettants utilisés par les services secrets russes pour nuire à un ennemi de l’Etat. Menacé d’une peine de prison à vie, il ne lui reste qu’une option : s’évader, et rejoindre la France par ses propres moyens…
Kompromat de Jérôme Salle - Avec Gilles Lellouche, Joanna Kulig… - En Blu-ray, DVD et VOD, à l’achat et en location.
L'AUTRE FUGITIF
On aurait pu penser que L'Odyssée marquait un tournant dans sa carrière, un changement de cap. Mais ce biopic consacré au Commandant Cousteau (joué par Lambert Wilson) n'était en fait qu'une parenthèse pour Jérôme Salle. Avec Kompromat, le réalisateur français revient à son genre de prédilection : le thriller. Un registre auquel il se frotte pour la cinquième fois en six longs métrages. Sans se répéter ni rester dans le même lieu.
Après Hong Kong (Largo Winch) ou l'Afrique du Sud (Zulu), le voici donc en Russie le temps d'un récit qui se téléscope avec l'actualité récente. Pour la deuxième fois de l'année, puisqu'on lui doit également les deux premiers épisodes de la série d'espionnage Totems, qui se déroule pendant la Guerre Froide et qu'Amazon Prime Video a mise en ligne après le début de l'invasion de l'Ukraine.
Pour autant, Kompromat n'est pas une plongée dans les coulisses des services secrets russes. Ni une dénonciation des conditions carcérales locales, ou de la désinformation qui règne à notre époque et qui vaut à Mathieu Roussel (Gilles Lellouche) de se retrouver dans une situation à priori inextricable. Ces sujets sont bien sûrs évoqués, mais brièvement. Car ce qui intéresse de le metteur en scène, c'est avant tout la course-poursuite dans laquelle il nous plonge avec son héros, sans vraiment nous laisser le temps de respirer.
SND
Il y a quand même des pauses, bien sûr, et notamment lors des échanges entre Mathieu et l'une de ses rares alliées, Svetlana, jouée par Joanna Kulig, la révélation de Cold War. Mais Jérôme Salle profite des autres séquences pour confirmer son savoir-faire en la matière avec ce film qui rappelle Le Fugitif et s'inspire d'une histoire vraie : celle de Yoann Barbereau, ancien directeur de l'Alliance française d'Irkoutsk, arrêté et emprisonné en 2015 après avoir été victime d'un kompromat (qui signifie "dossier compromettant") l'accusant de pédophilie, avant de s'évader, point de départ d'une fuite qui durera deux ans.
Des faits dont Jérôme Salle et son coscénariste, l'écrivain Caryl Ferey (dont le cinéaste avait adapté le roman Zulu il y a moins de dix ans), se sont très librement inspirés, à tel point que le livre de Yoann Barbereau, "Dans les geôles de Sibérie", n'est pas mentionné au générique. Tourné en Lituanie et en France, Kompromat rappelle à quel point le cinéma hexagonal peut ne rien avoir à envier aux Américains sur certains genres. Et il permettra de rendre la rentrée un peu plus intense encore.
